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Mohamed S.S., alias Mastermind, un homme de 51 ans accusé d’avoir affrété 73 pirogues transportant 3 594 migrants, dont près de 200 ont péri en mer, est désormais entre les mains de la justice espagnole. Incarcéré dans une prison des îles Canaries, où de nombreux Africains sont détenus pour avoir conduit des embarcations, il a été extradé cette semaine par la Mauritanie vers l’Espagne. S’il est reconnu coupable, ce chef présumé d’un réseau de trafic de migrants risque une lourde peine pour des faits qualifiés d’effroyables.
Selon un communiqué des forces de police espagnoles publié ce vendredi 21 février 2025, Mohamed S.S. est accusé d’avoir organisé, au cours des cinq dernières années, au moins 73 traversées vers les îles Canaries. Ces expéditions, menées entre 2021 et 2025, ont conduit 3 594 migrants africains et asiatiques à atteindre Gran Canaria, Lanzarote et Fuerteventura. Près de 200 personnes ont disparu en mer lors de ces voyages périlleux, précise la police nationale espagnole.
En septembre 2022, un membre de cette organisation criminelle a été arrêté alors qu’il se trouvait à bord d’une pirogue en route vers les Canaries. L’enquête, initiée en 2021, a révélé l’existence d’une infrastructure basée à El Aaiún, au Sahara occidental, d’où le réseau centralisait ses opérations. Grâce à des collaborateurs en Afrique, la police espagnole a appris qu’un autre complice s’apprêtait à rejoindre les Canaries sur un bateau affrété par le groupe. Intercepté à son arrivée, il a été immédiatement incarcéré sur ordre du tribunal.
Les migrants dénoncent des cas de séquestration, torture, violence physique par arme à feu, extorsion et chantage. Selon la police, le chef du réseau fournissait l’infrastructure nécessaire aux traversées depuis le Maroc et le Sahara occidental, ainsi que des documents falsifiés pour franchir la frontière mauritanienne et embarquer sur des canots pneumatiques ou des skiffs à destination des Canaries. Les migrants payaient jusqu’à 15 000 euros pour ces services, l’organisation leur remettant des « chèques de garantie ». Une fois sur place, certains ont rapporté à la police avoir été victimes de violences, d’extorsion, de séquestration et même d’agressions à l’arme à feu pour leur soutirer davantage d’argent.
Arrêté en août 2024 en Mauritanie suite à un mandat d’arrêt international, Mohamed S.S. a été extradé vers l’Espagne mardi. Localisé et interpellé le 9 août 2024 grâce à une collaboration policière, il a été immédiatement placé en détention provisoire. À son arrivée à Gran Canaria, l’autorité judiciaire espagnole a ordonné son incarcération dans l’attente de son procès. La police nationale poursuit son enquête pour exécuter d’autres mandats d’arrêt internationaux visant les membres restants de cette organisation criminelle.
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