Depuis que le ministère de la Santé a fait hier le point sur l'évolution du coronavirus au Sénégal, les interrogations se multiplient sur l'absence de certains détails. En réalité, il s'agit de changement de stratégie dans la communication.
Comparé aux jours précédents, le communiqué d’hier du ministère de la Santé a été jugé très laconique. Depuis lors, l’absence de certains détails habituels comme l’âge, la nationalité du patient et le jour de son arrivée au Sénégal suscitent interrogations.
Joint par téléphone par Seneweb, le directeur de cabinet du ministre de la Santé, Dr Aloyse Waly Diouf précise qu’il s’agit d’un changement de stratégie. « On a eu notre premier cas le 2 mars, hier c’était le 17 mars, donc ça fait 15 jours. Nous avons procédé à une évaluation de notre communication et des effets sur la population », lance-t-il d’emblée.
De cette évaluation, il est ressorti, d’après Diouf, qu’à chaque fois que le ministère détaillait sur des cas importés, on tendait de manière assez précise vers la stigmatisation des émigrés et des étrangers.
« Si tu regardes sur les réseaux sociaux, les gens commençaient à tirer sur les ‘’modou modou’’. Ça crée une scission dans la communauté avec d’un côté une famille de ‘’modou modou’’ solidaire à son fils et qui va se rétracter par rapport à la lutte et à l’engouement que nous recherchons ; et de l’autre côté, des gens qui seront un peu rébarbatifs vis-à-vis des ‘’modou modou’’ ».
Or, ajoute cet interlocuteur, dans le contexte actuel, le département de la Santé cherche une entente cordiale et la cohésion pour faire face à la pandémie, plutôt que des divisions. « C’est comme si on les livrait à la vindicte populaire. Or, en ce moment, on n’a pas besoin de ça », souligne-t-il.
"On communique de moins en moins sur les nationalités "
C’est ainsi que le ministère s’est dit qu’il n’est point besoin de donner les détails au public, sachant que c’est le système de santé qui va faire les investigations nécessaires pour identifier les cas contacts et assurer le suivi nécessaire.
« Certaines informations sont donc réservées au système de santé pour qu’il puisse faire son travail dans la totale sérénité. Et que les populations, dans leur grand désir de transparence, puissent être informées du nombre de cas, avec précision des cas communautaires et des cas importés. C’est pourquoi on communique de moins en moins sur les nationalités et autres», tranche Dr Diouf.
Il s’agit donc d’un réajustement sur la communication du ministère. Aloyse Waly Diouf fait remarquer d’ailleurs qu’en Europe par exemple, les autorités sanitaires ne s’épanchent presque jamais sur les origines des malades. « Il y a rarement un communiqué où on dit qu’il y a un Sénégalais atteint. Donc il fallait qu’on revoie notre posture ».
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