Au Burkina Faso, le procès des assassins présumés de Thomas Sankara se poursuit devant le tribunal militaire de Ouagadougou. Ce lundi 8 novembre, l'accusé Jean-Pierre Palm, ancien directeur national de la sûreté, nommé chef d'état-major de la gendarmerie un mois après le coup d'État, était encore à la barre. Au cœur de cette audition également, des écoutes qui auraient pu incriminer l’ancien président Blaise Compaoré.
Jean-Pierre Palm est accusé de complicité d’atteinte à la sûreté de l’État. Peu avant les faits, il était directeur des études et de la planification au ministère de la Défense, en d’autres termes, chef du renseignement.
L’enjeu, ce lundi matin, était donc de savoir s’il était au courant de la future tentative de coup d’État, dans quelle mesure, et s’il a joué un rôle. Pour l’accusé, les faits sont simples : il ne savait rien, il se trouvait chez le dentiste quand le Conseil de l’Entente a été attaqué, puis, dans la tourmente, il a trouvé refuge chez une connaissance pour la nuit et ce n’est que le lendemain qu’il s'est rendu au Conseil de l’Entente et qu’il a appris la mort de Thomas Sankara.
« Vous êtes gendarme, vous avez géré la sûreté, vous entendez des coups de feu et vous allez vous réfugier chez un ami parce que vous ne comprenez pas ce qui se passe ? », s’est étonné Me Ferdinand Nzepa, avocat de la famille Sankara.
« Que vouliez-vous que je fasse ? J’étais seul, en civil et sans arme », a répondu Jean-Pierre Palm.
Des écoutes qui auraient pu incriminer Blaise Compaoré
Jean-Pierre Palm est soupçonné d’avoir détruit, dès le lendemain du 15 octobre 1987, une table d’écoute de la gendarmerie, en compagnie d’officiers français. On soupçonne qu’à l’époque, l’entourage de Thomas Sankara aurait mis plusieurs personnalités sur écoute dont Blaise Compaoré, et ces enregistrements auraient donc pu incriminer l’ancien président.
Des faits que conteste l’accusé. « Cette table était très rudimentaire. Elle ne stockait pas les écoutes et pour vraiment la détruire, il aurait fallu aller à l’Onatel, la société de téléphonie », explique Jean-Pierre Palm. De son côté, son avocat, Me Moumouny Kopiho, ajoute que « ces faits ont été largement gonflés », avant de poursuivre : « Si les parties civiles sont si sûres d’elles, que leurs avocats présentent des techniciens qui en feront la preuve ».
« Ce sera chose faite », promet Me Ferdinand Nzepa. Il dit avoir encore beaucoup d’éléments concrets à présenter à la cour qui permettront d’entendre, de nouveau, Jean-Pierre Palm sur cette question.
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