Plusieurs fois condamné et incarcéré dans le pavillon dit des spéciaux de la prison de Koléa, Sellal, comme d’autres anciens ministres, espère toujours voir l’ex-président cité en tant que témoin. Voici ce qu’il a confié à ses visiteurs.
En ce mois d’avril, à l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger, le pavillon « Pinel », spécialement réservé aux détenus, ne désemplit pas. D’anciens hauts responsables, ainsi que des hommes d’affaires qui purgent de lourdes peines dans diverses prisons du pays y sont admis sous haute protection. C’est notamment le cas de l’ex-ministre de la Justice Tayeb Louh, de l’homme d’affaires et ex-député Baha Eddine Tliba ou encore d’Abdelmalek Sellal.
Selon une source proche de sa famille, l’ancien Premier ministre (il l’a notamment été de mai 2014 à avril 2017), 72 ans, est hospitalisé depuis le 21 avril pour y subir des examens médicaux de routine.
Quasi-isolement
Il s’agit de son second séjour à Mustapha Pacha, après une admission en juillet 2020, pendant une quinzaine de jours, pour avoir été contaminé par le Covid-19. D’autres anciens caciques du régime d’Abdelaziz Bouteflika, à l’instar d’Ahmed Ouyahia, ont également été hospitalisés à la même époque après avoir contracté ce virus.
SELLAL A ÉTÉ OPÉRÉ DE LA RATE IL Y A PLUSIEURS ANNÉES ET IL SOUFFRE PAR AILLEURS D’HYPERTENSION
Sellal a été opéré de la rate il y a plusieurs années et il souffre par ailleurs d’hypertension. Mais il se porte bien et garde le moral, affirme l’un de ses avocats, qui lui rend régulièrement visite, aussi bien dans cet établissement qu’au centre pénitencier de Koléa, où il a été transféré en août 2020.
Ses conditions de détention sont « correctes », avance ce conseil, qui évoque tout de même le quasi-isolement de celui qui a détenu plusieurs portefeuilles ministériels sous la présidence de Bouteflika. Sellal occupe une petite cellule avec un lit et des sanitaires. S’il dispose de livres que ses proches lui amènent de l’extérieur, il ne bénéficie pas d’une télévision et n’a pas droit aux journaux, tout comme les autres prisonniers.
Tous n’ont également plus la possibilité de recevoir le couffin familial, en raison des restrictions sanitaires. Dans le pavillon dit des spéciaux, réservé aux anciens dignitaires du régime, Sellal peut par ailleurs croiser d’autres anciens ministres qui ont été également transférés de la prison d’El-Harrach à celle de Koléa.
Trahison et lâcheté
À ses proches qui lui rendent visite, Abdelmalek Sellal ne cache pas son amertume et sa déception à l’égard de l’attitude d’Abdelaziz Bouteflika, qui garde un silence absolu sur les condamnations et les poursuites judiciaires engagées contre ses anciens ministres. « Sellal ne comprend toujours pas pourquoi il est en prison », confie l’un de ses visiteurs.
Depuis sa démission forcée le 2 avril 2019, le président déchu ne s’est en effet jamais exprimé sur les procédures lancées contre ceux qui avaient travaillé sous ses ordres au cours de ses vingt années de pouvoir. Son silence radical sur ces multiples procès est mal vécu par ces derniers, qui n’hésitent pas à parler de « lâchage », de trahison ou encore de lâcheté. Malgré les demandes de certains avocats et prévenus, la justice refuse de convoquer Abdelaziz Bouteflika pour l’auditionner sur les dossiers de corruption impliquant ses anciens collaborateurs.
Condamné dans plusieurs affaires, notamment celles des montages automobiles, du financement de la campagne électorale de Bouteflika pour un cinquième mandat ou encore de l’homme d’affaires Ali Haddad, Sellal s’est défendu des accusations de malversation, de corruption ou de blanchiment en expliquant qu’il ne faisait qu’appliquer le programme du président et les instructions de ce dernier. « Il n’y a pas une feuille ou un document qui prouve que Sellal a enfreint la loi, observe son avocat, Mourad Khader. Il a été condamné pour des actes de gestion de souveraineté. Ce sont des procès politiques. »
Une « affaire politique »
Au cours de l’un de ces procès, en mars 2020, Sellal n’a pas hésité à impliquer directement Bouteflika en demandant sa comparution. « Il n’y avait ni justice ni Parlement et le seul pouvoir existant, c’était celui du président, a-t-il expliqué à un juge qui l’interrogeait sur les dossiers de montage et de financement de la campagne électorale. C’est une affaire politique. Le premier responsable, c’est Bouteflika. Il faut qu’il soit présent en tant que témoin. »
Plusieurs autres dossiers en cours d’instruction attendent encore Abdelmalek Sellal. Son nom est ainsi cité dans celui de Hamid Melzi, l’ancien directeur du « Club des Pins », une résidence d’État, poursuivi dans une affaire de dilapidation de biens publics, ainsi que dans celui du businessman Mohamed Laid Benamor, placé en détention depuis février 2020.
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