Le parquet militaire a procédé, ce lundi 25 mars 2019, à la diffusion d'éléments sonores impliquant notamment des accusés tels que le Général GIlbert Diendéré et le magistrat militaire, le colonel Abdoul Karim Traoré.
Le dossier diffusé au tribunal militaire est intitulé "Delta". Il comporte plus de 200 fichiers sonores. Le premier audio incrimine le Général Gilbert Diendéré. "On tient à vous soutenir pour ce que vous avez fait pour nous", disait un individu au Général à l'autre bout du fil. Suite au mot d'encouragement, le Général Diendéré aurait dit : "Moi je l'ai fait mais vous ne m'avez pas suivi". Puis à l'interlocuteur de répliquer qu'ils vont essayer de s'organiser.
Pour les avocats des parties civiles, notamment Me Hervé Kam, l'action du 16 septembre 2015 avait bien des géniteurs, parce que dans la communication, il est clairement établi entre les deux interlocuteurs que la nécessité d'interrompre la transition a toujours existé.
À la barre, le Général Diendéré est resté stoïque dans ses propos. Il ne souhaite pas faire des observations sur les écoutes téléphoniques. Il s'en tient à ses déclarations antérieures.
L'autre audio qui a retenu l'attention du parquet est relative à la conversation que le Général Gilbert Diendéré aurait eue avec Mahamadou Djérid Maïga, ancien chef du Mouvement national de libération de l'Azawad (décédé en octobre 2018) et le Colonel Abdoul Karim Traoré, le 23 septembre 2015, à 14h 45mn. Dans l'audio, en plus d'annoncer au Général que le lieutenant-colonel Mamadou Bamba s'est rendu à la gendarmerie, le Colonel Traoré aurait demandé des moyens pour quitter le sol burkinabè. Pour le parquet, ces enregistrements ne doivent plus faire douter les plus sceptiques. Mis devant les faits accomplis, le colonel Traoré a, cependant, refusé d'opiner sur la question en l'absence de ses conseils.
La conversation la plus compromettante est celle avec Djeri Maïga. Il annonçait au Général Diendéré que ses hommes s'organisaient du côté de la frontière et n'attendaient que le signal pour intervenir. Selon Me Farama, c'est la preuve que l'accusé avait des connexions avec des personnes extérieures au RSP, d'autant plus qu'en aucun moment il n'a exprimé une réprobation.
Dans son intervention, Me Kam est revenu sur la principale raison qui a conduit l'ancien chef du MNLA à quitter le Burkina Faso en octobre 2015 et de souligner qu'il "serait parti avec le téléphone du Général Diendéré qu'on ne retrouve pas, selon certaines indiscrétions".
Face à ces affirmations, les avocats de la défense contre-attaquent. "Est-ce que le Général a exprimé le besoin d'avoir des gens qui seraient installés dans une de nos frontières pour intervenir dans notre pays ? Non. C'est du vide ce que vous racontez. Il n'y a pas d'infraction de trahison", se défend Me Olivier Yelkouni.
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