Un Sénégalais, Mouhamed Basse, va parler au nom des populations

Suisse d’origine sénégalaise, Mouhamed Basse vit dans le canton de Neuchâtel depuis 18 ans. Marié et père de deux enfants, il enseigne aujourd’hui la physique au Gymnase de Bienne.

Parallèlement à ses activités dans de nombreuses associations, Mouhamed Basse oeuvre en faveur de l’intégration des footballeurs africains qui viennent jouer à Neuchâtel-Xamax. C’est lui qui s’exprime, aujourd’hui, au Sénat, en tant que représentant des populations, à l’occasion des festivités du 1er mars, indique le site officiel de la ville de Neuchâtel.

Cette prestation va sonner comme une consécration, voire un exemple d’intégration réussie pour cet homme qui, ironie du sort, est arrivé à Neuchâtel le 1er mars 1988 via Paris. À l’époque, se souvient-t-il, « j’étais confronté aux rigueurs de l’hiver, j’avais des frissons et j’avais peur. Je n’avais jamais vu de neige ailleurs qu’à la télévision ». Il s’est demandé s’il allait pouvoir supporter un tel temps. N’empêche, il a poursuivi son voyage jusqu’à la Chaux-de-Fonds, pour rejoindre son frère.

Pris dans une sorte de « dépression », Mouhamed Basse avait pourtant envie de revenir au Sénégal. Mais ses parents le convainquent de rester afin de terminer ses études. Une fois celles-ci terminées, Basse, qui ne pense pas s’établir en Suisse, rencontre son épouse qui le convainc de rester.

« J’ai cependant longtemps hésité, j’étais très partagé, dit-il. Quelque part, j’avais l’impression de trahir ma famille en restant en Suisse. Mes parents ont finalement accepté ma décision de m’établir définitivement à Neuchâtel ».

Comme étudiant, il a très vite voulu se prendre en charge financièrement. Il donne dans un premier temps des cours de soutien en mathématiques. Ce qui lui a permis d’entrer en contact avec des Neuchâtelois. Il travaille ensuite à la pompe à essence, développant de très bons contacts avec la clientèle. Ayant la chance d’habiter à la Cité universitaire, il s’intègre facilement au contact des gens de tous horizons, suisses ou étrangers.

« J’ai le sentiment qu’en tant qu’immigré, il faut en faire toujours plus que les autres », analyse-t-il. Il relève qu’il a eu « beaucoup de chance ». En effet, Mouhamed Basse ne se rappelle pas avoir été l’objet de remarques racistes. Mais il a souvent eu l’impression que les gens le regardaient bizarrement, « en se demandant, certainement ce qu’il faisait en Suisse ».

Aujourd’hui, Mouhamed Basse revient régulièrement au Sénégal, « tous les 12 à 18 mois », avec sa femme et ses deux fils. Il estime qu’il est important de faire voir à ses enfants nés à Neuchâtel qu’ils ont une double culture et qu’ils connaissent la famille. Cette intégration quasi-parfaite ne lui fait pas oublier pour autant qu’il est « d’abord Sénégalais avant d’être Neuchâtelois ». « Quand on me croise dans la rue, rien ne me distingue de l’immigré fraîchement débarqué. Dans mon for intérieur, je me considère comme un immigré qui a pu s’intégrer sans difficulté. Neuchâtel est ma seconde patrie », dit-il.