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Politique

Moustapha NIASSE, secrétaire général de l'Afp : ‘On en a assez des mensonges publics au Sénégal’

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Moustapha NIASSE, secrétaire général de l'Afp : ‘On en a assez des mensonges publics au Sénégal’

Malgré cinq heures de réunion avec les responsables de l’Afp en France, les correspondants de la presse sénégalaise à Paris ont fait le pied de grue pour recueillir les impressions de l’ancien Premier ministre, Moustapha Niasse, par rapport aux déclarations qui insinuent d’éventuelles négociations entre lui et le président Wade. A la fin de la réunion qui s’est terminée tard dans la nuit, le secrétaire général de l’Afp n’a pas mâché ses mots. ‘On en a assez des mensonges publics au Sénégal’, assène l’enfant de Keur Madiabel. Mais, d'abord le leader de l'Afp a réafirmé l'attachement de son parti par rapport à la candidature unique.

Wal fadjri : Vous venez de tenir une réunion de travail avec les représentants des différentes sections de l'Afp en France. Pouvez-vous nous faire l'économie de cette rencontre ?

Moustapha Niasse : L'Afp est un parti qui s'organise sur un modèle méthodologique et méthodique qui doit permettre toujours d'écouter les militants et responsables du parti. Cette réunion n'est pas seulement une réunion avec les militants du parti, mais avec la direction du parti en France. Il y avait les sections de l'intérieur de la France qui étaient là. Elles sont venues rejoindre la section de Paris. Et c'est tout cet ensemble qui constitue la délégation du parti en France. C'est pourquoi il y avait une vingtaine de personnes avec qui nous avons discuté pendant cinq heures. Cela veut dire que nous avons fait un travail sérieux, qui a concerné surtout l'approche des élections à venir, au niveau des sections de la France en ce qui concerne la participation de l'Afp aux élections qui vont se tenir le 25 février 2007.

Wal fadjri : Pouvez-vous être plus explicite sur les différents points abordés avec vos camarades ?

Moustapha Niasse : C'est ce mardi 12 décembre (aujourd’hui : Ndlr) que la Cpa va se prononcer définitivement sur la question concernant le choix entre une candidature unique pour la présidentielle, une liste unique pour les législatives et un programme commun que nous avons présenté ; ou l'autre formule proposée par certains partis concernant la pluralité des candidatures au premier tour de l'élection présidentielle, avec en aval une liste unique pour les législatives. Ces questions-là sont en discussion approfondies depuis plusieurs semaines et c'est mardi (aujourd'hui : Ndlr) qu'on saura finalement quelle décision va être prise. Et en fonction de la décision qui sera prise, que fera l'opposition ? Nous en avons discuté.

Wal fadjri : En France il y a un peu moins de 30 000 Sénégalais inscrits sur les listes. On peut imaginer que vous avez donné des recommandations à vos militants sur comment faire pour gagner en Hexagone.

Moustapha Niasse : Nous savons qu'il y a plus de 28 000 Sénégalais qui se sont inscrits sur les listes électorales en France. D'abord, je dis en passant que c'est parce que les inscriptions ont été mal organisées, qu'il y a eu beaucoup de blocages, beaucoup de sabotages de la part de l'administration sénégalaise, Le chiffre serait doublé ou triplé. Les Sénégalais ont été empêchés parce que le pouvoir a peur qu'il ait beaucoup de votants. Mais, ça viendra d'une manière ou d'une autre. Ensuite, il est évident que lorsqu’on tient une réunion comme celle-ci avec la direction du parti en France, on parle forcément de stratégies, tout ce qui concerne la gestion avant, pendant et après le scrutin, de l'ensemble des mesures qui marquent cette distance-là, cette courbe-là, a été évoqué. Malheureusement, on ne parle pas de stratégie sur la place publique. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous dire ce que nous avons décidé de faire ici en France parce que ça c'est la stratégie du parti. Ce n'est pas un secret défense, mais, enfin, il ne faut pas que les camarades de Bordeaux, de Lille, de Tourcoing, de Marseille, d’Aix-en-provence, de Bezons, de Lyon, du Havre, de Rouen et autres qui sont venus ici, avant qu'ils n'aillent rendre compte à leurs bases, que par Internet, les militants apprennent ce que nous avons décidé ici. C'est ce que j'évite, par respect à nos militants qui les ont délégués. Mais, nous avons mis en place tous les éléments de stratégie nécessaires pour que l'Afp, si elle va comme nous le souhaitons avec l'ensemble des partis membres de l'opposition, que tous ces partis de la coalition, puissent battre la coalition du Pds le 25 février 2007.

