Délinquant, homme d’affaires, magnat des médias, mercenaire et mutin repenti, l’associé de l’ombre de Vladimir Poutine a été tué dans le crash de son avion, le 23 août. Seneweb évoque cinq choses à savoir sur Evgueni Prigojine, défunt patron de la milice Wagner.
« C’était un homme au destin compliqué, qui a commis de graves erreurs dans sa vie, mais qui obtenait les résultats qu’il fallait ». Ainsi a réagi le président russe Vladimir Poutine, qui a présentait, ce jeudi, ses « sincères condoléances » aux familles des victimes de ce crash survenu la veille.
Mercenaire en chef
Crâne rasé et regard perçant, Evgueni Prigojine, 61 ans, a admis en juillet dernier être le fondateur du groupe paramilitaire Wagner, bras armé du Kremlin dans de nombreux conflits, notamment en Syrie, en Libye ou encore au Mali. Figurant parmi les figures les plus troubles du système poutinien, il a connu une notoriété mondiale en 2022, en impliquant son groupe paramilitaire dans la guerre en Ukraine menée par la Russie. Recrutant principalement ses hommes dans les prisons russes, ce sont ses mercenaires qui ont pris la ville de Bakhmout, dans l'est du pays, après d'intenses semaines de combats.
Evgueni Prigojine est ainsi devenu en quelques mois une pièce essentielle en soutien de l’armée russe.
« Un coup de poignard dans le dos », dénonçait Vladimir Poutine, qui réagissait à la mutinerie de juin dernier, dénonçant par la même occasion « une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels » du patron de Wagner.
Critique féroce de la stratégie militaire russe en Ukraine, Prigojine échappera, toutefois, à toute poursuite judiciaire, avait promis le Kremlin, quelques heures après l’ouverture d’une enquête visant le chef des mercenaires pour « appel à la mutinerie ».
Condamné pour incitation de mineurs à la prostitution
Comme Vladimir Poutine, Evgueni Prigojine est né à Saint Petersburg (Leningrad à l’époque). Fils d’un ingénieur des mines, il se destine à une carrière de skieur professionnel avant d’être condamné à une peine de prison pour vol en 1979, à l’âge de 18 ans. S’il s’en tire d’abord avec un sursis, il finira par écoper de 12 ans de prison en 1981 pour « brigandage, escroquerie et incitation de mineurs à la prostitution ». Gracié, il est finalement libéré en 1990, et entame des études en pharmacie. « Evguéni Prigogine est ce qu’on appelle un dur », rappelait le correspondant de RTL à Moscou Felix Grasso, parlant de l’« héritage sans doute des dix années qu’il a passées en prison pour braquages dans les années 1990. Il en a gardé les codes qu’il pratique lorsqu’il s’agit de recruter des prisonniers pour sa milice privée en manque de bras en Ukraine ».
Homme d'affaires influent
Alors que la chute de l’USRR ouvre le monde russe au mode de vie occidental, Evgueni Prigojine ouvre un fast-food spécialisé dans les hot-dogs, qu’il transforme vite en chaîne grâce à laquelle il bâtit sa fortune. En 2001, il fonde l’un des restaurants les plus chics de Saint Petersburg, le New Island. Sur ce bateau transformé en cuisine, il sert notamment Jacques Chirac en 2001 ou encore George W. Bush en 2002.
Prigojine est accusé d’être derrière au moins une « usine à trolls » qui a participé aux efforts d’ingérence dans la Présidentielle américaine de 2016 qui avait vu la victoire de Donald Trump. Une campagne sur les réseaux sociaux orchestrée par plusieurs de ses entreprises visait, selon la justice américaine, à promouvoir la candidature du républicain contre celle de son opposante Hillary Clinton. Depuis, l'homme d'affaires est sous le coup de sanctions du département du Trésor des États-Unis.
Cuisinier de Poutine
Devenu cuisinier des puissants, Prigojine tisse des liens avec le pouvoir russe. Sa société de restauration approvisionne ainsi le Kremlin pendant de longues années. En décembre 2016, il est reçu par Vladimir Poutine pour une cérémonie en hommage aux « héros » de Syrie. C’est là qu’il est pris en photo avec le président russe.
Patron de médias russes
Evgueni Prigojine était également un magnat des médias. « J’annonce notre décision de fermer et de quitter l'espace d'information du pays », a déclaré sans plus d’explications le directeur de l'agence de presse RIA FAN, Evgueni Zoubarev, dans un clip vidéo publié le 1er juillet 2023 sur les réseaux sociaux, quelques jours après la mutinerie contre Vladimir Poutine.
Créée en 2014, RIA FAN faisait partie de Patriot Media Group, l’organe de presse russe contrôlé par le dirigeant du groupe Wagner, Evgueni Prigojine. Deux jours plus tôt, le quotidien économique russe « Kommersant » dévoilait que Roskomnadzor, le régulateur – et censeur en chef – des médias en Russie avait bloqué l’accès aux entités liées à Evgueni Prigojine.
Selon le média russe « Rotonda », l’Internet Research Agency, la « ferme à trolls » créée par Evgueni Prigojine a également été contrainte de baisser le rideau.
Ladite agence constituait le navire amiral de Patriot Media Group (dissous par la même occasion par Evgueni Prigojine). Elle était connue pour ses prises de position pro-Kremlin, pro-guerre en Ukraine et – logiquement – pro-Wagner, le groupe paramilitaire privé créé en 2014 et dont l'avenir est également incertain.
1 Commentaires
Reply_author
En Août, 2023 (17:54 PM)Participer à la Discussion