« Jamais on ne fait le mal
si pleinement et si gaiement
que quand on le fait par conscience »
Blaise PASCAL
Monsieur
le Président,
Je
m’adresse à vous comme je le fais aux heures sombres de notre histoire commune,
quand les circonstances le commandent. Je ne saurais dire moi-même où je vais
trouver la force qui me fait tenir ma plume et quel sort sera réservé à mes
écrits. Mais je me dois de vous faire part de ce que j’éprouve de plus
révoltant dans la situation difficile où nous voilà. Au moment où vous
parcourez ces lignes, un des plus illustres fils de ce pays, notre compatriote
Bara Tall, est traîné de force devant les tribunaux, suspendu à un
délibéré comme une corde au-dessus de l’abîme. Il est livré au courroux d’un
homme que vous avez mis là pour qu’il se venge, venge son fils, vous venge et
venge votre fils. L’issue de ce procès inique est donc certaine, puisque ceux
qui sont chargés de faire appliquer la loi sont ses principaux accusateurs,
votre ministre de la Justice, qui l’a déjà traité de menteur et vous, parce
qu’il a refusé d’accepter votre pacte hideux.
Vous ne pouvez convaincre personne de sa culpabilité quand tous ceux qui sont poursuivis
dans cette affaire ont bénéficié d’un non lieu; quand il est le seul à être jugé,
parmi plusieurs dizaines d’entrepreneurs accusés de
« surfacturation ». Il n’y a rien dans le rapport commandité par vos
agents qui fût vrai. Il est victime d’un procès injuste et d’un sort dont vous
serez tenu responsable. Parce que vous avez-vous-même été victime de cette
forme d’injustice, il m’était difficile d’imaginer le spectacle de votre
réjouissance devant tant de souffrance. Cette injustice et cette loi du plus
fort me fendent le cœur, Monsieur le Président. Le seul moyen d’en moins
souffrir est de vous le dire. Je vous accuse d’en être le principal instigateur
et d’être la cause de la mort du père de Bara Tall. Vous étiez le seul capable
de faire cesser ce procédé injuste et vous ne l’avez pas fait. Nous n’avions
pas besoin de sa copieuse démonstration pour le savoir innocent.
Je me suis évertué à vous parler avec respect, mais les raisons m’en manquent.
Vous n’êtes pas digne de la haute fonction que vous occupez, Abdoulaye Wade. Votre
rôle est de faire cesser l’injustice, mais c’est vous qui la rendez. Vous avez
maintenant une idée confuse des limites de votre pouvoir, de ce qui vous est
permis ou interdit. Vous êtes la grande déception de votre époque. Vous seul
pouvez nous libérer de cette horrible anxiété. Vous ne le faites pas.
La tyrannie, qui corrompt les hommes de pouvoir, les rend aussi aveugles. Ouvrez
les yeux une fois et ce que j’écris ne vous sera pas inutile. Je vous savais
jusqu’ici indifférent au sort de vos concitoyens, mais je ne vous crois pas
insensible à votre renommée. Retournez-vous et jetez un regard sur les douze
années que vous allez bientôt boucler à la tête de ce pays. Vous avez ouvert
votre règne exécrable en innocentant des criminels qui ont assassiné un juge.
Vous êtes en train de le fermer en faisant d’un pauvre innocent, un criminel. Votre
Magistère, au demeurant, n’a été qu’une succession d’injustes. Vous avez
récompensé ceux qui vous ont combattu hier, et combattu ceux qui vous ont élu.
Ceux qui pillent le pays ont élu domicile chez vous, et les hommes honnêtes
sont forcés à l’exil.
Si j’étais vous, je me conduirai avec un peu plus de prudence, Monsieur le
président. De telles injustices ne peuvent conduire qu’à la révolte. Il faut
que vous soyez obsédé par votre soif de pouvoir, pour ignorer à ce point le
sort qui vous attend : la déchéance, la débandade et la colère populaire qui
vont s’abattre sur vous et votre famille. Le vent de révolte souffle dans tout
le pays et votre entêtement ne fera que précipiter votre chute. Si le peuple ne
s’occupe pas de vous, la mort le fera volontiers. Il ne vous reste plus de
temps à vivre, que vous en avez passé à la tête de ce pays. Une dernière chose,
que je voudrais bien comprendre : cette exhortation sublime à persuader
quelqu’un à avouer un vol qu’il n’a pas commis, quand vous êtes vous-même le
voleur. Abdoulaye Wade, vous n’êtes qu’un ubuesque satrape. Mais votre heure
viendra.
SJD
<35>[email protected]
18 Commentaires
Undefined
En Avril, 2011 (04:29 AM)Boy Bandit
En Avril, 2011 (04:33 AM)Bour Sall
En Décembre, 2021 (07:45 AM)Le Lion Dormeur Reply_author
En Décembre, 2021 (07:48 AM)Soldat
En Avril, 2011 (04:42 AM)B.
En Avril, 2011 (05:03 AM)Reply_author
En Décembre, 2021 (06:28 AM)Reply_author
En Décembre, 2021 (12:55 PM)Sjd
En Avril, 2011 (05:08 AM)Wwwxx
En Avril, 2011 (05:11 AM)Anna Sy
En Avril, 2011 (06:40 AM)Bx
En Avril, 2011 (06:43 AM)From Dieupeul
En Avril, 2011 (06:47 AM)Hh
En Avril, 2011 (07:46 AM)Teuf
En Avril, 2011 (08:05 AM)Y'en Na Marrrre De Jules
En Avril, 2011 (09:06 AM)Lagaffe
En Avril, 2011 (09:07 AM)Milk
En Avril, 2011 (16:15 PM)Jepreferlesilence
En Avril, 2011 (08:35 AM)Cheik
En Avril, 2011 (00:04 AM)Andrea
En Avril, 2011 (11:20 AM)Almeida
En Avril, 2011 (01:36 AM)-Idrissa Seck a-til commence a rembourser les 40 Milliards qu'il reconnait devoir aux Senegalais ?
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