Wal fadjri : Au niveau de l'Afp, quelle est la formule que vous privilégiez en ce qui concerne les alliances pour les élections présidentielle et législatives ?

Moustapha Niasse : Depuis cinq ans, le Cpc, puis à la suite du Cpc, la Cpa, l'un et l'autre avaient dit que nous allons à l'élection présidentielle avec une candidature unique quelle qu'elle soit, pour élaborer ensemble une liste unique de candidats titulaires et suppléants à proposer au peuple pour l'Assemblée nationale à partir et autour du programme unique sur lequel nous avons travaillé ensemble depuis cinq ans. Donc, la position de l'Afp est celle qui a été rendue publique par les instances de l'Afp et par Monsieur Madieyna Diouf qui a siégé au niveau de la Cpa ces semaines où j'étais allé poser l'acte final qui mettait fin au processus de paix en République Démocratique du Congo (Rdc). Donc, notre position est celle-ci : l'Afp reste fidèle à la position sur laquelle nous nous sommes battus depuis cinq ans, à savoir une candidature unique pour la présidence de la République quelle qu'elle soit. L'essentiel c'est qu'elle soit la candidature que portera un des leaders des dix-neuf partis membres de la Cpa. Quel que soit ce monsieur ou cette dame ! A ce moment-là, il y aura la liste unique pour les législatives autour du programme unique pour le scrutin qui se tiendra le même jour, le 25 février 2007, au Sénégal.

Wal fadjri : On sait qu'au niveau de la Cpa deux tendances s'opposent sur le mode opératoire de cette présidentielle : l'une pour une pluralité des candidatures et l'autre pour une candidature unique. Si c'est la première formule qui est retenue ce mardi, allez-vous vous soumettre à cette décision ?

Moustapha Niasse : Nous n'avons pris aucune décision. Parce qu'en politique, il faut savoir anticiper, gérer les perspectives. C'est la raison pour laquelle, en tant que démocrate, nous voulons attendre que la décision définitive soit prise, ou que nous ayons une orientation claire sur la question, pour que les instances du parti se prononcent. Il ne faut donc pas anticiper négativement aujourd'hui (avant-hier) et dire si la décision est celle-ci voilà ce que nous ferons, si l'on ne décide pas ça nous ferons le contraire. Le parti va réunir ses instances au niveau de son sommet pour prendre les décisions qui conviendront.

Wal fadjri : Vous privilégiez une candidature unique. Mais est-ce qu'un leader de votre envergure pourrait être amené à s'aligner derrière un autre candidat de l'opposition ?

Moustapha Niasse : Mais, je vous ai dit que quel qu'il soit, le candidat, ou quelle qu'elle soit la candidate. Je crois que ça c'est clair. Quel que soit le candidat unique que l'opposition désignera, nous devrons, qu'il s'agisse de moi ou un autre, tous ensemble nous aligner derrière lui ou derrière elle si c'est une femme. Voilà, la position de l'Afp. Mais, nous ne pouvons pas dire qui doit être ce candidat-là. Je crois que c'est très clair.

Wal fadjri : Le ministre de l’Environnement, Thierno Lô, a déclaré avoir été votre interlocuteur dans les négociations entre vous et le président Wade avant l'audience que ce dernier vous a accordée. Qu'en est-il ?

