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Afrique

Mali : le fonctionnement des écoles publiques menacé par les jihadistes

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Des écolières à Gao en 2013.

Le 24 mai dernier, l’attaque d’une école primaire par des jihadistes dans la région de Mopti, au centre du Mali, a provoqué la confusion. Bien qu'aucune victime ne soit à déplorer, enseignants, parents et autorités craignent que les écoles publiques ne soient devenues une cible de choix pour les terroristes.

C’est à moto que sont arrivés huit jihadistes aux abords d’une école primaire de la commune de Ndodjiga, mercredi 24 mai. Armés, les attaquants ont d’abord défoncé la porte de l’école avec leurs fusils avant d’incendier tous les bâtiments de la direction et de saccager les salles de classes.

Allaye Dagui, professeur d’anglais dans l’école qui a été attaquée, explique à Jeune Afrique : « Il était environ 17 heures, les enfants n’étaient donc pas à l’école mais les femmes du village tiraient de l’eau dans le puits situé dans la cours. Lorsque elles ont entendu les motos, elles se sont enfuies ».

L’attaque de la plus grande école primaire de la commune n’a donc pas laissé de victimes humaines derrière elle mais a semé un vent de panique. Les jihadistes, présents dans le nord du Mali, ont en effet menacé de réitérer leurs actes, d’autres écoles pourraient ainsi être frappées.

Les écoles laïques prises pour cible

Laïque, l’école au sein de laquelle l’enseignement s’effectue en français ou en dialecte local n’a pas été ciblée par hasard. Les menaces d’agression pèsent en effet sur l’ensemble des écoles ne délivrant pas les classes en langue arabe ou n’enseignant pas la religion aux élèves. Les écoles coraniques ne sont donc pour le moment pas visées.

Pour un haut responsable au gouvernement, c’est sans aucun doute le public qui est visé. « Le secteur public est défié car il a une vision de l’éducation qui est aux antipodes de celle des jihadistes. Nous souhaitons œuvrer pour un monde en développement, pour que les enfants puissent participer à la vie active du pays et s’épanouir ».

Ils pensent que nous sommes à la botte de l’Occident, c’est totalement faux

Il explique ensuite : « Les jihadistes nous prennent pour cible parce que les arts, la littérature, les sciences, etc. sont enseignés en français et ils pensent du coup que nous sommes à la botte de l’Occident. C’est totalement faux, le Mali est très attaché à ce que la culture et l’Histoire traditionnelle et nationale soient enseignée, et c’est ce qui est d’ailleurs fait ».

Une insécurité qui inquiète

Depuis l’incident, plusieurs écoles dans le nord et au centre du Mali sont fermées : une partie du corps enseignant est en grève. Déterminés, ils assurent que les portes des établissements scolaires pourraient rester closes tant que la sûreté des élèves et professeurs ne sera pas garantie. Cette carence de sécurité pourrait donc, à terme, porter préjudice aux élèves dont l’arrêt des cours ne devrait normalement pas être effectif avant le 30 juin.

Nous voulons travailler avec les enfants mais nous ne voulons pas risquer nos vies

A Ndodjigado, après l’attaque, plusieurs professeurs ont pris la fuite en direction de villages voisins afin de se protéger et de peur que les attaquants ne reviennent. « La plupart d’entre eux ne comptent pas retourner au village tant que la sécurité ne sera pas renforcée. Nous voulons travailler avec les enfants mais nous ne voulons pas risquer nos vies », confie Allaye.

Ce mouvement de désertification des écoles tendrait à s’étendre au centre du Mali, renforçant l’embarras du gouvernement. Des actions sont menées par les autorités politiques qui proposent notamment des primes aux professeurs, censées les encourager à retourner enseigner. Si certains d’entre eux se laissent séduire, les instituteurs travaillant dans les zones à risque n’acceptent pas de reprendre le travail.

Le gouvernement désemparé

Face à cette situation extrêmement tendue, le gouvernement malien veut réagir promptement et efficacement afin de garantir la sécurité et d’empêcher d’affecter l’éducation nationale et les élèves maliens. Des forces militaires supplémentaires sont en train d’être déployées dans les villages les plus exposés.

« Ce que nous voulons, c’est installer une force dissuasive en mettant des forces militaires à proximité des écoles, mais cela prend du temps vu l’étendue du pays et de la zone à couvrir », confie encore ce haut responsable au gouvernement. Avant d’ajouter : « Nous sommes conscients que le jihadisme est un risque réel et nous ne voulons pas nous laisser submerger. Le Mali rencontre d’importantes difficultés pour équiper les écoles et nous ne les laisserons pas détruire ce que nous avons déjà mis en place ».



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