Près de deux semaines après l'attaque de la ville portuaire de Palma par le groupe armé qui se fait appeler Al-Chabab, les autorités mozambicaines affirment ce lundi 5 avril reprendre progressivement le contrôle de la situation.
« Ce n'est pas encore terminé (...) mais un nombre important de terroristes ont été abattus », a déclaré devant des journalistes le commandant des opérations militaires à Palma, onze jours après l'attaque de cette ville portuaire de 75 000 habitants par des jihadistes et revendiquée par le groupe État islamique.
Le gouverneur de la province du Cabo Delgado, Valige Tauabo se montrait lui ce lundi plus triomphaliste : « Notre présence ici à Palma est le résultat du dévouement de nos forces de défense et de sécurité à la cause patriotique. Ainsi ce qu'elles rapportent et que le gouvernement a rendu public, c'est que le travail a été accompli et l'ennemi, renversé ».
Une société civile dubitative
De l'avis de nombreux experts, quelle que soit la réalité de cette reprise de Palma par les forces mozambicaines, la situation peut être renversée à tout moment par des insurgés qui ont montré leur capacité à surprendre et déjouer les plans des autorités.
Edson Cortez de l'ONG Centro de Integridade Publica (Centre de l'intégrité publique) rappelle que depuis le début du conflit, les informations qui remontent du terrain sont en contradiction avec le discours officiel : « Le gouvernement du Mozambique essaie toujours de faire passer l'image d'une situation sous contrôle. Le fait que des officiers ou des détenteurs de l'autorité publique, comme le gouverneur, affirment que les habitants pourront revenir. C'est plutôt un discours de propagande, ça ne fera pas rentrer les déplacés chez eux. »
Les voisins du Mozambique s'inquiètent d'ailleurs de cette menace jihadiste grandissante à la frontière tanzanienne. Un sommet extraordinaire de la SADC est en préparation. Maputo maintient pour le moment sa position et refuse une ingérence régionale dans ses affaires intérieures. Dans le même temps, l'Union africaine a appelé la semaine dernière à une réaction régionale et internationale urgente face à la dégradation sécuritaire dans le nord mozambicain.
Des déplacés à bout
Le nombre de personnes tuées dans l'attaque de Palma est toujours inconnu. Quant aux déplacés, les organisations onusiennes parlent d'environ 11 000 personnes secourues. Celles-ci décrivent un cauchemar vécu à Palma lors du raid jihadiste et durant leur fuite.
Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) s'inquiète des conséquences humanitaires des dernières violences. Patrick Youssef, directeur pour l'Afrique de l'organisation, explique que les populations de la région sont à bout : un contexte de pauvreté chronique, les séquelles du cyclone Kenneth, auxquels s'ajoutent les déplacements de population liés aux attaques jihadistes.
Durant notre dernière visite à Pemba, notre président et moi-même avions témoigné de 25 000 personnes qui avaient accueillis le même nombre de déplacés internes. Il y a donc 50 000 personnes qui vivent dans une précarité aiguë.
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