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On avait si peu entendu les syndicats d’enseignants depuis que la pandémie Covid-19 a gagné notre pays en mars dernier. Réduits au silence par le vacarme médiatique née de la propagation d’un virus très démocratique, les enseignants avaient jusqu’ici déserté les écoles et les médias, et avaient remis à plus tard leurs revendications habituelles qui n'avaient plus leur place dans un contexte de crise sanitaire, de « guerre » pour reprendre les termes du chef de l’Etat.
Mais depuis leur retour « forcé » sur les bancs de l'école pour les classes d'examen, tels des élèves adeptes de l’école buissonnière, rassemblés dans des dépôts et convoyés à travers le pays dans des conditions qui ne respectent pas toutes les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires, ils ont, aussitôt, retrouvé de la verve : ils sont redevenus bavards et ont réussi, semble-t-il, à prendre leur revanche sur un ministère de tutelle qui a écourté leur « congé payé » et vacances anticipées. Un ministre devenu le repoussoir qui cristallise toutes les colères d’une catégorie de privilégiés, payés depuis trois mois à rester à la maison, mais très en colère quand il s'agit de retourner en classe dans les conditions que l'on sait.
Colère également dans le privé catholique qui a préféré reporter la rentrée de deux jours, faute de dispositif adéquat devant permettre la reprise des enseignements apprentissages sans risque, du fait d’un matériel disponible mais jugé « largement insuffisant », aussi bien dans le privé que dans le public. L’Etat a donc péché, mais a cherché à limiter les dégâts d’une rentrée bâclée puis ratée. Parce que l’Etat savait que des enseignants avaient été testés positifs à la Covid-19 à Ziguinchor et le motif était suffisant pour annuler la rentrée, du moins dans la localité concernée. Inutile de dire que c’est en amont et non en aval qu’il fallait tester les enseignants pour éviter que les cas positifs et ou asymptomatiques ne fassent des dégâts sur le trajet de convoyage ou dans les salles de cours.
La reprise des cours annulée, les syndicats d’enseignants crient « victoire ». Ils y voient les aveux d’un échec patent de ce qu’était censé être la rentrée des classes d'examen du 2 juin, devenue en quelques heures, la rentrée des « cas » d'école, comprenez, les cas d’enseignants testés positifs et nouvellement admis dans les centres de prise en charge des malades du coronavirus. Pour dire qu’on a frôlé le pire, pour ne pas dire le rire…
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