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La consommation de yamba (cannabis), bien que strictement interdite par la loi, s’est banalisée. Régulièrement arrêtés, les consommateurs pris en flagrant délit invoquent souvent une excuse : le cannabis serait leur « remède vert ». Face à cet argument récurrent, Seneweb pose la question : le yamba a-t-il réellement des vertus thérapeutiques ?
Un chauffeur « asthmatique » devant la Justice
Mohamed Dadio, un chauffeur de 26 ans surnommé « King », en a fait l’expérience. Surpris en train de fumer un joint à l’abri des regards, il a été interpellé par une patrouille de police à Tambacounda, menotté et conduit en prison. Lors de son procès au Tribunal de Grande Instance de Tambacounda, il a tenté de se défendre : « Je suis asthmatique depuis des années. Je fume du yamba pour soigner mon asthme », a-t-il plaidé devant le juge. Mais cette justification tient-elle la route ?
L’avis des experts : Pas de vertus thérapeutiques dans le joint
Le Dr Agne, pneumologue, apporte un éclairage catégorique : « Les traitements de l’asthme reposent sur des médicaments éprouvés depuis 50 ans, efficaces, sans risque d’addiction ni danger pour la santé ou la loi. Fumer un joint équivaut à inhaler la fumée de sept cigarettes d’un coup. Prétendre que le yamba a des vertus thérapeutiques, c’est ouvrir une brèche dangereuse. Je recommande l’arrêt du tabac et l’abstention totale de cette substance, qui est addictive, illégale et néfaste pour la santé respiratoire et mentale. »
Le Dr Idrissa Ba, psychiatre-addictologue et coordonnateur technique du Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar, partage cet avis : « Le cannabis, ou yamba, n’a en soi aucune vertu thérapeutique. En usage aigu ou chronique, il est destructeur pour la santé physique et mentale. Il contient deux principaux principes actifs : le THC (tétrahydrocannabinol), responsable des effets psychotropes comme les hallucinations ou les troubles du comportement, et le CBD (cannabidiol). » Si le THC est clairement délétère, le Dr Ba reconnaît que « le CBD possède des propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et anticancéreuses, utilisables dans certains cas médicaux ».
Le CBD en Médecine : Une réalité ailleurs, pas au Sénégal
Cette distinction entre THC et CBD rejoint une étude française qui souligne que le cannabidiol (CBD) peut servir de complément alimentaire grâce à ses propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et analgésiques, notamment dans le traitement de l’asthme ou du cancer. En France, un décret du 9 octobre 2020 a autorisé une expérimentation du cannabis thérapeutique sous contrôle strict pour les patients souffrant de maladies graves. Depuis 2021, des essais ont démontré son utilité pour atténuer les nausées et les douleurs liées aux traitements anticancéreux. Le cannabis thérapeutique y est administré sous forme d’huile ingérée ou de fleurs séchées vaporisées, loin de la combustion d’un joint. En avril 2022, cette expérimentation a été élargie aux patients sous hormonothérapie post-cancer (sein ou prostate). Plusieurs pays européens ont déjà validé son usage médical dans des contextes similaires.
Au Sénégal, en revanche, la loi n°1963/16 du 5 février 1963 interdit toute culture, consommation ou vente de chanvre indien. Malgré les opérations de répression et les nombreuses incarcérations, la consommation persiste, saturant les prisons.
Seydi Gassama : Une dépénalisation contrôlée ?
Face à cette impasse, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a proposé une alternative dès mars 2020. Dans une interview, il plaidait pour une dépénalisation contrôlée du cannabis à usage thérapeutique : « La répression a montré ses limites, ici comme ailleurs. Le cannabis est partout et détruit la jeunesse. Il faut organiser sa distribution via des structures spécialisées, qui vendraient de petites quantités avec des conseils pour éviter la dépendance et les risques sanitaires. Cela couperait l’herbe sous le pied des trafiquants, désengorgerait les prisons et économiserait des ressources. L’État pourrait réglementer la production en octroyant des licences à des cultivateurs, selon des normes strictes. »
Un Débat en suspens
Malgré les arguments scientifiques et les propositions de réforme, la consommation de yamba continue de prendre des proportions inquiétantes au Sénégal. Les efforts de l’État pour juguler ce phénomène se heurtent à une réalité tenace : les prisons se remplissent, mais les joints ne s’éteignent pas.
*Cannabis
2 Commentaires
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il y a 12 heures (15:56 PM)Il y a d’autres priorités à régler dans ce pays….
Je ne fumme plus parceque j'en ai plus envi avec l'age mais j'ai une copine ici aux EU qui peut etre tres agressive a cause de sa depression mais quand elle fumme, elle mange bien, dort bien et elle est en mesure de tolerer les gens. Ma ko guiss kene neteliwou mako. Alors que quand elle prend les medicaments elle dort tout le temps, prend du poids alors qu'elle est taille mannequin.
La question est de savoir est ce que le Senegal vat accepter ce medicament ou non. Il a bien sure des effets secondaires mais qui sont beaucoup moins grave que beaucoup de medicaments qui sont tres mauvais pour les reins. Les docteurs peuvent confirmer que par exemple les medicaments contre le diabet tuent beaucoup de gens au Senegal.
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