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C’est le 2 avril 2012 que le Président, Macky Sall, a prêté serment pour son premier mandat. Au moment de sa prise de fonction, et même durant la campagne électorale, il promettait des réformes institutionnelles et une politique de reddition des comptes. Après dix ans d’exercice du pouvoir, qu’en est-il ? Seneweb dresse le bilan politique des dix ans de Macky Sall.
Candidat inattendu à la présidentielle de 2012, l’ancien premier ministre, Macky Sall évincé du perchoir de l’assemblée nationale par la fameuse loi Sada Ndiaye, puis des rangs du Pds, crée la surprise. Arrivé deuxième au premier tour, il renverse finalement son ex-mentor Abdoulaye Wade au second tour et prend officiellement le pouvoir le 2 avril 2012 après avoir prêté serment et sacrifié, le même jour, à une passation de service empreinte d’émotions.
Si l’ex-maire de Fatick a pu déjouer les pronostics et coiffer au poteau de vieux routiers de la politique tels que Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng ou encore Idrissa Seck, c’est bien grâce à ses promesses de rupture politique. Et l’une des promesses phares, avant son élection, était la révision de la constitution pour réduire la durée (de 7 à 5 ans) et le nombre de mandat présidentiel (renouvelable une seule fois). Une question essentielle sur laquelle son prédécesseur s’est mis à dos tout le peuple sénégalais.
Le nouveau président de la République avait donc clairement saisi le message des Sénégalais qui demandaient une réforme institutionnelle pour mettre fin à l’hyper présidentialisme, source de tous les maux, de même que la reddition des comptes. Chantre de la rupture, il a, cependant, fait montre d’une certaine frilosité quant à la mise en œuvre de certaines réformes.
Sous la pression des ‘’assisards’’, celui qui avait signé avec réserves la charte de gouvernance démocratique des assises nationales, par décret n° 2013-730 du 28 mai 2013, crée la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), chargée, selon l’article premier dudit décret « de mener, selon une méthode inclusive et participative, la concertation nationale sur la réforme des institutions ; de formuler toutes propositions visant à améliorer le fonctionnement des institutions, à consolider la démocratie, à approfondir l’Etat de droit et à moderniser le régime politique ». L’article 3 du décret précise que : « les réformes proposées peuvent trouver leur traduction dans une modification de la Constitution, des lois organiques et des lois ordinaires ».
La ‘’rupture’’ proposée par la Cnri jeté à la poubelle
Drivé par le patriarche des assises nationales, Amadou Mahtar Mbow, la Cnri, après des mois de travaux, rend sa copie le 13 février 2014. C’est le début du clash puisque le président de la République qui chantait encore la rupture est très bien servi. En plus d’un avant-projet de constitution, Amadou Mahtar Mbow et Cie proposaient des réformes qui mettaient fin définitivement à l’hyper présidentialisme par la rationalisation des pouvoirs du Chef de l’Etat à travers une séparation nette entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Du côté du pouvoir, ça grogne. Et c’est le constitutionnaliste du président, Ismaïla Madior Fall qui est le premier à se signaler. Selon lui, la Cnri « est allée au-delà de son mandat. Elle a outrepassé ses attributions ».
« Le Sénégal n’est pas dans une situation de crise, de rupture ou de révolution nécessitant une refondation de l’Etat et de l’ordre constitutionnel. A cet égard, la volonté politique clairement exprimée par le président de la République est de changer la Constitution sans changer de Constitution, de changer la République- pour en consolider les acquis et en améliorer le fonctionnement- sans changer de République. Rien ne justifie donc le remplacement de la Constitution en vigueur par une nouvelle Constitution. (…) Il faut éviter que chaque Président ait sa Constitution car cela ne facilite pas la nécessaire dépersonnalisation de la Constitution et l’approfondissement de l’institutionnalisation du pouvoir », analysait-il.
Référendum de 2016, une réforme version light
La réforme proposée par la Cnri finit à la poubelle puisque le président de la République, Macky Sall, qui l’avait commandé, a décidé de prendre « dans son contenu ce qu’(il) jugerai(t) bon sans aucune contrainte ni délai ». Des propos que Ibrahima Sène juge « irrespectueux ». « Ce n’est pas à Macky Sall de décider de ce qui est bon et de ce qui est mauvais pour les Sénégalais », lance le responsable du parti de l’indépendance et du travail (Pit).
Malgré le débat passionné que cela a suscité au sein de Benno Bokk Yakaar, Macky Sall n’a pas varié dans sa position. Ainsi, le président qui s’est rétracté de sa promesse de réduire son mandat de 7 à 5 ans suite à l’avis du Conseil constitutionnel, proposera une modification constitutionnelle allégée lors du référendum du 20 mars 2016 où le « Oui » l’a emporté. 15 points de changement ont été introduits dans la constitution, parmi lesquels : la modernisation du rôle des partis politiques, le renforcement des droits de l’opposition et de son Chef, la restauration du quinquennat pour le mandat présidentiel ; la promotion de la gouvernance locale et du développement territorial. A signaler que depuis leur introduction, les points relatifs à « la modernisation du rôle des partis politiques, le renforcement des droits de l’opposition et de son Chef », tarde à se matérialiser.
