Début août, Mamadou Ibra Kane annonçait la suspension de publication des journaux sportifs « Stades » et « Sunu Lamb ». Depuis, ces journaux créés respectivement en 2003 et 2004 ont disparu des étals des vendeurs de journaux. Avec cette fermeture « ce sont malheureusement 20 journalistes et techniciens des médias qui ont perdu leurs emplois depuis le 31 juillet 2024 » selon le directeur de publication des quotidiens cités. Ces évènements arrivent dans un contexte où le secteur fait face à une pression multiforme sur les entreprises de presse : environnement économique morose et pressions fiscales. Sur la question de l’environnement économique, les apprenants en journalisme, suivent de très près la situation des entreprises de presse sénégalaises.
Interrogés sur la question, nombreux d’entre eux sont inquiets de leur avenir professionnel. En effet, l’exercice du métier de journalisme se révèle plein de désillusions pour ces futurs entrants dans la profession au point que certains, comme Khoudia Diop, regrettent déjà leur choix de la filière. L’étudiante en licence 3 à L'Enseignement Supérieur de la Gestion des Finances et de L’Administration (Ensup Afrique) se dit désabusée : « Je regrette parce que la façon dont le journalisme s’effectue au Sénégal n’est pas si professionnel que ça par rapport aux autres pays ». Sokhna Aminata Diop abonde dans le même sens. « Cette crise m’a fait regretter d’avoir choisi le journalisme. Je vois des connaissances qui exercent déjà et me racontent leur calvaire. Je ne veux même pas durer dans la pratique du journalisme. Ce que je vois avec la presse sénégalaise ne donne envie à personne de devenir journaliste », dit l’étudiante qui prépare son mémoire au Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI).
Les jeunes journalistes, souvent, sont les plus affectés par le climat de « précarité » dans lequel surfent les médias sénégalais. Entre rémunérations insuffisantes, irrégularités de paiement des salaires, difficiles conditions de travail, certains jeunes journalistes vivent le calvaire dans les différentes rédactions. Selon un rapport de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS), plus de 54% des jeunes journalistes ne reçoivent pas leurs salaires avant le 8 du mois, 18,5% de ces salaires sont en deçà de 75 000 Franc cfa et 34,4% des reporters font plus de 10 heures de travail par jour alors que le nombre d’heures de travail légal au Sénégal est de 8h par jour.
Pour Sokhna Aminata Diop, “on aurait dû dépasser cette étape en 2024”. “C'est dommage et désolant ce que vivent les entreprises de presse, poursuit-elle. Parce qu’on le dise ou pas, elles sont dans un grand trou et je ne suis pas sûre qu’elles s’en sortiront. Et malheureusement, ce problème va se répercuter sur les jeunes reporters. Pendant que ceux qui sont en haut de l’échelle (les patrons de presse) vivent la belle vie”. D’ailleurs, Khoudia Diop, pour sa part, estime que ces entreprises doivent « respecter ce que le gouvernement leur impose d’autant plus qu’elles ne mettent pas leurs employés dans de bonnes conditions de travail ».
« Une passion et non un moyen pour s’enrichir »
Malgré la situation, certains apprenants ne découragent pas. Balla Moussa Camara est inscrit à l’École Supérieure de Journalisme, des métiers de l’Internet et de la Communication (E-Jicom). Cet étudiant en 3ème année est passionné par ce métier malgré ces nombreuses difficultés. « Ce problème ne me fait pas regretter d'avoir choisi le journalisme. Être journaliste est d'abord un choix, une passion et non un moyen pour s’enrichir », dit M. Camara qui de surcroît déclare que « tout journaliste ou tout apprenti journaliste qui regrette d'avoir choisi le métier à cause de ce problème n'est qu'un touriste ».
Souriante, Ndiémé Faye, la vingtaine, est fraîchement diplômée du CESTI. La débutante est “plus que déterminée à exercer ce noble et passionnant métier”. Cette crise “ne lui fait pas peur”. Cependant, ajoute-t-elle, les journalistes et entreprises de presse doivent “s'adapter en se spécialisant dans différents domaines et surtout en investissant sur le digital”.
En effet, pour ces jeunes “il est donc important de comprendre les outils digitaux qui peuvent permettre de pouvoir informer juste et vrai”, affirme l’étudiant d’E-Jicom qui par ailleurs évoque le journalisme indépendant comme solution pour sortir de cette crise du secteur de presse sénégalaise.
