C’est un Samba Thiaw très catégorique qui accuse l’Etat d’être l’unique responsable de la mauvaise qualité des semences remises aux paysans.
Le directeur du Centre national de recherches agronomiques (Cnra) de Bambey a porté cette accusation samedi dernier, lors d’une visite organisée par le Fonds national de recherches agricoles et agro-alimentaires (Fnraa) dans son institution.
Presque chaque année, il y a des paysans qui se plaignent de la mauvaise qualité des semences que l’Etat met sur le marché durant la campagne arachidière. L’année courante n’est pas une exception. Beaucoup de paysans n’ont pas apprécié la qualité de leurs semences. Au Centre national de recherches agronomiques (Cnra) de Bambey, on a désigné le responsable de cette situation : l’Etat. Le directeur du centre, Docteur Samba Thiaw, est catégorique : «L’Etat ne donne pas des semences mais des tout venant». Selon le spécialiste, le gouvernement donne des variétés de semences qui ont des cycles et des grosseurs de graines différents. Leur adaptabilité au sol, leur teneur en huile ainsi que leur résistance aux insectes ne sont pas aussi les mêmes. Ce sont des semences qui ne proviennent pas de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra). Et la conclusion que Dr Samba Thiaw tire est qu’elles sont tout simplement de mauvaise qualité.
Le directeur du Cnra explique le mode opératoire du gouvernement. Il achète les semences de plusieurs producteurs qui cultivent des variétés différentes. Il met l’ensemble en magasin et vers les mois de mai-juin, il prend ce stock constitué de plusieurs variétés et le donne aux paysans qui reçoivent «des tout venant et non des semences parce que n’étant pas de la même variété». C’est donc «la faute à l’Etat» puisque le Cnra fait toujours un travail de sélection variétal. Le centre de Bambey dispose d’une carte variétale avec toutes les caractéristiques des variétés comme «les besoins en eau, les besoins en sol». Il crée aussi des variétés par zone agro écologique et établit, pour chaque zone, une fiche technique «bien claire», renseigne Dr Samba Thiaw. Le directeur du Cnra assure que l’Etat est toujours informé de la variété qui doit être cultivée dans chaque zone «mais comme l’Etat ne peut pas donner la même variété à tous les paysans, il leur remet des semences de variétés différentes».
3 QUESTIONS A…
JOEL ROMARIC NGUEPJOP, DOCTORANT CHERCHEUR AU CERAAS DE THIES
«On peut utiliser les gênes de l’arachide sauvage pour améliorer l’arachide cultivée»
Wal Fadjri : Vous êtes un doctorant camerounais accueilli au Centre d’études régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (Ceraas) dans le cadre des recherches que vous menez pour votre thèse. Actuellement vous faites une expérience sur le croisement de graines d’arachide. Pouvez-vous nous expliquer concrètement ce travail ?
Joel Romaric NGUEPJOP : On fait un croisement entre l’arachide cultivée et l’arachide sauvage. On récupère la descendance issue de ce croisement et on essaie de voire la performance de la graine obtenue. Il faut dire que sur le plan agronomique, la graine de l’arachide sauvage est toute petite contrairement à la graine de l’arachide qu’on cultive au Sénégal. On ne peut donc pas donner la graine sauvage aux paysans parce qu’ils ne la connaissent pas. Même au premier niveau de croisement, les graines obtenues sont petites et c’est avec le deuxième croisement qu’on augmente la taille des graines.
Quel est l’objectif visé à travers cette expérience ?
Les gênes des graines de l’arachide sauvage ont un potentiel important qu’on peut récupérer et les croiser avec les gênes des graines de l’arachide cultivé en vue d’améliorer la performance de ces dernières. C’est ce qui explique ce croisement. Parce que, quand vous semez la graine de l’arachide cultivée vous n’êtes pas sûr de trouver, l’année prochaine, la même plante que vous avez semée si vous n’assurez pas le traitement nécessaire. Mais l’espèce sauvage, elle, n’a pas besoin de traitement. Elle s’est développée depuis des millions d’années. Puisqu’elle a gardé sa capacité d’adaptation dans son milieu écologique, on pense donc qu’elle a forcément des gênes qui lui permettent de s’adapter à la sécheresse. En plus, elle se développe sans l’intervention de l’homme. On peut donc utiliser les gênes de l’arachide sauvage pour améliorer l’arachide cultivée. C’est par des techniques bien particulières qu’on réussit à récupérer les allèles de l’espèce sauvage. Et pour cette expérience, nous utilisons une espèce sauvage qui vient de l’Inde.
Les graines issues de ce croisement résistent-elles à l’aflatoxine ?
Nous ne sommes pas capables d’évaluer la résistance de ces graines à l’aflatoxine. Nous n’avons pas les compétences pour le faire, mais nous avons envoyé les premières populations produites à des partenaires. Avec leurs résultats, nous connaîtrons les variétés résistantes à l’aflatoxine.
Légende : Le gouvernement tenu responsable de la mauvaise qualité des semences distribuées aux paysans.
14 Commentaires
Mc Rakadiou
En Juillet, 2013 (18:33 PM)Marseille Marignane
En Juillet, 2013 (18:45 PM)Passant
En Juillet, 2013 (18:46 PM)X
En Juillet, 2013 (18:47 PM)Maïmoune
En Juillet, 2013 (18:47 PM)Veri
En Juillet, 2013 (20:40 PM)Zeus
En Juillet, 2013 (21:34 PM)Cheikh 2
En Juillet, 2013 (22:51 PM)Baba
En Juillet, 2013 (02:01 AM)le mieux serait qu un bon eleve vienne expliquer au presi ou ministrta 2 ou 3 truck taf taf sur l electricite
chacun dans son domaine,le presi n est pas aublige d etre connai tout
Axmad Vincent Diakhate
En Juillet, 2013 (04:37 AM)Ces révélations sur la qualité des semences d’arachides vendues par l’État aux paysans doivent interpeller. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi maintenir plus de 50 ans après « l’indépendance » la mono-culture rentière de l’arachide aléatoire, qui appauvrit les sols et qui ne participe pas à l’auto-suffisance alimentaire ?
Que Dieu, Le Très Miséricordieux, nous fasse miséricorde, par la barakah des Saints(Al-‘Awliyà’) qui ont vécu dans ce pays et /ou qui y vivent de nos jours et ceux d’ailleurs ! Àmiin ! Ramadàn mubàrak ! Di ñàn sunu Boroom ta^àlà woor ci jàmm ak xeewal te mucc.
A.V.D.
Boy Bordeaux
En Juillet, 2013 (06:53 AM)Agriculteur
En Juillet, 2013 (09:42 AM)Misere
En Juillet, 2013 (09:54 AM)Gorgorlu
En Juillet, 2013 (11:47 AM)Xalass
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