Moustapha Niasse : Je laisse à Thierno Lô la responsabilité de ses déclarations. C'est un garçon que je ne connaissais pas. Je ne l'ai reçu que lorsque Wade l'a envoyé auprès de moi, plusieurs fois. Je ne le connaissais pas, je ne l'avais jamais vu. Pourquoi irai-je choisir Thierno Lô que je ne connaissais pas alors que je connais plein de membres du cabinet de Wade ? Le Premier ministre de Wade est venu me rendre visite à la maison - cela a été annoncé dans la presse - si je devais négocier, est-ce que je ne négocierais pas avec lui ? Je connais Macky Sall. Thierno Lô, je l'ai vu pour la première fois quand il a demandé à me voir, en passant par un de mes amis, Serigne Mbacké. Moi Moustapha Niasse, et je le dis depuis trois ans, pour le restant de ma vie, je ne souhaite plus entendre le titre de ministre, fut-il celui de Premier ministre. Alors, il s'agit de voir si c'est à moi qu'il faut croire ou si c'est à Thierno Lô qu’il faut croire. Je dis pour le restant de ma vie, je ne souhaite plus - et je ne l’accepterai pas - entendre le titre de ministre ou de Premier ministre. Vous savez pourquoi ? C’est les jeunes de votre génération qui doivent occuper ces postes-là. Puisque c'est quand j'avais votre âge que j'ai été ministre, parmi les premiers du gouvernement de Senghor, puis celui d'Abdou Diouf, puis celui de Wade. Maintenant, j'aspire à autre chose. C'est à vous que je dois laisser ça.

Wal fadjri : Et pourtant Thierno Lô parle même de livres que vous lui avez offerts pour étayer son argumentaire...

Moustapha Niasse : J’ai reçu Thierno Lô sept à huit fois. Ecoutez, Wade m'envoie tout le temps des émissaires et je les recevrai toujours. Parce que dans la vie, il faut se parler. Seul celui qui a peur refuse de recevoir l'adversaire. L'essentiel c’est que je reste figé avec intelligence et avec flexibilité sur les principes sans renoncer aux principes. Que je puisse écouter l'autre pour savoir comment on peut sauver ce pays ! Ce qui est important, ce n’est pas Wade, ce n’est pas Moustapha Niasse, c’est ce qu’on peut faire pour sauver le Sénégal. Jamais, Thierno Lô le sait, je ne vais, encore une fois, polémiquer avec lui, parce que nous ne boxons pas dans la même arène. Nous ne sommes pas du même niveau.

Wal fadjri : Quelle a été donc la teneur de vos discussions avec le ministre Thierno Lô ?

