A quelque 10 mois de la présidentielle de février 2024, Macky Sall continue d’être le maître du jeu politique où chacun gère désormais son propre agenda. Le chef de l’Etat, qui n’a pas encore livré une position claire à propos d’une éventuelle troisième et très polémique candidature, est parvenu quand même à diviser l’opposition, à la faveur d’un appel au dialogue lancé, il y a déjà un mois. Mais, il semble viser plus la coalition « Yewwi askan wi », dont Ousmane Sonko est la figure de proue. Y arrivera-t-il ?
Au cours d’une interview accordée à Pape Alé Niang, l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, a reconnu « l’ingéniosité politique » de l’actuel locataire du Palais. « Macky Sall est un génie politique », a notamment déclaré ce leader de Yewwi askan wi, indiquant être « disposé » à prendre part au dialogue politique annoncé par le chef de l’Etat en vue de participer à la présidentielle du 25 février 2024.
Interpellé sur son retour dans la course, le patron de Taxawu Sénégal a estimé que la voie à emprunter importe peu. « Amnistie ou modification de la loi [électorale], l’essentiel est que je sois candidat », a précisé M. Sall, condamné en 2018 à 5 ans de prison ferme dans le cadre d’une affaire détournement de derniers publics sur les fonds de la Caisse d’avance de la Ville de Dakar.
Quelques heures plus tard, son « allié » de la coalition Yewwi askan wi, Ousmane Sonko, dont le sort est suspendu à la décision de la Justice (dossiers contre Mame Mbaye Niang et Adji Sarr), a pris son contre-pied estimant que ces concertations ont pour finalité, de le « liquider » ou de l’« isoler ». A ce titre, le président du parti Pastef a invité les responsables de l’opposition à éviter d’être distraits par cette main tendue de Macky Sall qu’il ne trouve pas sincère.
Pour dire donc que l’appel au dialogue lancé lors du discours à la nation du 3 avril dernier et réitéré à l’occasion de la fête de Korité continue de faire débat au Sénégal. Moyen d’apaiser les tensions et de permettre une élection ouverte ? Rien n’est encore clair. Très mal en point avec la mise sur pied de la nouvelle plateforme anti-troisième mandat « des forces vives de la Nation F24 » regroupant plus d’une centaine de partis et d’organisations de la société civile, le leader de l’Alliance pour la République (Apr) semble bien abattre ses cartes.
Khalifa Sall et Barthélémy Dias dans la poche ?
Au-delà de l’opposition, déjà divisée, il compte fragiliser la principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, qui a étendu ses tentacules à l’intérieur du pays, comme l’ont démontré les résultats issus des dernières élections territoriales et législatives de 2022.
En effet, dans le cadre du Forum mondial sur l’économie sociale qui se tient à Dakar, Macky Sall est revenu ce jeudi, à la charge. Dans des clichés devenus viraux sur les réseaux sociaux, l’on aperçoit le président de la République faire une accolade chaleureuse à Khalifa Sall en présence de Soham Wardini. Ce n’est pas tout, dans son discours, il a « tenu tout spécialement à remercier et à féliciter » l’actuel maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, par ailleurs proche d’Ousmane Sonko. « Barthélémy mingui doxaal dé, (il travaille bien, en langue wolof). C’est bien. Bravo », a-t-il laissé entendre d’un ton taquin, sous les applaudissements des soutiens de M. Dias. Ce message peut-il être conçu comme un appel du pied ?
D'autres membres de l’opposition comme And-Jef/PADS et le mouvement « Nekal Fi Askan Wi » et membre de la coalition Wallu Sénégal ne sont pas du même avis que ceux cités ci-dessus. Mamadou Diop Decroix et Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly ont décidé de répondre à l’appel du président Macky Sall.
« Que toutes les parties s’asseyent et discutent. Au lendemain, il est plus courageux de se faire face et de parler que de s’invectiver à distance. Nul n’a besoin de cette atmosphère délétère qui sape à terme les bases même de la paix civile et de la stabilité du pays », a déclaré Decroix.
Quant au président du groupe parlementaire Liberté-Démocratie, il est d'avis que : « Si le président de la République invite à dialoguer sur les enjeux du pays dans un contexte politique et social difficile, je pense que nous devons répondre favorablement ».
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) et Rewmi d’Idrissa Seck, -qui a récemment signé son retour dans l’opposition-, ont tous manifesté leur accord pour ce dialogue.
A noter également qu’au sein de Yewwi Askan wi, certains leaders comme Habib Sy, Malick Gackou, n’ont pas encore donné publiquement leur position. D’autres, à l’image du Dr Babacar Diop, maire de Thiès, sont favorables à ce dialogue, même s’ils ont posé des conditions.
Sur les risques d’une implosion de Yaw avec l’ambition de chaque membre d’être candidat en 2024, Khalifa Sall voit le verre à moitié plein. «Yewwi askan wi, c’est du solide avec un degré de complicité unique entre leaders respectables. La pluralité des candidatures est une formidable opportunité pour brasser large et on doit brasser large », a indiqué Khalifa Sall. Une déclaration qui ne rassure pas, notamment du côté de Pastef, où beaucoup prédisent déjà une « fracture » qui risque d’être fatale.
16 Commentaires
Sonko, Déthié, Gackou, Pur, Khalifa et autres ont le droit de porté la candidature de leurs partis. Ils seront des adversaires... C'est la politique, c'est comme ça.
Yewwi dee na
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En Mai, 2023 (16:08 PM)Kéx-kéx ma réé.
Karim$
En Mai, 2023 (16:15 PM)Reply_author
En Mai, 2023 (16:16 PM)Reply_author
En Mai, 2023 (16:24 PM)Donc pas de soucis sur ce plan là. ceux qui veulent aller au dialogue sont libres d'y aller et ceux qui ne veulent pas y participer sont aussi la littitude de ne pas y aller.
l'essentiel c'est de de savoir les intérets des sénégalais et de pas se laisser distraire par le président qui chercherait à les divisier et surtiut éviter de tomber dans ce piège consistant à aller dialoguer pour une 3ème candidature du président sortant qui n'en a pas droit.
Il faut demeurer exigeant et vigilant sur cet aspect fondamental que la majorité des sénégalais exigent au sein de la plateforme F24. Il faut aussi que tous les candidats puiisent etre eliigibles en 2024 à l'exception du président sortant qui termine son deuxiéme mandat à la tete du pays.
Khalifa
En Mai, 2023 (16:06 PM)Vive Macky Sall
En Mai, 2023 (16:07 PM)Yewwi Déé Naaa Soul Leen Ko
En Mai, 2023 (16:09 PM)Vous avez bien compris en écrivant que "chacun gère son propre agenda".
Senegal Rek
En Mai, 2023 (17:10 PM)il n'est rien
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En Mai, 2023 (17:51 PM)Mouhamed
En Mai, 2023 (00:38 AM)Youssoufa
En Mai, 2023 (00:40 AM)Sitheh
En Mai, 2023 (00:42 AM)Hanina Maly
En Mai, 2023 (00:42 AM)Participer à la Discussion