6 Commentaires
maitenant tout le monde peut donner des infos à chaud.
Burkina: lundi 26 août, ce sont des femmes qui ont creusé les tombes. Comme la veille. « Il ne reste presque plus qu’elles dans le village. Quasiment tous les hommes ont été tués ou blessés », raconte une personne originaire de cette localité du Centre-Nord qui a perdu huit membres de sa famille samedi 24 août. Ce jour-là, Barsalogho a été le théâtre de l’attaque djihadiste la plus meurtrière de l’histoire du Burkina Faso.
En début de matinée, des dizaines d’assaillants ont mitraillé des centaines d’hommes qui étaient en train de creuser, sur injonction de la junte au pouvoir, une tranchée autour de leur village, censée les protéger des attaques devenues récurrentes. Deux vidéos tournées par les assaillants, visionnées par Le Monde, montrent des tas de corps d’hommes ensanglantés, gisant dans l’excavation, au milieu de pelles et de pioches abandonnées. Autour d’eux, des dizaines de djihadistes tirent. Certains exécutent à bout portant les hommes au sol qui tentaient de fuir.
Selon des sources sécuritaires, humanitaires et locales jointes par Le Monde, plusieurs centaines de civils ont été tués samedi dans cette attaque, revendiquée par le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida). Sur les extraits vidéos visionnés, qui ne montrent qu’un versant de la tranchée, on dénombre plus de 110 cadavres. Il y en aurait « au moins 400 », selon le Collectif justice pour Barsalgho (CJB), créé au lendemain du drame.
Reply_author
En Août, 2024 (12:22 PM)Anonyme
En Août, 2024 (12:26 PM)Xeme
En Août, 2024 (12:57 PM)En Inde, les protestations contre le viol et l’assassinat d’une médecin virent à l’affrontement physique
Les partisans du Bharatiya Janata Party (BJP), au pouvoir en Inde mais dans l’opposition au Bengale-Occidental, accusent Mamata Banerjee, cheffe du gouvernement de cet Etat et dirigeante d’All India Trinamool Congress (AITMC), de ne pas avoir su prévenir ce crime.
Information
En Août, 2024 (14:11 PM)Depuis 2017, plusieurs pays de la sous-région ont dû renforcer leurs lois pour protéger certaines espèces végétales menacées, en raison de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites). Cette situation a poussé les trafiquants à modifier leurs itinéraires pour acheminer leurs cargaisons illégales vers la Chine, évitant ainsi les nouvelles réglementations en utilisant les ports de pays qui tardent à se conformer aux règles.
Selon Haïdar El Ali, les trafiquants utilisent désormais des camions pour transporter illégalement leurs cargaisons du Sénégal vers le Mali. « Avant, les camions venus du Mali pour décharger leurs cargaisons au port de Dakar retournaient à vide. Maintenant, ces camions retournent charger de nos bois de rose et autres espèces végétales protégées. Donc le trafic continu », regrette-t-il. Par ailleurs, les résultats d'une enquête menée conjointement par un consortium de journalistes sénégalais en collaboration avec le Rainforest Journalism Fund et Pulitzer Center révèlent que les trafiquants opérant au Mali préfèrent aujourd'hui passer leurs cargaisons par le port de Nouakchott, en Mauritanie, à cause du renforcement de la réglementation au Sénégal. Pour mettre fin aux pillages systématiques des forêts, Cites a pris une mesure plus contraignante en 2022. Celle-ci interdit le commerce du bois de rose dans 16 pays de la sous-région.
Cependant, c'était sans compter sur le fait que les trafiquants sont mobiles et se déplacent d'un pays à l'autre pour satisfaire une demande qui ne tarit pas. Ils agissent désormais depuis d'autres pays de la sous-région, comme Alphonse K., un passeur basé à Kpeté-Béna, une petite localité du Togo près de la frontière avec le Ghana, dans la préfecture de Wawa, à environ 200 kilomètres de Lomé. « J'exerce ce métier depuis un temps maintenant, raconte-t-il. Pendant la nuit, on charge du bois en provenance du Ghana sur des pousse-pousse pour franchir la frontière entre le Ghana et le Togo. On cache les stocks de bois dans la brousse en attendant que les transporteurs viennent les recharger pour la destination finale », nous dévoile-t-il.
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