De nombreux commerces sont restés portes closes, lundi, à Addis Abeba et dans sa région, pour protester contre l'état d'urgence instauré en Éthiopie depuis la démission surprise du Premier ministre Hailemariam Desalegn, le 15 février.
De nombreux commerces étaient fermés, lundi 5 mars, à Addis Abeba et dans sa région, en guise de protestation contre l'état d'urgence imposé par le gouvernement éthiopien mi-février, au lendemain de la démission surprise du Premier ministre, Hailemariam Desalegn, après six ans à la tête du deuxième pays le plus peuplé d'Afrique. Une mesure qui interdit toute grève ou entrave à la circulation.
Dans la capitale éthiopienne et dans plusieurs localités de sa périphérie en région oromo (sud et ouest), la plus importante ethnie du pays, - et principal foyer de la contestation antigouvernementale de ces trois dernières années -, les rues étaient inhabituellement calmes et de nombreux magasins n'avaient pas ouvert leurs portes.
"Nous avons peur. La grève est une réponse à la crainte" que nous inspire l'état d'urgence, a expliqué à l'AFP un habitant de Burayu, sous couvert de l'anonymat .
La région oromo entoure Addis Abeba et sur les axes routiers de sortie de la capitale, de nombreux bus et poids lourds étaient en file indienne à l'arrêt, de peur d'être pris pour cible s'ils s'aventuraient en dehors de la ville.
L'expression d'une frustration
Un premier état d'urgence, instauré entre octobre 2016 et août 2017, avait ramené, au prix de milliers d'arrestations, un calme relatif dans le pays, confronté à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel régime, en 1991.
Le mouvement de protestation avait débuté fin 2015 en région oromo, puis s'était étendu courant 2016 à d'autres régions, dont celle des Amhara (nord). Sa répression a fait au moins 940 morts.
Ces manifestations étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo et des Amhara, qui représentent 60 % de la population, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (l'EPRDF).
Les quatre partis qui forment l'EPRDF ont multiplié ces derniers jours des consultations internes en vue de la nomination prochaine d'un successeur à Hailemariam Desalegn, qui reste en poste jusqu'à ce que son remplaçant soit connu.
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