8 mars 2016, Journée internationale de la femme. Symboliquement, solennellement. Comme l’année passée. Comme l’année prochaine. Comme toujours. Suivant une périodicité immuable, ritualisée jusqu’à la banalité. Chaque année semble ainsi être la répétition de la précédente, la préfiguration de la prochaine. Si bien que la cérémonie elle-même n’est plus qu’un cérémonial exposant invariablement les mêmes figures symboliques, débitant les mêmes discours dithyrambiques, proposant les mêmes modèles de réussite au féminin.
En prenant bien soin de comprimer la notion de réussite à sa seule dimension professionnelle, et la profession elle-même à celles qui répondent aux critères exclusifs de la société de consommation. Quelques figures historiques comme Mame Diarra Bousso, Mame Fawade Wéllé, Aline Sitoé Diatta, les femmes de Nder…, sont ainsi solennellement évoquées, uniquement pour la portée symbolique de leur action.
C’est que cette Journée est surtout l’occasion pour les hommes modernes, de célébrer et citer en exemples une portion congrue de femmes modernes d’une modernité toute masculine, pour les élever au statut de modèles au féminin. Quant aux autres millions de femmes à travers le pays, elles ne comprennent la notion de réussite que par rapport au devenir, à l’avenir de leurs enfants.
Après que toute leur vie durant, elles auront rempli tous leurs devoirs conjugaux, auxquels se rapportent et se conjuguent tous les autres devoirs d’une femme, suivant le modèle auquel elles s’identifient. Au demeurant, depuis quelques années, ni les femmes ne devraient tolérer d’être ainsi fêtées ni les hommes avoir l’esprit et le cœur à la fête. Car en vérité, cette Journée n’est certainement pas pour la Femme, mais pour certains hommes et certaines femmes, qui se renvoient la même image de l’homme idéal et de la femme idéale, selon un modèle où l’homme et la femme ne sont plus que des rouages d’un système dont ils n’ont plus la maîtrise. Si bien que finalement, la Journée internationale de la Femme n’est que la célébration d’une certaine idée de l’Homme.
Or, l’humanité est une, l’homme et la femme en sont les constituants irremplaçables et non interchangeables. De plus, le choix d’un certain type de femmes pour les célébrer et cité en exemple, participe dumasochisme rationalisateur caractéristique de la société de consommation. Où aujourd’hui, les modèles de femmes exclusivement et invariablement consacrées sont la représentation de l’idée, l’idéal que nos gouvernants (à tous les niveaux) ont de la femme, conformément à leur volonté de puissance. Dans cette perspective, en dehors de ce modèle masculin où seules certaines femmes sont parfaitement intégrées, aucune autre n’a aucune chance de s’épanouir autrement : la modernité est irrésistiblement tentaculaire et dévastatrice.
En définitive, la logique d’efficacité et de rentabilité est si exclusive dans la société actuelle, que les femmes y sont tenues de vivre au masculin pour être reconnues et promues en tant que femmes. Or, il en est de l’homme comme de la femme : «Un lion qui imite un lion devient un singe.» Ainsi, «Émancipation de la femme», «Journée internationale de la femme», «Parité», «Femmes leaders»…, ce ne sont que des abus conceptuels fabriqués de toutes pièces langagières par les hommes pour mieux confiner les femmes dans la différence et l’illusion d’un épanouissement intégral et authentique. Dans un monde où les gouvernants se soucient du bien-être de tous, aucun privilège ne doit être accordé à aucune femme, sous le simple prétexte que c’est une femme. Aucune discrimination ne lui doit être faite non plus à cause de son statut de femme.
L’idéal, en attendant de l’atteindre et de le transformer en utopie directrice pour la définition et la conquête d’autres idéaux, c’est que les seuls critères de promotion soient la compétence et le mérite. Pour les hommes comme pour les femmes. Mais le monde est aujourd’hui à la merci de ces «justiciers» de basse-cour qui s’autoproclament «jihadistes» et dont les cibles, les victimes désignées sont les femmes. Le chaos qui en découle fait affluer en Europe des vagues de réfugiés essentiellement constituées de veuves et de leurs enfants.
Face à cette misère dont ils sont en partie responsables, les Européens se barricadent et discutent tranquillement de quotas et de répartition équitable, en mettant en avant des critères et des considérations purement géostratégiques et économiques. Mais le comble de l’ignominie, c’est l’utilisation systématique du viol des femmes par les «jihadistes» comme arme de combat, technique de guerre. Entre leurs mains, celles-ci ne sont plus des femmes, mais des objets charnels à la merci d’autres objets, qui croient mériter le paradis en tuant les hommes au fusil et les femmes par la libido. Les enfants issus de cette abomination ne sont point abominables dans leur être, mais ils pourraient en vouloir à tout le genre humain d’être ce qu’ils sont.
En définitive, il ne s’agit pas pour l’homme de fêter une image de la femme ni pour la femme de vivre autrement que comme une femme. Plutôt, il s’agit juste de vivre comme des humains. Toute autre attitude est une imposture purement masochiste et schismatique. Qui à terme, pourrait déboucher sur une négation de ce qu’il y a de plus féminin en la femme. Et qui constitue sa part d’altérité et d’originalité au sein de l’humanité. C’est précisément cela qui lui donne tous les droits et lui impose tous les devoirs de tous les humains. Car comme dit Spinoza : «L’être d’un être, c’est de persévérer dans son être.» Aucun 8 mars ne fera jamais d’aucune femme un homme. La modernité, c’est aussi la femme au féminin…
Galasse, [email protected]
5 Commentaires
Anonyme
En Mars, 2016 (11:08 AM)Salif Tvm Bambey
En Mars, 2016 (12:11 PM)Avis
En Mars, 2016 (12:16 PM)Boycotte
En Mars, 2016 (12:17 PM)Homme Serieux Et Travailleur C
En Mars, 2016 (13:44 PM)merci deme joindre meme un texto ou un apel
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