A l'occasion de l'anniversaire de la naissance de Serigne Mamoune Niass (17 juin 1944), Seneweb revisite le parcours de l'érudit et homme politique qu'il fut.
Arabisant dans la politique, homme de relations, Serigne Mamoune Niass, fils de Cheikh Ibrahima Niass était surtout connu pour sa générosité. Seneweb vous retrace le portrait d’un guide qui a beaucoup œuvré dans le social.
Cheikh Mouhamadou Mamoune Niass, surnommé « Serigne Mamoune », est le fils de l’illustre guide religieux, Cheikh Ibrahima Niass dit Baye Niass (RTA). Il est né le samedi 17 Juin 1944 à l’hôpital régional de Kaolack qui porte actuellement le nom de son père El Hadji Ibrahima Niass.
Sa mère Seyda Fatou Diagne surnommé « Ya Fat Diagne » était la deuxième épouse de Cheikh Ibrahima Niasse. Une femme aux qualités vertueuses, discrète et d’une piété exemplaire. Mais malheureusement, Serigne Mamoune la perdra très tôt, créant ainsi un grand vide émotionnel durant son enfance. Il dira plus tard avec un ton morose : « Je n'ai pas connu ma mère… ».
Cependant, cette perte prématurée n'affectera pas tellement l'éducation du jeune garçon qui était, dès lors, sous la responsabilité de sa sœur ainée Seyda Khady Fati Niass dite Yaye qui va finalement combler le vide en assurant l'éducation de son jeune frère qui la considérait comme une mère.
A l'âge de 7 ans, son père l'envoie en Mauritanie pour apprendre le Saint Coran. Après 2 ans passés en pays maure, le jeune Mamoune retournera finalement dans son Sénégal natal où il parachèvera l'apprentissage du Coran qu’il mémorise à l'âge de 10 ans. Il apprit les rudiments de la science islamique entre les mains de son père, avant de partir au Caire compléter sa formation. On raconte que Cheikh Ibrahima Niasse disait à ses fils : « Je peux vous apprendre tout ce que vous devez savoir sur l'Islam, mais vous devez partir à l’étranger acquérir des diplômes pour être en phase avec votre époque ».
C’est dans ce contexte que Serigne Mamoune et 9 autres de ses frères partirent étudier à la prestigieuse université Al Azhar du Caire où il suivait des cours sur la théologie, les sciences islamiques, les relations internationales de même que les sciences politiques. Après l'obtention du Bac, il a obtenu une Licence en Théologie.
Relations internationales
Serigne Mamoune mettra en pratique cette formation en effectuant très tôt des voyages à travers le monde, notamment dans les pays arabes. On peut citer à titre illustratif ses relations avec Cheikh Zaid qui dirigeait à l'époque les Emirats Arabes Unis, ainsi que Gamal Abdel Nasser Président d'Égypte parmi tant d'autres. C’est dire que, étant étudiant, l'homme était déjà ouvert d'esprit et commençait à « tisser sa toile » dans un monde en pleine mutation.
Serigne Mamoune entretenait des relations privilégiées avec son père qu’il considérait plus comme un Maître spirituel envers qui il avait une forte admiration. Il suivait ses recommandations à la lettre et ne manquait jamais l'occasion de l'assister financièrement.
Après le rappel à Dieu de son père en 1975, il perpétue ses œuvres et devient le porte-parole de la famille. Il considérait ses frères comme les khalifes de son père qu’il devait servir pour gagner leur bénédiction car, disait-il, « je suis un simple disciple, les fils de mon père sont mes guides ». Il finançait la quasi-totalité des dépenses liées à l'organisation de manifestations religieuses dans la cité de Médina Baye et au-delà.
Il envoyait chaque année des centaines de personnes à la Mecque, offrait des moutons de Tabaski aux familles démunies, assistait les pères de familles dans la dépense quotidienne. Bref, il était tout simplement animé d’une générosité légendaire.
« A Qui puis-je être utile aujourd’hui ? »
Serigne Mamoune Niasse était très généreux, il a beaucoup aidé les personnes en difficultés. Déjà étant jeune, ses frères racontent qu’à l'occasion des fêtes, il leur demandait de garder leur parts des étrennes afin de se partager la sienne. Ses proches se souviennent tous l'avoir entendu dire : « A Qui puis-je être utile aujourd’hui ? Dites le moi s’il vous plait ! ».
Son père Cheikh Ibrahima Niasse a fait plusieurs témoignages à son sujet et lui a remis bon nombre de « idjaza » (diplômes spirituels). Mais au-delà de cette relation maître-disciple, il y avait une certaine complicité entre les deux hommes, en ce qui concerne les relations diplomatiques. De ce fait, il participait souvent aux rencontres de son père avec les grandes personnalités de l'époque.
C’est d'ailleurs à la sortie d’une audience avec le président Senghor que Cheikh Ibrahima Niass, lui donnera l’ordre explicite de faire la politique pour améliorer les conditions de ses semblables mais aussi et surtout peindre la politique d’un visage beaucoup plus radieux, encourager les hommes de vertus à intégrer cette classe. C’est ainsi que Serigne Mamoune pénètre le terrain glissant de la politique, incarnant des valeurs tels que : le respect de la parole donnée, la solidarité, le sacrifice individuel pour le mieux-être collectif, le social, etc.
Premier arabisant ministre d’Etat
Il fait partie des initiateurs du social dans la politique au Sénégal. Exécutant les directives de son père, Serigne Mamoune cheminera avec le PDS (Parti Démocratique Sénégalais), puis le PS (Parti Socialiste), avant de s’allier avec Moustapha Niasse pour créer un parti politique dénommé AFP (Alliance des forces de Progrès).
Mais l’alliance ne durera pas longtemps et Serigne Mamoune Niass se retirera finalement pour créer son propre parti, le RP (Rassemblement pour le Peuple) qui va jouer un rôle important aux élections présidentielles de 2007 notamment en s'alliant avec le PDS qui va finalement remporter le scrutin.
Cette alliance lui vaudra plusieurs fonctions aux plus hauts sommets de l’Etat : Il fut nommé ministre d’Etat en 2007 et vice-président du Sénat en 2009. Serigne Mamoune Niass est le premier arabisant nommé ministre d'Etat dans l'histoire du Sénégal. Au bout de quelques années, la rupture avec le PDS se fera peu avant l’élection présidentielle de 2012 où il acceptera la main tendue du leader du parti REWMI, Idrissa Seck.
Serigne Mamoune Niass rendra finalement l’âme le vendredi 28 octobre 2011 aux environs de 15H00, mettant fin à 67 années au service de l’humanité. Sa famille perpétue son œuvre sous la direction de son fils ainé Cheikh Ibrahima Mamoune Niass dit Baye Mamoune, aidé par ses frères Mansour Mamoune Niass qui dirige le parti RP, de Mouhamed Mountachir Mamoune Niass dit Hamada, de Serigne Aliou Mamoune Niass, etc.
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