Cinq figures de l'opposition interpellées la semaine dernière en Guinée, dans la foulée des violences qui ont suivi la réélection controversée du président Alpha Condé, ont été inculpées pour «atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation» et écrouées à Conakry, ont confirmé lundi 16 novembre leur avocat.
Cellou Baldé, Ousmane Gaoual Diallo, Abdoulaye Bah et Etienne Soropogui ont été déférés lundi devant un juge d'instruction du tribunal de Dixinn, dans la banlieue de Conakry, qui les a inculpés de «fabrication et détention d'armes de guerre et atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation», a indiqué leur avocat, Salifou Béavogui. Ils ont été placés sous mandat de dépôt et transféré à la prison civile de Conakry, selon la même source. Un autre opposant, Ibrahima Chérif Bah, avait été inculpé pour les mêmes motifs et placé sous mandat de dépôt dès vendredi, selon Béavogui.
«Nos clients sont toujours séparés (les uns des autres)», a déclaré lundi Béavogui à un groupe de journalistes. Ils sont «confiants, le moral au beau fixe parce qu'ils sont convaincus de leur innocence, ils sont simplement poursuivis pour des raisons politiques», a-t-il ajouté. Le procureur du tribunal de Dixinn, Sidy Souleymane Ndiaye, n'a pas souhaité s'exprimer.
Le parquet avait déclaré que ces cinq hommes figurent parmi les six opposants déclarés comme «activement» recherchés à la suite des violences électorales, et plus précisément pour avoir «proféré des menaces de nature à troubler la sécurité et l'ordre publics».
Cellou Baldé, Ibrahima Chérif Bah, Ousmane Gaoual Diallo et Abdoulaye Bah sont des responsables de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti dirigé par le principal challenger de Condé à la présidentielle, Cellou Dalein Diallo. Etienne Soropogui est également une figure d'opposition qui avait appelé à voter pour Diallo. Le sixième opposant, Sékou Koundouno, également membre de l'UFDG, était toujours recherché lundi.
Condé, définitivement proclamé le 7 novembre par la Cour constitutionnelle président de la Guinée pour un troisième mandat consécutif à l'âge de 82 ans, après des mois d'une contestation qui aura coûté la vie à des dizaines de civils, affirme qu'aucune «chasse aux sorcières» n'était en cours dans son pays. «Il n'y a pas de chasse aux sorcières. Personne n'est ciblé, sauf les gens qui sont accusés d'avoir commandité» les violences autour du récent scrutin présidentiel, a déclaré Condé, interrogé vendredi 13 novembre par l'AFP et la radio RFI. «Puisque nous avons arrêté des gens, c'est à la justice de trancher», a-t-il ajouté.
L'opposition dénonce une opération visant à la museler et à faire oublier le «coup d'État électoral» auquel s'est livré selon elle le président Alpha Condé.
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