Au lendemain de l'arrestation du président sortant Laurent Gbagbo, les violences se poursuivaient à Abidjan, ce mardi 12 avril 2011. Les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) d'Alassane Ouattara ou des hommes armés se réclamant de lui mènent véritable chasse à l'homme contre les milices et militaires gbagbistes, ou ceux qu'ils considèrent comme tels. A Yopougon et Koumassi notamment, la traque se fait sans discernement. Des témoins signalent des exactions et de nombreuses exécutions sommaires.
Malgré l’arrestation du président sortant Laurent Gbagbo, la crise n’est pas terminée à Abidjan ce mardi. Dans plusieurs quartiers, la population vit dans la peur du fait des hommes en armes qui circulent dans les quartiers. « L’arrestation de Gbagbo est une grande joie pour nous, expliquait un homme à notre envoyé spécial ce mardi matin. Mais dans mon quartier, Yopougon, beaucoup de jeunes ont des armes. Ils risquent de se venger ». « On a peur des représailles », disait un autre. « Il y a beaucoup d’armes qui circulent. On ne se sent toujours pas en sécurité », indiquait un troisième.
Effectivement, les ratissages des FRCI (pro-Ouattara) suscitent la terreur, en particulier à Yopougon, un quartier du nord d'Abidjan majoritairement favorable au président sortant. De nombreux témoignages font état de véritables chasses à l'homme. Les soldats ou des jeunes en armes pro-Ouattara recherchent des miliciens et militaires pro-Gbagbo. « Hier, ils sont rentrés dans le quartier de Sicogi, précisément, à Yopougon, et ils ont ouvert le feu. Il y a eu 17 victimes, a affirmé Arnaud, un habitant, joint par RFI, qui a fui les exactions. Ce matin, encore, ils continuaient à [faire du] porte à porte.(...) Ils disent que ce sont les garçons qui constituent les miliciens de Gbagbo ».
Témoignage d'Arnaud, de Yopougon, qui a fui les exactions.
Cet homme dit faire partie des cibles, même s'il dit ne pas être lui-même milicien:
Ce n’est pas écrit sur mon visage. Quand ils te voient bien bâti, bien valide, ils ne cherchent plus à comprendre. Parce que, là bas, tout le monde est considéré comme pro-Gbagbo. Ce qui n’est pas forcément vérifié. C’est ça qui nous effraye. Donc, on a préféré quitter tous le quartier. On est allé se réfugier dans une cachette en lieu sûr.
Deux témoins joints par RFI, confirment que de nombreux jeunes hommes du quartier ont fui leur domicile ou se cachent comme ils peuvent.
De l'autre côté de la lagune, dans le quartier de Koumassi, des témoins font également état d'opérations de ratissage, souvent sans discernement.
Que sont devenus les caciques du régime Gbagbo ?
Cent six personnes ont été conduites de force, lundi 11 avril 2011 dans après-midi, de la résidence présidentielle à l'Hôtel du Golf. Depuis ce mardi matin, elles ne sont plus que cent cinq. Désiré Tagro est décédé dans une clinique d'Abidjan après avoir reçu une balle dans la mâchoire. Guillaume Soro a ordonné une autopsie pour déterminer si le secrétaire général de la présidence de Laurent Gbagbo est mort suite à un tir des FRCI (Forces républicaines de Côte d'Ivoire, pro-Ouattara) ou s'il s'est suicidé. Depuis lundi après-midi, Laurent Gbagbo et ses proches sont retenus dans trois points différents de l'hôtel. Le président sortant, son épouse Simone, les enfants et les petits enfants arrivés totalement apeurés et affamés sont sécurisés dans une suite située au quatrième étage. D'autres notables du FPI (Front populaire ivoirien), tels que Aboudramane Sangaré et sa mère, ont eu aussi droit à une chambre. Pour échapper au lynchage, des dizaines d'autres ont été mis en sécurité au « Flamboyant », le bar de l'hôtel. Enfin, les militaires mais aussi du personnel de la résidence ont été déshabillés et se retrouvent désormais captifs sur les cours de tennis du palace. Ce mardi, d'autres caciques du régime Gbagbo, tel que le ministre de l'Economie Désiré Dallo, sont venus trouver refuge au quartier général d'Alassane Ouattara. Pascal Affi Nguessan, le président du FPI, et Ahoua Don Mello, le porte-parole de Laurent Gbagbo, ont eux été aperçus sur la base militaire française de Port-Bouët. Le mystère demeure concernant Charles Blé Goudé. Selon ses proches, le leader des jeunes patriotes se cache actuellement en dehors d'Abidjan.
D'autres témoignages font état d'actes comparables dans les quartiers de Zone 2 et Zone 4.
1 Commentaires
Zeus
En Avril, 2011 (20:20 PM)Participer à la Discussion