Les Nations unies ont dénoncé la mort ou la disparition de plusieurs dizaines de civils, victimes selon elles de policiers congolais lors d'une grande opération antibanditisme à Kinshasa entre novembre 2013 et février 2014.
"L'opération 'Likofi' ['coup de poing' en lingala, ndlr] a fait au moins 41 victimes", neuf lors d'"exécutions sommaires", et 32 de "disparitions forcées", écrit le Bureau des Nations unies aux droits de l'Homme dans un rapport publié mercredi à Kinshasa. Le nombre total de victimes pourrait être beaucoup plus élevé, ajoute le rapport, notant que les enquêteurs de l'ONU ont dû faire face à des difficultés diverses comme la réticence des proches des victimes et de plusieurs témoins à s'exprimer, par peur de représailles.
Le document accuse des agents de la police congolaise d'être responsables de ces crimes. La majorité des victimes d'exécutions sommaires ont été abattues "dans leur quartier, parfois à la sortie de leur domicile". L'ONU indique avoir obtenu des informations de sources concordantes sur "l'implication d'un haut-gradé de la police de Kinshasa et de plusieurs officiers de police" dans les crimes qu'elle a identifiés.
Elle demande aux autorités congolaises de "mener des enquêtes promptes, indépendantes, crédibles et impartiales" et de "traduire en justice tous les auteurs présumés de ces violations, quel que soit leur rang". Interrogé par l'AFP, le commissaire général adjoint de la police congolaise, le général Gaston Luzembo, a indiqué qu'une "instruction (était) en cours à l'inspection générale de la police" sur l'opération Likofi.
Le rapport onusien publie une lettre de réponse du ministre de l'Intérieur, Richard Muyej, indiquant que les "écarts de comportement avérés" de policiers pendant l'opération Likofi ont retenu l'attention des autorités et "ont fait l'objet de procédures judiciaires qui ont abouti à des condamnations définitives" dont le ministre ne précise pas le nombre.
L'opération Likofi a mobilisé plusieurs centaines de policiers du 15 novembre 2013 au 15 février 2014 avec le but affiché de débarrasser la capitale congolaise des "kulunas", bandits habituellement armés de machettes, qui semaient la terreur dans certains quartiers de Kinshasa. Plusieurs organisations locales de défenses des droits de l'Homme ont accusé la police d'avoir fait preuve d'une violence hors de proportion pendant cette opération, surtout au début.
Depuis quelque temps la presse congolaise évoque une recrudescence de la criminalité à Kinshasa dans certains quartiers après la relative accalmie qui avait suivi l'opération Likofi, notamment en raison du retour présumé de certains kulunas expulsés de Brazzaville, sur l'autre rive du fleuve Congo.
1 Commentaires
@tiédo
En Octobre, 2014 (17:29 PM)Thiédo Fall, le vrai
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