Six ans après le procès de la cour criminelle de Ndjamena le 25 mars 201), les victimes du régime de Hissène Habré demandent toujours l'application des peines prononcées : travaux forcés pour une vingtaine d'ex-agents de la DDS et le versement d'une indemnisation de 75 milliards de francs CFA. À quelques semaines de l'élection présidentielle, les victimes souhaitent se faire entendre par les candidats et espèrent faire bouger les choses.
Les coups de sifflets des victimes du régime de Hissène Habré interpellent les passants au quartier Chagoua de Ndjamena. Elles demandent l'application des peines prononcées, notamment le versement de leurs indemnisations.
Depuis six ans, pas un centime ne leur a été versé. S'en est trop pour Rachel Mouaba, dont le père a été torturé et tué sous ses yeux : « Si seulement il y avait un peu de respect à notre endroit ou à l’endroit de nos parents défunts. L’État tchadien aurait pu quand même faire quelque chose jusqu’à là. Rien n’est fait. »
À côté d'elle, Ginette Nguarbaï. À 60 ans, elle garde des séquelles de ses deux ans de détention : « Ma fille, je l’ai accouchée sur le sol. Jusqu’à aujourd’hui, je souffre. Je ne vis que de médicaments. »
L'élection présidentielle aura lieu le 11 avril et les victimes profitent donc de ce moment pour tenter de se faire entendre, comme l’explique Ousmane Abakar Taher, vice-président de l'Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré : « Les partis qui sont en campagne, on ne les a même pas vus. On est sortis pour siffler, mais personne n’est venu vers nous. Nous sommes dans l’amertume pour cela. On est oublié, vraiment on est oublié ! »
Les autorités affirment, elles, que la crise économique au Tchad et la pandémie de Covid-19 ont fortement ralenti le dispositif de l'Union africaine pour indemniser les victimes.
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