Moustapha Thiouccoudy DIENG President Mouvement Jeunesse pour L’emergence d’une Guinée Nouvelle (MJEGN)Cent jours que Alpha Condé a prêté serment et a effectivement pris fonction, les guinéens qui végètent dans une misère depuis 52 ans attendent toujours les premières reformes pour un véritable décollage économique.Si la majorité des guinéens s’impatientent pour l’amélioration de leur revenu quotidien, pour l’accès à l’eau potable et à l’électricité, il est utopique de dire qu’Alpha Condé pouvait régler ces problèmes en trois mois de séjour à Sekhoutouréyah.
Toutefois, le retard pris dans la mise en œuvre de véritables reformes pour le décollage économique de Guinée commence à inquiéter plus d’un guinéen.
De la Formation du Gouvernement
Ceux qui avaient pensé que le président Alpha Condé allait constituer un gouvernement avec de fortes personnalités, de technocrates rompus à la tâche pour régler, dans un bref délai, les innombrables problèmes sociaux de base de la Guinée ont été forcement déçus. L’on s’accorde généralement à dire que la première grande déception est venue de la composition du gouvernement. Le premier gouvernement d’Alpha Condé était censé marquer une certaine rupture, donc un « changement » avec tous les gouvernements qui se sont succédé en Guinée avec les résultats connus. Que nenni ! La montagne a accouché d’une souris par la nomination d’un premier ministre parfaitement inconnu des guinéens et sans carnet d’adresses….
La deuxième déception viendra de la qualité et de la quantité des membres du gouvernement. En effet, nommés sans structure gouvernementale donc sans objectifs précis ni domaines de compétences bien définis, un essaim de 43 ministres a été décreté, souvent avec des portefeuilles superfétatoires notamment avec deux ministres de la sécurité, deux ministres des affaires sociales, deux ministres des guinéens de l’étranger et deux ministres des transports.
Certains portefeuilles ministériels sont attribués à des hommes qui n’avaient pas de compétences avérées dans leurs domaines ou – plus grave-qui avaient une moralité douteuse dans un gouvernement dit de « Changement » : ministère des Affaires étrangères, ministère de Agriculture, ministère des postes et télécommunications et des Nouvelles Technologies de l’information etc….
Pour un homme qui a « hérité d’un pays, mais pas d’un Etat », il eût été mieux de crédibiliser l’Etat en le dotant d’une structure gouvernementale lisible, délimitée, fonctionnant avec des hommes rigoureux, compétents, intègres et n’ayant été "mêlés de près ou de loin à des malversations financières". Ce ne fut pas toujours le cas. Hélas !
Des problèmes sociaux de base …..
Force est de constater qu’en cent jours de présidence d’Alpha Condé, le manque d’eau, d’électricité, de nourriture, d’infrastructures sanitaires, routières se pose avec la même acuité à Conakry et dans les villes de province. En vérité, Alpha Condé comptait énormément sur le gouvernement libyen pour financer son programme minimum d’urgence. Il espérait ainsi faire une bonne surprise aux guinéens en leur fournissant un accès rapide à l’eau et l’électricité courantes, avant les élections législatives. Le sort en a décidé autrement avec les événements en Libye.Mais, le gouvernement semble avoir un plan B.
Il s’agit des négociations pour la rétrocession d’une partie du montant des plus values boursières de certaines compagnies minières détentrices de titres miniers en Guinée, mais ces négociations avancent cahin-caha. Et, le gouvernement Condé compte là-dessus, suite à la défection de la Libye, pour financer son programme minimum d’urgence avant les élections législatives.
Des premières mesures concrètes.
Sans aucun doute, le gouvernement d’Alpha Condé a réussi un coup dans le domaine de la sécurité. En effet, les innombrables et inefficaces barrages tenus par la police et la gendarmerie à Conakry et à l’intérieur du pays ont été supprimés.
Concernant la circulation routière, une meilleure gestion du flux des véhicules selon les horaires de travail a permis de réduire considérablement les embouteillages à Conakry. De même, les armes de guerre (chars, mitraillettes et fusils d’assaut, etc.) sont de moins en moins visibles à Conakry.
