C’est officiel ! Abdourahmane Sarr, le nouveau ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, a pris fonction. La passation de service entre lui et le ministre sortant, Mamadou Moustapha Ba, a eu lieu ce jeudi 11 avril, dans une ambiance sobre et conviviale.
« Après avoir mis votre expertise au service de plusieurs pays, le vôtre peut aujourd’hui compter sur vous pour relever les défis du développement, dans un contexte de turbulences mondiales, marqué par l’inflation, le resserrement des conditions d’endettement sur les marchés, le renchérissement des produits alimentaires »
A l’occasion, Mamadou Moustapha Ba, après un tête-à-tête qui a duré plus de deux tours d’horloge, a soutenu que son successeur est bien dans un terrain connu. Ce, « au regard de son brillant parcours universitaire dans les domaines de la finance et de l’économie, et de ses états de services remarquables », durant son passage au Fonds monétaire international (FMI). « Ainsi, après avoir mis votre expertise au service de plusieurs pays, le vôtre, le Sénégal, peut aujourd’hui compter sur vous pour relever les défis du développement, dans un contexte de turbulences mondiales, marqué par l’inflation, le resserrement des conditions d’endettement sur les marchés, le renchérissement des produits alimentaires. C’est aussi un moment où notre pays attend ses premiers barils de pétrole et l’exploitation de son gaz et est à la quête de sa souveraineté alimentaire. Il doit également faire face aux défis de l’emploi des jeunes et bâtir une économie résiliente, avec une croissance plus soutenue et durable favorisant l’inclusion sociale. Autant de questions qui vous sont bien familières. On aurait pu dire, au regard de votre parcours, que tout vous préparait déjà à cette mission que le chef de l’État vient de vous confier », a-t-il souligné.
Avec ces expériences, le ministre sortant s’est dit confiant que sous l’impulsion du nouveau ministre, le pays fera de « nouvelles conquêtes pour consolider les bases de coopération internationale plus élargie et renforcée, s’appuyant sur des acquis indéniables construits à travers plusieurs décennies, qui nous ont permis des réalisations appréciables dans tous les secteurs de la vie économie et sociale, en misant sur les nouvelles opportunités offertes par les financements innovants, les partenariats publics avec des financements toujours mieux structurés ».
« Nous avons bon espoir qu’avec vous notre pays continuera à consolider sa place de choix en matière de production de statistiques de référence, pour mieux asseoir notre adhésion à la Norme spéciale de diffusion des données (NSDD), en tirant le meilleur partie de la masse inestimable d’informations fournies par les enquêtes, le recensement général de la population, qui vient de s’achever, le rebasing du PIB en cours, qui nous offrent une meilleure appréciation du potentiel de notre économie, de nos ressources humaines et de leurs caractéristiques », a d’emblée soutenu Mamadou Moustapha Ba, qui a été nommé le 12 mars dernier à la tête de ce département ministériel.
La souveraineté économique du Sénégal
Le nouveau ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, pour sa part, a décliné sa feuille de route qui s’articule essentiellement autour de la souveraineté économique du pays. « Monsieur le ministre, votre réputation d’homme maîtrisant parfaitement les finances du pays est connue. C’est donc un grand honneur pour moi de vous succéder à l’économie pour travailler à hisser notre Sénégal vers un nouvel horizon avec l’appui du personnel du ministère. Il n’y a pas de doute que le Sénégal a fait des progrès dans beaucoup de domaines, notamment des infrastructures sous votre leadership, d’abord comme Directeur du Budget, ensuite comme ministre. Ces réalisations, qui sont des acquis, serviront de base vers un nouveau cap. Il nous a fallu néanmoins accélérer notre endettement en devises pour les réaliser, ainsi que pour faire face à des chocs extérieurs. Cet endettement a dans une certaine mesure réduit notre souveraineté économique. De ce fait, nous renforcerons la coopération bilatérale et multilatérale tout en ayant comme objectif de nous libérer des liens de dépendance dans nos politiques publiques », a rassuré Abdourahmane Sarr.
Il ajoute : « Le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, avec l’avènement du président Bassirou Diomaye Faye, et sous la direction du Premier ministre Ousmane Sonko, a l’autorité politique de traduire le projet de souveraineté en des actes concrets de rupture. Il nous faudra donc avec les collègues des finances affirmer un leadership devant faciliter la réforme du secteur public par une meilleure évaluation des dépenses en soutien à l’économie. En droite ligne des directives présidentielles, il s’agira aussi de construire des consensus sur les mesures nécessaires aussi bien sur les recettes, les dépenses, et la dette afin d’atteindre les objectifs politiques assignés, tout en préservant des finances publiques saines et soutenables ».
« Un secteur privé fort soutenu par un état fort »
Selon l’économiste, l’objectif principal assigné est d’avoir les moyens de financer des biens et services publics de qualité au bénéfice des populations, notamment les plus vulnérables, pour qu’elles puissent prendre leurs destins en main. « Prendre leur destin en main avec un secteur privé fort, car soutenu par un État fort (Yewwi Askan Wi). Il s’agira de faire de notre secteur privé formel ou informel, et de chaque Sénégalais, des acteurs clés d’un Sénégal souverain avec l’appui d’un état fort et crédible. Un état fort et crédible, c’est un état avec un cadre macroéconomique solide et des marges de manœuvre disponibles pour soutenir le secteur privé et faire face aux chocs dans un monde incertain. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons progressivement nous libérer des liens de la dépendance extérieure Yewwi Sénégal », a expliqué le successeur de Mamadou Moustapha Ba.