3e mandat, « ni oui, ni non »
Point phare du référendum de 2016, le « verrouillage » du nombre de mandats refait débat. Ceci, depuis la réélection de Macky Sall pour un second mandat. Le président Sall qui se voulait clair lors de son premier mandat signalant qu’après 2019 il n’avait plus droit à un autre mandat, commence à entretenir le flou sur un probable 3e mandat.
Interpellé sur la question, lors d’un face à face avec la presse au palais de la République, le 31 décembre 2019, il déclare : « Ma réponse ne sera ni Oui, ni Non. La question est évoquée depuis plusieurs années, avant les élections et à la même époque l’année dernière. Et quelle que soit la réponse que j’y apporterai, le débat sur le mandat ne sera pas terminé », prétextant qu’une réponse tranchée de sa part aurait des répercussions sur son gouvernement et son entourage politique.
Reddition des comptes : la Crei mis en veilleuse, les corps de contrôle en léthargie
L’autre promesse de Macky Sall c’était la reddition des comptes après le supposé carnage qu’auraient subi les deniers publics sous Wade. Dès son installation au pouvoir, le nouveau régime active la traque aux biens mal acquis en réactivant la vieille Cour de répression de de l’enrichissement illicite (Crei). 23 pontes de l’ancien régime étaient dans le collimateur du procureur spécial, Alioune Ndao. La démarche a été saluée par la majorité des sénégalais. Mais au finish, seul Karim Wade a été jugé et condamné.
Les autres anciens ministres blacklistés par le procureur spécial, se sont rapprochés du nouveau régime. La Crei, quant à elle, est retournée dans son profond sommeil après l’éviction du procureur Alioune Ndao. La fameuse traque a été rangée aux oubliettes.
Quant au dispositif renforcé de lutte contre la corruption qui gangrène l’administration publique, il s’est aussi enrayé tout comme les corps de contrôle plongés dans une profonde léthargie. Créé en Décembre 2012, l’Office national de lutte contre la Fraude et Corruption (Ofnac) a débuté sa mission en trombe, sous la houlette de Nafi Ngom Keïta, avec un rapport explosif dans lequel des ministres et Directeurs généraux sont épinglés. Un rapport resté lettre morte (comme tous les autres d’ailleurs), qui a coûté à l'ancien Ige son poste de présidente de l’Ofnac. Sa remplaçante Seynabou Ndiaye Diakhaté déclare avoir « déposé plus d’une vingtaine de rapports d’enquête sur la table du procureur ».
S’agissant de la cour des comptes ses rapports 2015, 2016 et 2017 n’ont été publiés qu’en 2019. « Nous vous devons les rapports 2018, 2019, 2020 (et 2021) », confiait son Premier président, Mamadou Faye en novembre dernier, avouant dans la même veine qu’il « ne sert à rien de sortir des rapports au-delà des délais requis ».
Plusieurs autres rapports dorment « sous le coude » de Macky Sall.
25 Commentaires
Membre Apr
En Avril, 2022 (20:56 PM)Nous sommes prêts à nous battre contre quiconque essayera de faire échouer la promotion de l'APR
Kaf
En Avril, 2022 (21:32 PM)Kaf
En Avril, 2022 (21:35 PM)Kaf
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Kaf
En Avril, 2022 (21:52 PM)Kaf
En Avril, 2022 (22:02 PM)* 06 PBC les 08 programmes les plus innovants du Sénégal PRODAC - PUDC- PUMA - PPDC - PROMOUILLE - PROGRAMME de mobilisation des cités religieuses - bourses familles - ouvertures maladies universelle. BOU DOYOUL REK MA DOLI ay réalisations sou Président d'où massa djiekh yay soon rek bayi.
Khouly Mbaye
En Avril, 2022 (22:18 PM)Il a oublie si vite pourquoi les Senegalais l'ont elus apres les elections .... il a favorise la facilite et la mediocrite dans tous les dimensions.
NA DEEM, DEEMA DEEM.... les Senegalais sont tres fatigues avec son regime et son clan.
Ghost
En Avril, 2022 (00:09 AM)Lune
En Avril, 2022 (05:17 AM)Mackypro
En Avril, 2022 (05:24 AM)Serviteur
En Avril, 2022 (09:22 AM)Après dix ans de règne à la tête du gouvernement du Sénégal, le bilan du Président Macky Sall est apprécié par les Sénégalais. Un bilan décennal jugé positif par certains et négatif pour d’autres.Plusieurs infrastructures ont été réalisées par le président Macky Sall, un intérêt certes capital pour certains des citoyens sénégalais, contrairement à d'autres qui pensent que la gestion du Chef de l’État laisse à désirer du fait de l’injustice qui sévit dans le pays.
Serviteur
En Avril, 2022 (09:25 AM)Vertue
En Avril, 2022 (10:24 AM)Ba Mamadou
En Avril, 2022 (13:59 PM)Seule les ingrats fustigent ce bilan.
Véronique
En Avril, 2022 (14:33 PM)Idéaliste
En Avril, 2022 (20:20 PM)Vertue
En Avril, 2022 (20:25 PM)Touba La Geum
En Avril, 2022 (20:31 PM)Participer à la Discussion