Quatre ex-rebelles démobilisés ont été tués et au moins une quinzaine blessés mardi lors de la dispersion de leur attroupement par les forces de sécurité à Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire et épicentre des mutineries de soldats en janvier et mai. Le ministère de l'Intérieur a rejeté la responsabilité sur les démobilisés, affirmant que ces décès étaient dus à l'explosion d'une grenade dégoupillée par des manifestants.
Trois ex-rebelles démobilisés ont été tués et au moins une dizaine blessés ce 23 mai lors de la dispersion de leur attroupement par les forces de sécurité à Bouaké, deuxième ville de Côte d’Ivoire et épicentre des mutineries de soldats en janvier et mai. Leurs corps ensanglantés ont été amenés au Centre hospitalier universitaire de Bouaké peu après l’assaut des forces de police qui ont disper
Une quatrième personne gravement blessée est décédée vers midi à l’hôpital, a indiqué un démobilisé à Jeune Afrique. Une information confirmée par une source hospitalière citée par l’AFP.
« C’est grave ce qui est arrivé. Je ne sais que dire. Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse tirer sur des personnes aux mains nues qui manifestaient », s’indigne auprès de l’AFP Amadou Ouattara, porte-parole adjoint des démobilisés.
« Les forces de l’ordre nous ont chargé vers 8 heures au niveau du corridor sud. J’ai vu des hommes de la Brigade anti-émeute (BAE), des CRS, et des policiers. C’était très violent », explique un démobilisé présent lors des affrontements, contacté par Jeune Afrique en milieu de matinée.
« Ils ont commencé à nous charger, à nous asperger de gaz lacrymogènes, mais on se devait de résister », affirme Amadou Ouattara auprès de Jeune Afrique.
« Une grenade a explosé en leur sein », selon les autorités
Selon un communiqué du ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, « des centaines de démobilisés ont occupé le corridor sud, le lundi aux alentours de 14 heures, bloquant la circulation sur la voie internationale. Plusieurs tentatives de négociation ont été rejetées par les manifestants ».
En vue de permettre la reprise normale du trafic, « les forces de sécurité ont déployé les moyens conventionnels, afin de maintenir l’ordre ce mardi matin. Cependant, certains des manifestants armés ont dégoupillé une grenade offensive qui a explosé en leur sein », poursuit le communiqué qui fait état de 3 morts suite à l’éclat des fragments de grenade et de 14 blessés dont quatre dans un état grave.
« Du côté des forces de l’ordre, trois éléments de la Gendarmerie et deux éléments de police ont été blessés par des projectiles », précise le texte.
« Le Gouvernement appelle au calme et invite nos concitoyens à poser leurs préoccupations aux autorités dans le calme et dans le respect des lois », conclut le communiqué.
Journée d’action après la mort d’un démobilisé
Les démobilisés qui réclament des primes, et dont le nombre est estimé à environ 6 000 à travers le pays, sont d’anciens rebelles qui n’ont pas été intégrés à l’armée, contrairement aux mutins. Lors de la mutinerie mi-mai, un démobilisé avait été tué à Bouaké par des soldats révoltés qui estimaient que les revendications des démobilisés mettaient en péril le paiement de leurs primes.
Le défunt devait être enterré lundi 22 mai et les démobilisés avaient appelé à une journée d’action pour ses funérailles. Ils ont bloqué l’entrée sud de Bouaké et l’entrée nord de la ville de Korhogo, dans le nord du pays, dans la journée alors qu’une cinquantaine d’entre eux ont vainement tenté de bloquer l’entrée nord d’Abidjan.
Les démobilisés réclament 18 millions de francs CFA de primes (27 000 euros) alors que les mutins ont obtenu 12 millions (18 000 euros) après avoir mené deux mouvements en janvier et mai. « Nous aussi on était sur le terrain, nous aussi nous avons fait la guerre, mais nous sommes les seuls sur le carreau », déplore Amadou Ouattara.
« Nous sommes rentrés pour éviter que la situation ne dégénère comme à Bouaké »
À Korhogo, les démobilisés qui occupaient l’entrée nord depuis la veille ont quitté les lieux dans la matinée sans incident. « Nous sommes rentrés chez nous et nous avons appelé tous les démobilisés dans les autres villes à faire de même pour éviter que la situation ne dégénère comme à Bouaké », explique un responsable de la « cellule 39 », une organisation de démobilisés.
La ministre de la Solidarité Mariatou Koné, qui s’était rendue à Bouaké hier, a affirmé brièvement : « J’appelle au calme car la violence ne règle rien ». « Il faut que la paix règne en Côte d’Ivoire », a-t-elle encore déclaré en prônant « la voie de la négociation et du dialogue ».
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