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Chronique

Qui pour défendre l’éducation ?

Par: Paul FAYE Seneweb.Com - Seneweb.com | 21 avril, 2018 à 11:04:11 | Lu 4012 Fois | 23 Commentaires

Single Post — Qui pour défendre l’éducation ?

Le jeudi 19 avril 2018, le monde entier avait les yeux braqués sur le Sénégal et notamment sur Dakar où la loi sur le parrainage devait être votée à l’Assemblée nationale. Le gouvernement avait déployé tous les moyens militaires pour sécuriser le vote. L’opposition, à son tour, avait aussi mobilisé ses militants pour empêcher le vote. On a assisté à une sur médiatisation politique d’un évènement qui n’a intéressé qu’une élite.

Pourtant, pendant presque 4 mois, l’école est paralysée. Chacun et chacune parmi nous, voit chaque jour ses enfants, ses frères ou ses sœurs revenir à la maison pour des raisons de grève. Et cela ne semble choquer personne. Où est la Fédération nationale de l’association des parents d’élèves du Sénégal (Fenapes) ? Où est la société civile qui joue les bons auspices avec les religieux dans l’affaire du parrainage ? Où sont les organisations de défense des droits de l’homme ? Ou bien, vous voulez me dire que les droits de l’homme ne sont pas bafoués dans cette crise scolaire ?

Pour sauver des candidatures à l’élection présidentielle de 2019, des parents d’élèves ont mis leur vie à prix le jeudi dernier. Pour défendre un potentiel candidat en prison ou exilé, on a joué avec le feu. Pour sécuriser une candidature, on a mobilisé les moyens de la nation, militarisé le pays, attenté à la vie d’honnêtes citoyens. Le jeu en valait-t-il la chandelle ? L’éducation ne méritait-elle pas plus d’engagement ? Pourtant, parmi les manifestants de jeudi dernier, il y avait des élèves, des parents, des enseignants. Et quand il s’agit de défendre les causes de l’école, seuls les enseignants et les élèves sont dans la rue.

Il faut que les politiques arrêtent de prendre le pays en otage. On me dira que la situation dans laquelle se trouve l’école est le résultat d’une politique éducative et qu’il faut, par des manifestations politiques, bouter hors du pouvoir ceux qui nous gouvernent. Certes, je n’en disconviens pas mais ceux-là qui se battent aujourd’hui, ce sont eux qui étaient là hier. Si par une baguette magique ils reviennent au pouvoir vont-ils confesser leurs erreurs du passé ? Tout le monde sait que les revendications actuelles des enseignants ne datent pas de l’ère Macky Sall. Masi ce dernier, dans sa campagne de 2012 avait fustigé le silence du gouvernement d’alors qui faisait la sourde oreille aux enseignants.

La presse également ne joue pas son rôle dans cette affaire. Chaque organe de presse consacre 90% de son temps à la politique et relègue au dernier rang les questions d’éducation, moteurs de tout développement. Qui est-ce qui misait sur la qualité des ressources humaines pour développer le pays ? A Ziguinchor, la marche des enseignants a été sévèrement réprimée. Cela n’a heurté personne sauf quelques réactions à peine relayées. Vendredi, les élèves de cette même ville ont été menottés et écroués alors qu’ils étaient venus en négociation. Les religieux n’ont rien dit, la société civile est encore muette sur la question, les politiques n’ont pas marché, les parents d’élèves minimisent. Alors qui pour défendre l’école publique ?