En RDC, le nouveau gouvernement est tombé lundi soir quelques minutes avant minuit et la fin officielle du mandat du président Joseph Kabila. Un mandat qui s'achève sans que son successeur n'ait été élu. Le chef de l'Etat est pourtant toujours en place à la faveur d'un accord conclu avec une partie de l'opposition et alors que le dialogue politique est toujours en cours mais suspendu. La situation politique est donc assez confuse.
La Constitution prévoyait la fin du dernier mandat de Joseph Kabila lundi soir à minuit. Mais le chef de l'Etat est toujours en poste et a nommé un nouveau gouvernement, sans attendre donc les résultats de la médiation de l'Eglise catholique visant à sortir le pays de la crise politique. Il est 23h50 lorsque la radio-télévision nationale congolaise interrompt ses programmes pour donner la liste des ministres du nouveau gouvernement. Un nouveau cabinet dirigé par un transfuge de l'UDPS, Samy Badibanga et composé de plusieurs ministres d'opposition ayant joué comme lui le jeu du « dialogue national », proposé par Joseph Kabila. Parmi eux, José Makila au ministère des Transports, Steve Mbikayi à l’Enseignement supérieur ou encore Aimé Boji au Commerce extérieur.
Pour un proche de la présidence, la nomination de ce gouvernement d'union nationale le 19 décembre à minuit est hautement symbolique. « Ce n'est pas une fin de mandat, c'est un nouveau départ pour nous amener aux élections », indique-t-il. Lundi 19 décembre, le conseiller diplomatique du président Kabila, Barnabé Kikaya Bin Karubi, a rappelé que cette prolongation avait été autorisée en mai par la Cour constitutionnelle. En effet, les juges avaient estimé qu'il ne fallait pas de vide à la tête de l'Etat et que Joseph Kabila pourrait prolonger son mandat jusqu'à l'installation du prochain président.
Mais jusqu'à quand sera-t-il en poste ? C'est toute la question. Mi-octobre, le pouvoir et une partie de l'opposition ont signé un accord prévoyant une présidentielle pour avril 2018. Un compromis loin de faire l'unanimité et pour cause, les autres mouvements d'opposition, les plus importants, n'ont jamais voulu le signer.
Durant plusieurs mois, ces derniers avaient résisté à de multiples appels du pied. Mais finalement, la Conférence épiscopale du Congo avait convaincu les ténors de l'opposition de s'assoir à la même table que la majorité, dans des négociations de la dernière chance.
Un dialogue très tendu avec des points de blocages cruciaux sur le sort de Joseph Kabila après le 19 décembre, ou encore la durée de la transition, jugée bien trop longue par les opposants. Les discussions ont finalement été suspendues samedi dernier. Elles doivent reprendre ce mercredi 21 décembre. Le pouvoir, lui, a donc préféré ne pas attendre pour nommer son nouveau gouvernement.
Des violences à déplorer dans certaines villes
Le mandat du président Joseph Kabila s'est donc officiellement terminé lundi soir 19 décembre à minuit. Si l'opposition n'avait toutefois pas appelé à manifester, on s'attendait à voir les adversaires du chef de l'Etat descendre dans la rue pour demander son départ. Sauf que dans la plupart des grandes villes, un imposant dispositif sécuritaire avait été déployé et des dizaines de personnes ont été interpellées. Selon le Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'homme en RDC, 28 personnes ont cependant été arrêtées lundi à Kinshasa, 41 à Goma et cinq à Bukavu. Certaines violences ont d'ailleurs été à déplorer.
Journée ville morte à Kinshasa où ont résonné concerts de sifflets et de tambours, symboles du «carton rouge» de l'opposition à Joseph Kabila: écoutez le reportage de notre correspondante
20-12-2016 - Par Sonia Rolley
Le scénario a été quasiment le même d'une grande ville à l'autre : des policiers et militaires déployés en masse un peu partout et des habitants le plus souvent terrés chez eux. A Kinshasa, où on craignait des débordements, les forces de l'ordre avaient quadrillé la ville et notamment les quartiers populaires. Chars et camions militaires étaient visibles. Plusieurs centaines d'étudiants ont quand même tenté de se rassembler, mais la zone a été bouclée jusque dans l'après-midi.
Même démonstration de force dans d'autres grandes localités. C'est à Goma, dans l'Est, où des opposants ont essayé de descendre dans la rue, que le plus grand nombre d'arrestations aurait eu lieu. « Un rassemblement était prévu mais la ville avait été militarisée », explique un militant d'opposition. « On a intimidé les gens. Policiers et soldats étaient comme des chiens envoyés pour mordre », ajoute-t-il.
A Bukavu, la société civile avait appelé à une ville morte. Dans la matinée, certains militants ont voulu sensibiliser la population au besoin d'alternance. L'opération a vite avorté suite à des arrestations. « La présence policière a créé la psychose », raconte un habitant, décrivant une ville quasi déserte et aux magasins souvent fermés. Même peur palpable à Lubumbashi ou encore Mbuji Mayi. « Cette répression ne fait qu'augmenter la colère. Ça peut entraîner un déchaînement », estime un habitant.
1 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2016 (15:33 PM)Participer à la Discussion