Au Bénin, 4,7 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche 20 mars pour le second tour de la présidentielle. Seulement 100 000 voix séparent les deux candidats. L'actuel Premier ministre, Lionel Zinsou, est arrivé en tête du premier tour avec 27,11 % des suffrages devant l'homme d'affaires Patrice Talon, arrivé en seconde position avec 23,52 % des voix. Après quelques atermoiements, le président sortant Thomas Boni Yayi a dû se conformer à la Constitution et accepter de se retirer après ses deux mandats.
Lors du premier tour, Lionel Zinsou, le Premier ministre, était présenté comme le favori, mais l'élection restait ouverte. Aujourd'hui, le scénario semble s'être inversé. L'homme de la rupture, Patrice Talon, a obtenu le soutien de tous ceux qui ont pesé sur le premier tour : le patron des patrons Sébastien Ajavon, le troisième homme, l'ancien directeur Afrique du FMI Abdoulaye Bio Tchané et l'ancien Premier ministre Pascal Irénée Koupaki. En tout, plus d'une vingtaine de candidats se sont ralliés à lui. L'effet psychologique est réel. Le match est joué, affirme-t-on déjà dans son équipe.
Dans le camp Zinsou, on ne s'avoue pas vaincu pour autant. Arrivé en tête au premier tour, le Premier ministre compte toujours sur le soutien des trois plus grandes formations politiques du Bénin. Ceux qui ont fait au premier tour le choix d'un technocrate, se retrouveront peut-être davantage dans la personnalité de Lionel Zinsou. Et ceux qui ont voté Sébastien Ajavon n'auront peut-être pas envie de voter Patrice Talon, confie un de ses proches.
Deux candidats, deux visions de la fonction
Les deux aspirants à la magistrature suprême ont en tout cas des profils très différents. Lionel Zinsou est un expert financier dont nul ne conteste les compétences. Un intellectuel qui a réussi les plus hautes études en France. Ancienne plume de Laurent Fabius, banquier d'affaires, ancien patron de PAI Partners, l'un des plus importants fonds d'investissement européen, mais il n'est pas du sérail.
Patrice Talon, c'est l'homme d'affaires qui s'assume. Sa réussite, il l'a bâtie à la force du poignet. Quinzième fortune d'Afrique subsaharienne selon Forbes. Sur la scène politique béninoise, il était toujours resté en arrière-plan, mais il connaît tous les acteurs pour en avoir financé la plupart.
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Leur façon d'appréhender le Bénin de demain est également différente. Lionel Zinsou mise sur sa stature internationale, son carnet d'adresses. Il conçoit son mandat comme celui de la continuité et se présente comme celui qui rassemble même ceux qui se sont toujours affrontés. Le candidat de la conciliation en quelque sorte.
Patrice Talon conçoit le pouvoir comme quelque chose qui s'arrache, qui se mérite. L'adversité ne l'effraie pas. Il a su incarner le thème de la rupture et conçoit la période qui s'ouvre comme une sorte de transition après la décennie qui vient de s'écouler. Il promet, s'il est élu, de ne faire qu'un seul mandat.
Le scrutin est donc très ouvert. Car lors du premier tour, les électeurs ont prouvé qu'ils n'écoutaient pas forcément les consignes de vote, qu'elles viennent de leurs partis politiques ou de leurs leaders. Le suspense est donc entier. Les Béninois attendent tout simplement de vivre un grand moment de démocratie. Et ils en sont plutôt fiers.
1 Commentaires
Osez
En Mars, 2016 (18:12 PM)Participer à la Discussion