Sur le plan diplomatique, la Guinée est devenue fréquentable. C’est ainsi qu’Alpha Condé a pu se rendre notamment au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal, au sommet de l’Union Africaine et en France. Sur le plan financier, l’érection du principe de l’unicité des caisses de l’Etat en une loi de la république est à saluer, car cela dénote de la volonté de rompre avec les détournements des deniers publics avec les régies financières parallèles
Parmi les mesures volontaristes mais ratées, il faut citer notamment la fourniture des populations en riz bon marché et l’interdiction du marché parallèle des devises. Comme le gouvernement se veut commerçant, il devrait envisager un approvisionnement abondant et suffisant, dans les deux cas, pour éviter toute spéculation…..
Des promesses non encore tenues et des secteurs oubliés.
Alpha Condé avait promis lors de sa campagne électorale de faire les états généraux de l’éducation, de la santé, de la justice etc. Plus de trois après sa prise de fonction, seuls les états généraux de la justice ont débuté. Or, ce sont les résultats des travaux des états généraux de ces différents secteurs qui devront définir la politique du gouvernement à court, moyen et long terme.
L’objectif de l’autosuffisance alimentaire, promesse électorale du président Condé, reste un mirage. Pis, le département de l’agriculture a été confié à un ministre qui n’avait d’expériences que dans…..le transit. Pourtant, Alpha Condé est conscient que « la Guinée est d’abord un scandale agricole avant d’être un scandale géologique ».
L’opération de vente du riz est en train de tourner au ridicule. De véritables chasses à l’homme sont organisées pour traquer toute personne revendant le sac de riz ayant le même modèle que celui de l’Etat, alors que le commerce n’est pas interdit ! De même, le marché parallèle des devises a été interdit alors que les banques n’ont pas suffisamment de devises pour satisfaire toutes les demandes.
La pêche a été confiée à un armateur, sans qu’aucune politique de pêche ne soit définie. La surveillance maritime a baissé les bras, le ministre étant lui-même un pêcheur, laissant un champ libre à une pêche sauvage et incontrôlée par des bateaux de pêche asiatiques, opérant même dans les zones de ponte et de reproductions des poissons. Ce « braconnage « des produits halieutiques guinéens est fait au nez et à la barbe des surveillants, tantôt corrompus tantôt intimidés par l’ « autorité supérieure » de la pêche.Aucune initiative pour rehausser les taxes et impôts sur les biens de consommation nuisibles à la santé publique comme le tabac et l’alcool. Ce qui aura pour conséquence de réduire la facture de la santé publique et d’augmenter sensiblement les recettes de l’Etat. Des compagnies étrangères : la carotte et le bâton.
Alpha Condé n’a pas hésité un seul instant de résilier la concession de 25 ans qui liait l’Etat guinéen à la société française Necotrans relative à la gestion du port de Conakry. En outre, des compagnies minières comme Rio Tinto sont régulièrement menacées de non renouvellement de permis. De même, des discussions âpres sont engagées avec le minier Vale, Bellzone etc…. Le tout dans une ambiance de menace de renégociation dans un nouveau code minier dans lequel la Guinée veut s’octroyer 45 pour cent de toutes les parts sociales des compagnies minières présentes sur son sol.
le président guinéen supplie les compagnies françaises de revenir en Guinée notamment EDF pour l’électricité, la SAUR pour l’eau et GeoCoton pour la relance sur secteur cotonnier.Ces décisions parfois ambigües, approximatives voire contradictoires mettent à nu l’inexpérience de gestion de la chose publique du nouveau chef d’Etat guinéen. En dépit d’un volontarisme et d’un patriotisme au dessus de tout soupçon.
Qu’on ne s’y trompe pas : le peuple de Guinée accepte les reformes, même si elles peuvent être douloureuses, mais à condition qu’elles soient justes et surtout qu’elles lui donnent l’espoir qui lui permette d’endurer sa douleur. Alpha Condé le sait peut-être. A lui, de prouver au peuple de Guinée qu’il n’est pas arrivé au pouvoir, essoufflé par 40 ans de lutte politique. Et qu’en sus de son opiniâtreté et de ses subterfuges pour la conquête du pouvoir, il lui reste des arguments pour la gestion du pouvoir. Mais, cela commence par donner l’espoir au peuple de Guinée, qui commence à le perdre…..
4 Commentaires
Minerve
En Avril, 2011 (21:45 PM)Definite
En Avril, 2011 (22:45 PM)Undefined
En Avril, 2011 (22:50 PM)Soussou
En Avril, 2011 (22:59 PM)BRADE LE PORT DE GUINEE A BOLORE
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En Novembre, 2021 (07:40 AM)Participer à la Discussion