La France, qui est à un "point de bascule", doit sonner la "mobilisation générale" contre les trafics de drogues, a estimé vendredi son ministre de l'Intérieur, après deux fusillades qui ont fait plusieurs blessés graves.
La France a "le choix entre la mobilisation générale ou alors la mexicanisation du pays", a mis en garde Bruno Retailleau sur BFMTV/RMC.
Ses déclarations interviennent après une fusillade jeudi soir devant un restaurant à Poitiers (ouest), qui a fait cinq blessés graves. Tandis que près de Valence (sud-est) un homme d'une vingtaine années est entre la vie et la mort après avoir reçu dans la nuit une balle dans la tête devant une discothèque. Des faits liés au trafic de drogue, selon la police.
Une semaine plus tôt, un garçon de cinq ans avait lui aussi reçu une balle dans la tête, à Pacé, près de Rennes (ouest), alors qu'il se trouvait dans la voiture de son père qui tentait d'échapper à des trafiquants.
L'enfant est toujours entre la vie et la mort, a dit vendredi le ministre. "L'enquête avance", a-t-il ajouté, promettant des renforts "le temps qu'il faudra".
M. Retailleau s'est rendu vendredi après-midi dans un quartier de Rennes, théâtre de plusieurs règlements de comptes récents.
"Ces fusillades, ça ne se passe pas en Amérique du Sud, ça se passe à Rennes, à Poitiers (...). On est à un point de bascule", avait-il jugé plus tôt.
Certains Etats du Mexique, où sévissent les cartels de Sinaloa et de Jalisco Nueva Generación, sont gangrénés depuis des années par les trafics et les règlements de comptes.
En Amérique du sud, la Colombie, pays producteur de cocaïne, et plus récemment l'Equateur, sont eux aussi touchés. Ainsi qu'en Europe des pays d'entrée des drogues, en particulier les Pays-Bas.
- "Briser l'écosystème" -
L'épisode de Poitiers "a commencé par une fusillade devant un restaurant et ça s'est achevé par une rixe entre bandes rivales", a expliqué M. Retailleau.
De "40 à 60" personnes seraient impliquées dans la rixe, selon une source policière.
Lors de la fusillade, un adolescent de 15 ans a reçu une balle dans la tête. Il se trouve entre la vie et la mort, a indiqué une autre source policière, précisant que deux jeunes de 16 ans faisaient aussi partie des blessés graves.
Des renforts devaient être "déployés" vendredi sur place, a écrit sur X le préfet du département.
Ministre de l'Intérieur depuis le 21 septembre, M. Retailleau plaide pour que la lutte contre le narcotrafic devienne "une cause nationale", et pour des dispositifs similaires à ceux mis en place contre le terrorisme.
Précédemment, au Sénat, chambre basse du Parlement français, il avait été à l'origine d'une commission d'enquête sur le sujet.
Il souhaite que le gouvernement reprenne des propositions de cette commission, comme la création d'un statut du repenti ou celle d'un parquet national dédié.
"Nous allons mettre en place une +task force+ pour briser l'écosystème" des trafics de drogues, a-t-il dit vendredi, en insistant sur l'importance d'une "stratégie globale".
Les trafics de drogues génèrent en France un chiffre d'affaires de trois à six milliards d'euros, selon les estimations de la commission du Sénat.
Vendredi prochain, M. Retailleau doit se rendre avec son collègue de la Justice Didier Migaud à Marseille (sud), où ils doivent annoncer plusieurs mesures.
La métropole marseillaise est le théâtre des plus nombreux et meurtriers règlements de comptes liés au narcotrafic du pays, avec l'implication de jeunes de 14-15 ans comme tueurs à gages.
A tel point qu'y a été forgé le terme de "narchomicides", en 2023 par la procureure locale.
5 Commentaires
Gere
il y a 2 semaines (17:04 PM)Reply_author
il y a 2 semaines (20:09 PM)Finie ? Alors le Sénégal, l'Espagne, l'Iran, la Russie, l'Algérie, etc sont où si la France est finie ? La France où je vis depuis 7 ans reste de loin un des pays les plus avancés au monde et un des rares à garantir un minimum d'égalité entre ses citoyens. .
@bebert.camembert
* 2 juillet 2024
Depuis 2019 la France est championne d’Europe en matière d’investissements directs étrangers (IDE). Les investissements directs étrangers renforcent-ils ou affaiblissent-ils le tissu économique français ? Comment cette performance s’explique-t-elle compte tenu des défis macroéconomiques qui persistent en France ?
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