Le rapport de l’ONG, jugé « exclusivement à charge » par le gouvernement guinéen, dénonce notamment l’immunité dont jouissent les forces de sécurité.
Après la France, c’est au tour de la Guinée d’être épinglée pour la répression des manifestations. A moins de trois semaines de la présidentielle, Amnesty International la dénonce dans un rapport publié jeudi 30 septembre.
« Nous avons parlé à des familles meurtries qui nous ont décrit comment leurs enfants ont perdu la vie, victimes d’une balle reçue dans le dos, à la poitrine, à la tête ou au cou. Des blessés nous ont montré leurs graves séquelles au bras, genou ou pied, causées par des armes à feu, des grenades lacrymogènes ou même des véhicules des forces de sécurité », a déclaré dans ce rapport Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International.
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Le document de 63 pages souligne la responsabilité des forces de défense et de sécurité, « associées parfois à des groupes de contre-manifestants », dans les « homicides illégaux de manifestants et de passants ».
Fondée sur une centaine d’entretiens, des documents officiels et des images des manifestations, l’étude « apporte la preuve que les autorités ont agi en contradiction avec les normes nationales et internationales », selon Amnesty.
Une répression qui aurait tué au moins 50 personnes
Dans une réponse adressée le 18 septembre à l’ONG que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter, le ministère de la sécurité estime que ce rapport ne « paraît pas garantir une vision neutre et objective de la situation » et qu’il constitue un « réquisitoire exclusivement à charge contre notre gouvernement ».
« Notre gouvernement a largement fait la preuve de son engagement à respecter les libertés fondamentales », en particulier « vis-à-vis des militants de l’opposition », affirme dans sa réponse le ministère de la sécurité, en regrettant que « les efforts déployés dans l’amélioration de la gouvernance démocratique ne sont pas reconnus à leur juste valeur ».
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Selon Amnesty, la répression des manifestations, en particulier celles organisées depuis octobre 2019 par le Front national de défense de la Constitution (FNDC) contre la réforme constitutionnelle permettant au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat le 18 octobre, « a causé la mort d’au moins 50 personnes », fait quelque 200 blessés et entraîné la détention arbitraire « d’au moins 70 personnes », dont plusieurs ont décrit des traitements inhumains ou dégradants.
Le 22 mars, jour de législatives et d’un référendum constitutionnel boycottés par l’opposition, a été « particulièrement meurtrier, avec au moins 12 manifestants tués, dont neuf par balle », a souligné l’ONG. Le ministère dénonce, pour sa part, la « logique insurrectionnelle » du FNDC. Une demi-douzaine de personnes ont également été tuées lors de manifestations contre les coupures de courant et contre les barrages routiers installés dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
La « quasi-totalité » des enquêtes annoncées par les autorités sont « restées sans suite », a déploré Amnesty. Des hôpitaux ont refusé d’accepter des corps de personnes décédées pendant des manifestations, qui ne figurent donc pas dans les bilans officiels, selon le rapport.
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