Quatre corps, criblés de balles et partiellement dévêtus, gisaient sur une
route du quartier populaire d'Abobo, fief des partisans de M. Ouattara, a
constaté dimanche un journaliste de l'AFP. Les victimes paraissaient âgées
d'une vingtaine d'années.
Ces corps ont été vus dans la zone du Plateau Dokui, près de la route du
zoo.
Un habitant rencontré sur place par le journaliste de l'AFP a affirmé avoir
vu quatre autres corps, dans un autre quartier d'Abobo, dans la zone de la
Sodeci, à l'entrée sud d'Abobo.
Le bilan pourrait être bien plus élevé. Un peu plus tôt dans la matinée, à
côté de l'église Sainte-Monique d'Abobo, un corps recouvert d'un grand sac
noir était visible.
Une habitante a également rapporté au témoin rencontré par l'AFP avoir vu
"dans un bas-fond" d'Abobo deux autres corps. Mais il n'a pas été possible de
vérifier cette information dans l'immédiat.
Le camp Ouattara a dénoncé samedi des "tueries aveugles" de "civils
innocents", qualifiant l'opération militaire, la première d'envergure menée par
les forces pro-Gbagbo depuis le début de la crise post-électorale fin
novembre, d'"offensive du désespoir".
Un important déploiement des forces de sécurité pro-Gbagbo était visible
dimanche matin à l'entrée sud d'Abobo.
Aucun tir d'arme lourde n'a toutefois été rapporté dans la nuit et dimanche
matin. La vie reprenait progressivement, les commerces avaient rouvert, les
minibus circulaient, des habitants se rendaient à l'église.
Quartier le plus peuplé d'Abidjan, ville dans la ville avec quelque 1,5
million d'habitants, Abobo est devenu l'épicentre de la crise post-électorale,
qui a fait près de 400 morts dans le pays selon l'ONU.
Cette brutale dégradation de la situation intervient après le sommet jeudi
de l'Union africaine à Addis Abeba ayant confirmé le blocage politique: si
l'UA a confirmé qu'elle reconnaissait M. Ouattara comme le président élu, le
camp Gbagbo a catégoriquement rejeté cette position.
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