Moustapha Niasse : Quand Wade m'envoie des émissaires - il m'a envoyé Moustapha Diakhaté de And waccok ak alternance, en août 2005. Et je suis allé voir le président Wade à sa demande. Nous sommes restés deux heures et demie. Je ne l'ai pas revu jusqu'au 8 novembre. Mais, entre-temps le président Wade m'a envoyé plein de personnes. A chaque fois qu’il me les envoyait, je les recevais. Et s'il m'en envoie encore, je les recevrai parce que je n'ai pas peur. Je dirai ce que je pense. Encore une fois je n'ai jamais voulu retourner dans le gouvernement de Wade. Depuis cinq ans, il nous demande cela. Il y a des témoins quand même. Vous êtes Sénégalais, vous suivez la presse. Ça fait cinq ans que Wade nous demande de revenir dans son gouvernement. Entre celui qui demande pendant cinq ans et celui qu'on accuse au bout de la sixième année, qui doit avoir raison ? Mais, si j'avais accepté d'entrer dans le gouvernement de Wade, il n'y aurait pas eu tout ce bruit-là. Thierno Lô n'aurait pas parlé. D’autres, non plus, n’auraient pas parlé. C’est parce que nous avons refusé. Vous savez, entre l'espérance déçue et l'amertume, il y a une petite passerelle. Le président Wade m’a appelé le 17 novembre à Londres. J’étais avec mon épouse. Il m’a dit : ‘Moustapha, qu’est-ce qu’on fait ?’. Je lui ai dit qu’on n'entre pas (dans le gouvernement : Ndlr). Je ne peux pas faire plus. Maintenant, si après cela, des seconds couteaux se lèvent, incités en cela par Wade ou sans Wade, ce n’est pas mon problème. Ce qui me préoccupe, aujourd'hui, ce sont les jeunes Sénégalais qui vont au fond de l'océan parce qu'ils n'ont plus de repères, ils n'ont plus d'espoir au Sénégal. Ils sont désespérés et préfèrent perdre la vie que de rester au Sénégal. Ça c'est mon problème en tant que Sénégalais. Ce qui me préoccupe, c'est les paysans qui ont récolté leur arachide. Le prix officiel du kilo est de 150 francs Cfa. Jeudi dernier à Wakkagouna, je me suis arrêté au louma (marché hebdomadaire : Ndlr), c'était 105 francs Cfa le kilo d'arachide. C’'est un problème qui me préoccupe. Ce qui me préoccupe c'est que des jeunes meurent dans les hôpitaux parce que la paupérisation des Sénégalais a atteint un niveau qu'on a jamais pu atteindre. Ce qui me préoccupe, c'est les étudiants qui ont les diplômes et qui ne travaillent pas. Ce sont les Sénégalais qui vivent à l'étranger et que personne ne protège. S'ils sont protégés, c'est par eux-mêmes, leur sérieux et leur qualité. Personne ne s'occupe d'eux. Mon problème, c'est la situation des finances publiques au Sénégal. Ce sont tous ces trous-là. Dakar est devenu une montagne de fromage de gruyère. Il y a des trous partout, vous ne savez pas où mettre le pied, alors que le président Wade sait qu'il n'a pas le temps d’achever ces travaux. Cela fait partie des problèmes qui me préoccupent. Je ne cherche pas l'argent, je ne cherche pas des moyens matériels. Mais, jusqu'à la fin de ma vie, jusqu'à mon dernier souffle, je me donnerai à mon pays. Et je suis prêt à mourir pour le Sénégal (...).

Wal fadjri : Bécaye Sène était-il alors votre émissaire auprès de Pape Samba Mboup ?

Moustapha Niasse : Je n'étais pas au courant que Bécaye Sène avait rencontré au cours d'une cérémonie familiale ce Monsieur parce que je n'étais pas au Sénégal. Mais, si vous êtes membre de l'Afp, rien ne vous empêche de penser que telle chose est bonne pour le parti et que vous en preniez l'initiative. L'essentiel que ça soit teinté de sincérité et de bonne foi. Mais moi, encore une fois, pour le poste de vice-président dont on a parlé, vous savez que le poste de vice-président ne peut être créé que par l'Assemblée nationale par le vote d'une loi législative qu'on appelle loi constitutionnelle qui, une fois qu'elle est adoptée, modifie une disposition de la Constitution pour créer un poste. Moi qui ai quitté l'Assemblée nationale le 30 juin 2006, je ne reconnais aucune légitimité à cette assemblée à partir du 1er juillet 2006. Soyons-logiques ! Donc, un poste que cette assemblée va créer, je négocie pour qu'on me l'attribue, je m'assoie et j'attache ma ceinture comme dans un boeing, est-ce que vous trouvez ça logique ? Moi j'ai quitté volontairement l'Assemblée nationale parce que pour moi le mandat des députés est fini depuis le 30 juin. Donc, un jour de plus est un jour d'illégalité et d'illégitimité. Comment donc puis-je envoyer un émissaire pour demander un poste de vice-président ? Vous savez, si je l'avais demandé je l'aurais eu. (Il répète la phrase trois fois). Mais j'aurais été un lâche, un idiot, un traître et un parjure parce que cette assemblée-là est illégitime. Voilà ma réponse. Mais, je vous assure si je l'avais demandé je l'aurais eu. (Il répète deux fois). Et je le dis ici. Je l'aurais eu tout de suite. (A suivre)



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