S’exprimant lundi sur la situation « catastrophique » au sein des prisons tunisiennes, le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, a présenté un bilan chiffré – et alarmant – de l’année écoulée.
« Les établissements pénitentiaires tunisiens souffrent d’une surpopulation carcérale énorme », a-t-il regretté lors de son audition le 2 janvier par la Commission parlementaire de la Sécurité et de la Défense. « Les prisons tunisiennes comptent aujourd’hui plus de 20 000 prisonniers, parmi lesquels 14 343 primo-délinquants et 9 200 récidivistes », a-t-il ajouté
Pourquoi ?
La dégradation de certaines prisons pendant la révolution de 2011 expliquerait principalement cette surpopulation carcérale, selon Ghazi Jeribi.
Autre problème : des périodes de détention trop longues. Le ministre souligne que dans certains cas, les peines de prison pourraient être remplacées par d’autres alternatives. « Il faut limiter la période d’arrestation et ne plus s’en tenir aux peines privatives de liberté », a-t-il déclaré, selon l’agence TAP.
Selon les chiffres présentés lundi, 11 868 personnes ont été détenues en 2016, dont 358 femmes. Plus de la moitié de ces arrestations – 6662 – étaient liées à la consommation de drogues et autres stupéfiants, des motifs pour lesquels 2 680 personnes sont encore en attente de jugement.
Une surpopulation pouvant aller jusqu’à 217%
« Malgré les efforts déployés par le département de la Justice, les prisons tunisiennes sont encore loin des standards internationaux (4 m2 par prisonnier). En Tunisie, on compte moins de 2 m2 par prisonnier », déplore encore le ministre de la Justice. Dans certaines prisons du pays, la surpopulation a même explosé, comme à Kairouan, où la capacité d’accueil a été dépassée de 217%, à Houareb (216%), ou encore à Monastir (192%).
Comment y remédier ?
« Le département de la Justice est en train de restaurer les prisons vandalisées et d’accroître la capacité d’accueil de certaines autres », a indiqué Ghazi Jeribi. Il envisage également l’installation de « 7 265 lits supplémentaires dans les différentes prisons, d’ici 2020 », se penche sur une réforme du code pénal, et œuvre à la mise en place de « clubs culturels et activités sportives pour améliorer les conditions de vie dans les prisons. »
En 2014, un rapport de l’ONU avait déjà pointé du doigt la surpopulation dans les prisons tunisiennes, le mauvais état des infrastructures et les conditions de vie extrêmement pénibles des détenus. « Des étudiants arrêtés le week-end à cause d’un joint se retrouvent dans le même endroit que des tueurs et de dangereux criminels », avait dénoncé, entre autres, Mazen Shaqoura, du bureau de Tunis du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme.
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