Un communiqué du FPRC de Noureddine Adam laisse entendre que les deux chefs de guerre parmi les plus puissants du pays sont prêts à faire cause commune. Un revirement majeur.
C’est potentiellement un tournant majeur dans le conflit centrafricain. Un communiqué du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) de Noureddine Adam envoyé ce jeudi 19 octobre à Jeune Afrique fait de Ali Darassa, chef de l’Union pour la Centrafrique (UPC), le nouveau « vice-président du Conseil national de défense et de sécurité (CNDS) de la Coalition emmenée par le FPRC ».
Ce communiqué, daté du 15 octobre, a été rédigé depuis Birao, dans l’extrême nord du pays, et est signé de la main de Noureddine Adam. Abdoulaye Issène Ramadane est pour sa part nommé président de ce « CNDS ».
Première conséquence de ce retournement : plusieurs sources concordantes affirment à Jeune Afrique que cette nouvelle coalition organisée autour du FPRC et de l’UPC s’apprête à demander à ses partisans ministres ou conseillers à la présidence de quitter leur fonction auprès du gouvernement.
Depuis des mois, l’UPC affronte la Coalition. De nombreuses violences qui frappent le pays depuis 2017 sont liées à cette guerre entre des groupes qui agissaient auparavant au sein d’une Séléka unie. Ce revirement serait le fruit de négociations menées depuis le Soudan entre des émissaires des deux groupes armés. La réconciliation entre les frères ennemis serait aussi due à l’intervention de sultans du Nord du pays. Le lundi 9 octobre, les deux groupes ont apposé leur signature à un accord de cessez-le-feu, portant sur une partie seulement du territoire centrafricain.
Un rapprochement qui se préparait depuis des semaines
Le même jour, dimanche 15 octobre, le bureau politique du FPRC a émis un communiqué pour présenter ses condoléances aux familles endeuillées après les massacres du 10 octobre à Kembe, dans le sud-ouest, où des Musulmans ont été pris à parti et massacrés, probablement par des anti-balaka.
Dans ce communiqué, qui prend à témoin la communauté internationale, le FPRC ne craint pas de pointer du doigt les forces armées centrafricaines, les dépeignant comme des complices de ces massacres. Depuis quelques temps déjà, le FPRC adopte un discours de défense de la minorité musulmane, une rhétorique jusqu’alors plutôt attribuée à Darassa.
Autre indice, qui pouvait laisser présager un rapprochement éventuel : Hassan Bouba, récemment nommé conseiller à la présidence multipliait les allers-retours entre l’UPC et le FPRC depuis déjà quelques temps.
Nervosité au sein des groupes armés
Enfin, dans les rangs du FPRC, les combattants ne cachaient plus leur mécontentement à l’égard de certains de leurs chefs, déplorant le manque d’action. Malgré la volonté du président Faustin-Archange Touadéra de se montrer conciliant en multipliant les nominations d’ex-Séléka au gouvernement, les groupes issus de la Séléka et certaines franges des anti-balaka semblent nerveux.
Et pour cause : au-delà des violences contre les Musulmans, les procédures judiciaires visant les chefs de guerre risquent de s’ouvrir un jour ou l’autre et la présidence refuse d’envisager l’amnistie que ces derniers exigent.
Le 17 octobre, la mission onusienne en Centrafrique, la Minusca a rendu public un rapport Sur les violations du droit international dans les préfectures de la Haute-Kotto et de la Ouaka entre novembre 2016 et février 2017. Le document impute aux affrontements armés entre le FPRC et l’UPC ces violations et cite Darassa et Adam.
Aujourd’hui, Ali Darassa risque de se déplacer en direction de Bria, dans le centre du pays. Adam, lui est toujours dans le nord, vers Birao. Issene et Darassa ont décidé le 19 au soir l’envoi de renforts armés vers Pombolo et Kembe, où des civils musulmans sont toujours ciblés et ce alors même que la Minusca a aussi, de son côté, annoncé l’envoi de renforts dans les mêmes régions.
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Anonyme
En Octobre, 2017 (00:23 AM)Participer à la Discussion