Le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, a signé lundi trois décrets de concession provisoire portant sur 20 dépendances du domaine national pour une superficie totale de 19.843 hectares dans le Sud-Ouest du pays, en faveur de l’entreprise agroindustrielle américaine Herakles Farms, représentée localement par SG Sustainable Oils Cameroon Limited (SGSOC), pour son projet controversé de plantations de palmiers à huile dans la localité de Nguti (Sud-Ouest), a appris APA de source officielle.
La concession, octroyée pour une durée de trois ans, intervient au moment où des organisations de défense de l'environnement dénoncent les méfaits déjà ressentis du projet sur l'écosystème de la zone concernée, mais aussi l'accaparement de terres au détriment de populations non consentantes.
Les décrets présidentiels apportent aussi une modification à une décision prise en mi-octobre dernier, qui annonçait plutôt la concession de 12.000 hectares de terres pour une durée de 99 ans à l'entreprise agroindustrielle, selon un avis favorable émis par le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (MINDCAF) après �'un examen approfondi'' de la situation.
Pour le Centre pour l'environnement et le développement (CED), cet examen �'ne repose sur aucun fondement'', la démarcation des limites des villages étant un exercice indispensable dans la détermination des superficies de terres disponibles dans les villages.
Pour cette ONG proche de Greenpeace, il faudrait avoir cartographié les terres disponibles des communautés, en connaître la superficie exacte pour pouvoir déterminer que celles proposées en concession à SGSOC ne dépassent pas 30% des superficies des villages, un exercice qui �'n'a été conduit dans aucun des villages concernés''.
En mai 2013, et à la suite d'accusations d'abus divers, SGSOC avait annoncé la suspension de son projet de mise en place d'une plantation de palmiers à huile prévue au départ sur 73.000 hectares.
L'entreprise avait justifié cette mesure par une instruction du ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) du Cameroun, exigeant l'arrêt des travaux de préparation des terres à proximité de sa pépinière située dans la localité de Talangaye.
Les autorités conditionnaient la reprise des activités à la production de la déclaration d'utilité publique sur la zone abritant l'ensemble du projet.
SGSOC soutenait pour sa part avoir "obtenu l'autorisation d'opérer et s'est toujours conformée, comme elle continuera à se conformer pleinement et de manière transparente, à la réglementation gouvernementale en vigueur''.
Installée au Cameroun depuis 2009, cette société a régulièrement fait l'objet de dénonciations quant à ses méthodes culturales ainsi que les mauvais traitements infligés aux populations opposées à l'occupation prolongée de leurs terres.
Des ONG locales et internationales n'ont en effet cessé de décrier, en dehors de l'accaparement des terres arables, le déplacement de populations ainsi qu'un loyer jugé dérisoire des surfaces concédées.
Les détracteurs de SGSOC dénoncent également les droits exorbitants octroyés à cette agro-industrie, la non-conformité de la convention avec la législation camerounaise, la limitation du pouvoir de l'Etat par la convention ainsi que les faibles revenus à tirer par le Cameroun de cette concession foncière.
2 Commentaires
...............
En Novembre, 2013 (23:31 PM)Djiban
En Novembre, 2013 (14:46 PM)Participer à la Discussion