Au lendemain de sa fuite de Tunisie, Zine ben Ali a trouvé abri avec une partie de sa famille dans un palais de Djeddah normalement réservé par la monarchie saoudienne à des chefs d'Etat en visite en Arabie.
Celui-ci avait été initialement bâti dans un des quartiers les plus résidentiels de Djeddah à l'intention du défunt roi Fayçal.
Ben Ali, qui a dirigé la Tunisie durant 23 ans avec une poigne de fer avant de voir son pouvoir ébranlé par quatre semaines d'émeutes sanglantes, est arrivé à Djeddah tard vendredi soir après s'être vu refuser l'asile par la France.
Les autorités saoudiennes ont annoncé l'avoir accueilli au vu des "circonstances exceptionnelles" que traverse la Tunisie, mais n'ont pas précisé la durée du séjour de l'ex-président.
Des militaires saoudiens déployés autour du palais veillent à ce que Ben Ali, sa femme Leïla et les autres membres de sa famille qui ont pu fuir leur pays ne soient pas dérangés par des journalistes et autres intrus.
"Ils sont ici maintenant, mais nous avons des ordres stricts pour ne permettre à personne de le voir", confie un capitaine saoudien de faction devant l'une des sept grilles du parc du palais à la végétation luxuriante.
Le royaume a une tradition établie d'accueil d'ancien chefs d'Etat déposés ou devenus infréquentables, comme l'ancien dictateur ougandais Idi Amine Dada, un converti à l'islam, qui a fini ses jours à Djeddah en 2003.
La monarchie saoudienne se réclame du wahhabisme, une version austère de l'islam, mais Djeddah passe pour la ville la plus agréable à vivre du royaume. Hommes et femmes de familles différentes peuvent ainsi s'y afficher ensemble sur les plages ou sur la corniche qui longe la mer Rouge, un libéralisme relatif qui n'est pas mise à Ryad.
Amine Dada a vécu durant des années avec ses quatre femmes et nombreux enfants dans une villa aux frais des autorités saoudiennes. Malgré les consignes de discrétion de ses hôtes, on pouvait le croiser dans les centres commerciaux et les centres de remise en forme hauts de gamme.
L'ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a, lui aussi, vécu en exil à Djeddah jusqu'à 2007 après avoir été renversé en 1999.
Selon l'analyste politique saoudien Tourad al Amri, le royaume a donné asile à Ben Ali dans le souci de contribuer à la stabilité de la Tunisie. "Il finira quelque part (ailleurs), mais, comme l'Arabie saoudite est un pays neutre, n'a pas de relations délicates avec la Tunisie et n'est pas un pays voisin comme l'Algérie, elle aide le peuple tunisien à décider de la prochaine étape", explique-t-il.
Mais certains habitants de Djeddah ne voient pas cette initiative d'un bon oeil. "Je pense que c'est une erreur. Cela encourage les dictateurs et leur fait passer le message que s'ils agissent mal, ils peuvent se sortir du gâchis qu'ils ont provoqué", confie une jeune Saoudienne.
Mohamed al Kahtani, un opposant affiché au gouvernement de Ryad, est d'accord avec ce point de vue. "Cela montre l'entraide étroite entre régimes arabes. Cela accrédite l'idée que l'Arabie saoudite est un havre pour de tels dictateurs", regrette-t-il.
4 Commentaires
Blek
En Janvier, 2011 (20:06 PM)Quelle destinée pour Ben Ali qui se voulait leur rempart contre l'islamisme!!!
Pispado
En Janvier, 2011 (20:48 PM)Xuli
En Janvier, 2011 (21:06 PM)Bref j apprecie souvent tes posts
Madamec
En Janvier, 2011 (00:42 AM)Participer à la Discussion