Le tout ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération soutient qu’en rapport avec ses collègues du gouvernement, son département s’assurera également d’un environnement économique concurrentiel afin d’éliminer les situations de monopoles, d’oligopoles ou de position dominante qui, pour lui, peuvent être « une source de renchérissement du coût de la vie et d’improductivité ».
De l’avis du ministre Abdourahmane Sarr, le secteur privé et les populations ne pourront pas prendre leur destin en main et réaliser la souveraineté économique du Sénégal, s’ils ne sont pas financièrement inclus. « Être financièrement inclus, c’est avoir accès au crédit ou à des ressources financières permettant de réaliser son projet ou de développer son entreprise. Sous le leadership des ministères de l’Économie et des Finances, ensemble, nous nous attèlerons à lever les obstacles à cette inclusion financière. L’État fort aux finances publiques soutenables, et aux marges de manœuvre certaines, accompagnera et trouvera les partenaires nécessaires pour soutenir nos entreprises capitalisant sur nos propres instruments financiers. Découvrir les contraintes des entreprises là où elles opèrent, et leur trouver les bons partenaires nécessitera une décentralisation de l’action publique, non seulement dans la découverte des problèmes, mais également des solutions et des mécanismes de leur mise en œuvre Yewwi les territoires », a-t-il soutenu.
« Stimuler l’initiative privée, la production et l’emploi, le commerce et les échanges, le tout dans la liberté économique et un environnement des affaires attractif, sous l’œil vigilant de l’état »
De ce point de vue, Abdourahmane Sarr signale que la planification du développement à financer se fera également à l’échelle de pôles régionaux afin de bâtir des consensus locaux avec les acteurs des secteurs pertinents à soutenir. « C’est de cette manière qu’on pourra stimuler l’initiative privée, la production et l’emploi, le commerce et les échanges, le tout dans la liberté économique et un environnement des affaires attractif, sous l’œil vigilant de l'État. Qui dit financement, dit marché financier, monnaie, gestion monétaire et Fintech. Le Sénégal a l’ambition d’approfondir son secteur financier et d’élargir la gamme de produits disponibles pour le financement des entreprises et des projets. Le Sénégal peut devenir un hub financier de référence en Afrique de l’Ouest. Le futur de la finance et de l’inclusion financière c’est également la digitalisation et la promotion de Fintechs. Les ministères de l’Économie et des Finances, ensemble, évalueront l’apport des Fintechs au financement de l’économie », a d’emblée expliqué l’économiste.
La nécessité d’une « politique monétaire plus active qui a un rôle à jouer dans l’avènement de marchés financiers profonds »
Pour le nouveau ministre, le Sénégal fait partie de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) qui, selon lui, est « une expérience d’intégration financière et monétaire qu’il convient de consolider pour accompagner nos économies ». Cependant, ajoute-t-il, « nous ne pourrons pas développer et approfondir notre marché financier sans une politique monétaire plus active qui a un rôle à jouer dans l’avènement de marchés financiers profonds ». À l’en croire, « la flexibilisation de notre régime de change contribuerait à dynamiser le secteur financier de l’union par une politique monétaire plus active en soutien à l’économie ». « Cette flexibilisation permettra également à notre zone monétaire d’avoir moins recours au financement en devises étrangères et aux ajustements budgétaires face aux chocs extérieurs. Enfin, la flexibilisation de notre régime de change aiderait nos pays à préserver la compétitivité de nos entreprises face à la concurrence extérieure », a fait savoir Abdourahmane Sarr.
Tout ceci, selon le successeur de Mamadou Moustapha Ba, contribuera à permettre le pays d’atteindre l’objectif assigné par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, à savoir : « promouvoir une substitution efficiente des importations et la promotion des exportations, le tout dans une économie ouverte au marché régional et international ».
Dans cette perspective, le ministre annonce que le Sénégal, à travers les ministères de l’Économie et des Finances, engagera un dialogue avec ses partenaires de l’UEMOA sur les réformes consensuelles à mettre en œuvre pour réaliser l’autonomie monétaire de la BCEAO dans le respect des souverainetés des États.
8 Commentaires
Julom
En Avril, 2024 (23:02 PM)Patriote
En Avril, 2024 (23:19 PM)Sanka
En Avril, 2024 (23:29 PM)Quantbusiness
En Avril, 2024 (03:03 AM)Texan
En Avril, 2024 (03:36 AM)Quantbusiness
En Avril, 2024 (08:41 AM)Quantbusiness
En Avril, 2024 (01:19 AM)Karcher
En Avril, 2024 (06:58 AM)Révolutionnaire
En Avril, 2024 (07:23 AM)Patriote
En Avril, 2024 (12:05 PM)Participer à la Discussion