Des collégiens burundais accusés d'avoir gribouillé la photo de Pierre Nkurunziza dans des manuels scolaires ont appris à leurs dépens qu'on ne badine pas avec l'image du chef de l'Etat. Mais après une région proche de la capitale, dans l'ouest du Burundi, où quelque 300 collégiens ont été chassés pour avoir abimé l’image du président. Après Muramvya, dans le centre du pays, où onze jeunes lycéens ont été arrêtés et écroués pour outrage à chef d'Etat, deux autres blessés par les tirs de la police alors qu'ils manifestaient contre ces arrestations et un passant tué par ces mêmes balles. Maintenant c’est au tour de la province de Ruyigi, dans l'extrême-est du Burundi, d'être touchée par ce phénomène.
Quelque 230 élèves du collège communal de Gihinga dans la commune de Gisuru ont été chassés de leur école lundi 13 juin, selon l'administrateur de cette commune, Aloys Ngenzirabona. Motif : ils ont refusé depuis une semaine de « dénoncer » les responsables de ces gribouillages sur les photos de Pierre Nkurunziza qui sont dans leurs manuels scolaires.
Le problème, c'est que dans toutes ces écoles, il est difficile de savoir qui exactement s'est acharné sur le visage du président burundais car chaque école dispose à peine de deux à trois dizaines de livres qui passent d'une classe à l'autre, et ces classes comptent parfois jusqu'à 70 élèves.
Au collège communal de Gihinga donc, les autorités ont distribué des feuilles de papier à tous les élèves des quatre classes de 8e et 9e année pour qu'ils y inscrivent les noms des coupables. Les collégiens, qui assurent ne pas savoir, ont remis des feuilles blanches. « On les a chassés », explique l'administrateur, qui ajoute qu’« ils ne reviendront à l'école qu'après avoir dénoncé les responsables de cet acte ignoble ».
Des dizaines de cas à Bujumbura
Selon un cadre du ministère burundais de l'Education, de tels cas ont également été découverts dans une dizaine d'écoles de Bujumbura, mais tout a été réglé « discrètement », les parents d'élèves ayant accepté de payer pour remplacer les livres abîmés.
A Muramvya où des lycéens croupissent aujourd'hui en prison, le gouverneur de province avait justifié cette sévérité en expliquant qu'après Dieu venait le roi.
« Aujourd'hui, le roi du Burundi c'est le président Nkurunziza », avait martelé Emmanuel Niyungeko.
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