
Le jeûne est une pratique spirituelle chère à beaucoup, mais qu’en est-il pour les patients atteints de maladies cardiaques ? Peuvent-ils jeûner sans danger ? Le Dr Sonia Babaka, cardiologue à la Clinique Cardio de Dakar, nous livre des réponses claires et des recommandations pratiques pour concilier foi et santé.
Avoir une maladie cardiaque interdit-il forcément le jeûne ?
« Non, pas systématiquement. Cela dépend de la nature et de la sévérité de la pathologie, ainsi que de l’état global du patient. Certains peuvent jeûner en prenant des précautions adaptées, mais pour d’autres, comme ceux souffrant d’insuffisance cardiaque avancée ou ayant subi un infarctus récent, le jeûne est déconseillé. Une consultation préalable avec un cardiologue est indispensable pour trancher. »
Quels sont les principaux risques pour un patient cardiaque qui jeûne ?
« Le risque numéro un, c’est la déshydratation, qui peut aggraver les troubles du rythme ou faire chuter la tension artérielle. Un déséquilibre alimentaire représente aussi une menace, en perturbant la gestion de la pression ou du cholestérol. Enfin, certains traitements, comme les anticoagulants ou les diurétiques, peuvent être affectés par le jeûne, ce qui complique leur efficacité. »
"Oui, le jeûne peut aider le cœur… à une condition"
Le jeûne peut-il être bénéfique pour le cœur ?
« Oui, à condition qu’il soit bien encadré. Un jeûne maîtrisé peut alléger la surcharge alimentaire, stimuler le métabolisme et encourager une alimentation plus saine. Mais ces avantages s’effacent rapidement si l’on se jette sur des plats trop riches, salés ou sucrés à la rupture du jeûne. »
Quels conseils alimentaires donnez-vous aux patients cardiaques pendant le jeûne ?
« Privilégiez les légumes, les fibres, les protéines maigres et les bonnes graisses, comme celles des avocats ou des noix. Évitez les excès de sel, de sucre et de graisses saturées, qui perturbent la tension et favorisent la rétention d’eau. Les repas doivent être légers et bien répartis entre l’iftar et le suhoor pour ménager le système digestif. »
"L’eau, un allié vital à ne pas négliger"
L’hydratation est-elle cruciale pour les patients cardiaques ?
« Oui, c’est une priorité absolue. La déshydratation peut causer des complications graves, surtout pour ceux sous diurétiques. Entre l’iftar et le suhoor, il faut boire beaucoup d’eau et éviter les boissons sucrées, gazeuses ou caféinées, qui accentuent la perte hydrique. »
Les patients sous traitement peuvent-ils adapter leurs médicaments au jeûne ?
« Cela dépend du type de traitement. Certains ajustements d’horaires ou de doses sont possibles, mais uniquement sous contrôle médical. Modifier soi-même ses médicaments est risqué et peut entraîner des conséquences graves. Un échange avec le médecin est incontournable. »
Quels signes doivent pousser un patient à rompre son jeûne ?
« Tout symptôme inhabituel doit alerter : palpitations, étourdissements, fatigue intense, douleur dans la poitrine ou essoufflement marqué. Face à ces signaux, il faut rompre le jeûne immédiatement et consulter un médecin sans tarder. »
Que répondez-vous aux patients qui veulent jeûner malgré les contre-indications ?
« Je leur parle avec empathie et transparence, en expliquant les dangers potentiels. Quand le jeûne menace leur vie, je leur rappelle qu’il existe des alternatives, comme la fidya, qui respectent leurs convictions spirituelles tout en préservant leur santé. »
“Les 3 règles d’or pour jeûner sans danger”
En résumé, comment un patient cardiaque peut-il jeûner sereinement ?
« Première règle : consulter son cardiologue avant de commencer. Deuxième règle : bien s’hydrater et adopter une alimentation équilibrée. Troisième règle : écouter son corps et arrêter au moindre signe inquiétant. L’objectif est de protéger sa santé tout en honorant ses engagements spirituels. »
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