"Nous sommes très, très proches de la guerre civile à Abidjan." C'est le constat alarmant qu'a dressé, vendredi 25 mars, l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, en raison des violences post-électorales dont la capitale économique ivoirienne est le théâtre. "Il n'y a plus ni loi, ni ordre, l'accès à l'aide humanitaire est de plus en plus difficile, les hôpitaux ferment", a-t-il ajouté.
Dans le même temps, plusieurs centaines de "mercenaires pillent, violent et tuent" dans la région de Guiglo, dans l'ouest du pays, selon le porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) à Abidjan, Jacques Franquin. Les militaires fidèles au président sortant, Laurent Gbagbo, affrontent depuis fin février dans cette région les forces soutenant le président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, mais "une troisième force est intervenue, les mercenaires libériens", venus de ce pays voisin de la Côte d'Ivoire.
"Nous sommes très inquiets, les populations sont paniquées", a-t-il ajouté. "Guiglo est dans une zone de non-droit, il n'y a plus de police qui fonctionne, tout le monde fait ce qu'il veut", a-t-il dit.
JUSQU'À UN MILLION DE DÉPLACÉS
Au final, jusqu'à un million de personnes pourraient être déplacées en Côte d'Ivoire en raison de ces violences et par crainte d'une guerre civile, a estimé le HCR. "Il y a une insécurité grandissante, et nous assistons à une augmentation brusque de déplacements", notamment à Abidjan, a expliqué une porte-parole du HCR, Melissa Fleming. "Ces personnes fuient leurs maisons pour d'autres régions plus sûres du pays en raison des 'craintes de guerre', a-t-elle encore souligné.
Le HCR, ainsi qu'une trentaine d'organisations de défense des droits humains, a ainsi "exhorté" la communauté internationale à augmenter l'aide humanitaire en Côte d'Ivoire et l'ONU à renforcer ses capacités sur le terrain, notamment "en débloquant rapidement des fonds supplémentaires".
SANCTIONS "PLUS CONTRAIGNANTES"
Le Conseil de sécurité de l'ONU étudiait, vendredi matin, un projet de résolution déposé par la France visant à interdire l'utilisation des armes lourdes en Côte d'Ivoire, au moins à Abidjan. "C'est un scandale qu'on tire à l'arme lourde à Abidjan", s'est indigné le président français, Nicolas Sarkozy, à l'issue d'un sommet des dirigeants des pays de l'UE à Bruxelles, se disant "très préoccupé par la situation en Côte d'Ivoire".
Dans ce texte, la France préconise le renforcement de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et des sanctions contre l'entourage de Laurent Gbagbo, a précisé un diplomate à l'ONU sous le couvert de l'anonymat. Elle demande également le renforcement de la protection des populations civiles et appelle à la fin des attaques du camp Gbagbo.
Sur le terrain, de nouveaux événements ont confirmé vendredi les craintes des observateurs : des tirs à l'arme lourde ont été entendus pendant plusieurs heures près d'un camp de l'armée fidèle à Laurent Gbagbo, dans le quartier d'Anyama (nord d'Abidjan), selon plusieurs habitants. Anyama jouxte le quartier d'Abobo, bastion des insurgés favorables à Alassane Ouattara. "Nos positions ont été attaquées à l'arme lourde par les rebelles. Nous avons pu les repousser et ils se sont réfugiés dans les villages environnants", a déclaré une source à l'état-major des Forces de défense et de sécurité, qui, depuis mi-février, affrontent les insurgés partisans de M. Ouattara à Abobo et dans d'autres quartiers d'Abidjan où ils ont réussi à s'infiltrer.
L'Onuci, forte de dix mille hommes, est dans une situation délicate. AP/Sunday Alamba
Le projet de résolution français va dans le sens de l'appel lancé jeudi par les dirigeants ouest-africains. Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, quinze pays) avaient plaidé pour le renforcement du mandat de l'Onuci et pour imposer des sanctions "plus contraignantes" à l'encontre de Laurent Gbagbo.
MISSION DÉLICATE DE L'ONUCI
L'Onuci, forte de dix mille hommes, est dans une situation délicate. Sous le feu des critiques des partisans de M. Gbagbo, qui exige son départ immédiat, la désignant comme un "ennemi de la Côte d'Ivoire", elle est régulièrement la cible de leurs attaques. La mission a aussi essuyé récemment de virulentes critiques du camp d'Alassane Ouattara, qui l'exhorte à "passer à l'action" et à "user de la force légitime" pour protéger les populations civiles prises dans les violences.
Depuis la présidentielle de novembre 2010, 462 personnes ont été tuées selon l'ONU, dont 52 durant la semaine écoulée. La communauté internationale presse depuis des mois et sans succès Laurent Gbagbo de céder la présidence à son adversaire Alassane Ouattara.
7 Commentaires
Senerusse
En Mars, 2011 (19:16 PM)Mandela De Khar Yalla
En Mars, 2011 (19:49 PM)Baba Ya Meuneu Kaatch
En Novembre, 2021 (16:20 PM)Hé!
En Novembre, 2021 (16:45 PM)Tatoolove
En Mars, 2011 (21:35 PM)Tatoolove
En Mars, 2011 (21:36 PM)Kentucky
En Mars, 2011 (22:13 PM)Toma
En Mars, 2011 (10:28 AM)Fitaw_makonen
En Mars, 2011 (19:36 PM)Ils ont toujours considéré Gbagbo comme un petit caporal sorti d'on ne sait où pour prendre le pouvoir!
Ils n'ont jamais tenu compte du fait que selon leurs propres chiffres, Gbagbo - qui était déjà président de la république (il faut le rappeler) depuis dix ans avait bénéficié des voix de 46 pour cent des électeurs soit presque la moitié des ivoiriens!
Il est vraiment regrettable que les rares intellectuels ou politiques qui ont demandé que l'on tienne compte des griefs de Gbagbo afin d’éviter l'affrontement entre les deux moities de la CI aient été tournés en dérision au nom d’un soit disant respect des… principes!
Le Conseil de Sécurité donnera peut être mandat de neutraliser Gbagbo comme on est en train de tenter de le faire avec Kadhafi ! Et quid si la guerre civile continue après? Continuera t on de parler de l’ « entêtement de Gbagbo « »? J’espère qu’on réalisera enfin la myopie destructrice de ceux qui incarnent la communauté internationale ! J’espère que tout le monde se rendra compte que leur attitude n'aura fait que diviser des frères pour des gens qui n’auront rien perdu dans la confrontation!
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