La violence physique et verbale n’est plus ! Elle a disparu ce 19 mars 2011 en laissant derrière elle un pays calme et civilisé. La démocratie s’est consolidée. Le peuple est resté digne. Difficile de trouver les mots pour dire oh combien nous sommes fiers d’être africains et en particulier Sénégalais !
Les prédicateurs et autres spécialistes de la météo politique nous avaient prévenus d’un 19 mars sombre et chaotique. Les moralisateurs autoproclamés de la vie publique, ceux-là même qui sont les uniques détenteurs de la vérité absolue et qui refusent d’ouvrir le marché du patriotisme dont ils gardent jalousement le monopole, nous disaient d’un ton hautain, avec des trémolos dont ils sont les seuls à en avoir le secret, que nous n’étions pas encore une démocratie digne de ce nom, les autorités étaient indignent de leurs charges et les citoyens étaient incapables de vivre pleinement leur citoyenneté.
Ces messieurs que nous n’invitons pas, mais qui viennent tous les jours chez nous, conduits par des journalistes plus préoccupés à prendre position et faire prendre position qu’à informer, veulent toujours nous imposer leurs manières de voir, par des propos plus proches du bavardage que d’un discours réfléchi, argumenter signifiant pour eux livrer quelques ragots, inutile de préciser qu’ils ont, aussi, fait le pari de toujours donner des exemples tronqués.
Ces individus qui polluent notre espace public méritent désormais d’être traqués jusqu’à leur dernier retranchement. Et en ce lendemain du 19 mars nous devrons nous dire certaines vérités.
En effet, difficile de croire que nous n’avons pas la berlue quand nous parcourons les éditoriaux pâteux de nos éditorialistes qui sont passés maîtres dans l’art de l’indignation sélective. Nous croyons parfois tenir entre nos mains un vieux numéro du journal le soleil. Il suffit tout simplement d’un jeu de mots pour mettre opposition là où on mettait gouvernement et gouvernement là où on mettait opposition. En fait, au nom d’un nébuleux principe de journalisme pour le développement, les éditorialistes du soleil justifiaient et justifient encore tous les actes du gouvernement ; chargeaient et chargent encore l’opposition. Et Aujourd’hui, au nom d’un nébuleux principe de l’engagement citoyen du journaliste, nos éditorialistes justifient toutes les actions de l’opposition et chargent toujours le pouvoir.
Disons le très clairement, le journaliste est d’abord citoyen, c’est vrai, mais quand il s’exprime en sa qualité de citoyen, il doit reconnaître qu’il s’expose à la polémique.
A la veille du 19 mars 2011, un éditorialiste, de surcroit Directeur d’une radio, s’est permis, entre autres jugements de valeurs, de qualifier de ridicule une initiative politique qui rentre dans le cadre de la mise en œuvre d’une stratégie politique d’un groupe politique. Au nom de quel principe républicain, cet éditorial de Mamadou Ibra KANE, au contenu plus que partiel et partial, dans un contexte de guerre d’opinions plus que vitale aussi bien pour la majorité que pour l’opposition, devrait-il rester sans réplique et des plus salées ?
Plutôt que de nous livrer des jugements de valeurs à l’emporte pièce, nous nous attendions de ce Directeur de radio des informations précises et détaillées, par exemple, sur le budget de cette manifestation et de ses bailleurs. Pour cela, il lui faudrait certainement mettre deux à trois journalistes sur le dossier, qui feraient trois à quatre semaines d’enquêtes pour rassembler les différentes factures des prestataires pour la logistique (par exemple) et les copies des chèques et autres moyens de règlement. Toutefois, tout cela risquerait de prendre du temps, aussi, les moyens manquent. Excuse facile vous me direz. Mais puisque tout le monde parle de l’évènement, il faudrait bien que lui et sa radio en parlent non pas à partir de ce qu’ils en savent et dont ils détiennent les preuves irréfutables, mais plutôt à partir de ce que l’imaginaire populaire peut penser d’un tel évènement : si la majorité organise, le budget vient donc de l’Etat. A-t-on vraiment besoin de mettre cela à la Une d’un journal ?
Que dire de ce patron de presse qui avait invité les populations à se rassembler à la place de l’indépendance pour lui régler un problème administratif particulier ? En effet, sachant qu’il doit à l’ARTP de manière incontestable 141 millions, et un autre montant de 240 millions plus ou moins contestables (les spécialistes du droit administratif devront nous éclairer sur cette question), Sidy Lamine cherche encore une décision politique pour ne pas dire une faveur politique sur une question purement administrative. Il souhaite certainement, à la suite d’une probable audience de minuit, que le chef de l’Etat efface l’ardoise.
Ce même responsable de presse avait, appelons les choses par leur nom, obtenu une décision politique dans une autre affaire strictement privé. En effet, des individus appartenant à un mouvement religieux clairement identifiés avaient attaqué les locaux de sa radiotélévision et il avait obtenu des autorités politiques 400 millions de FCFA. Curieusement, la lumière sur ces 400 millions ne semble guère intéresser nos redoutables défenseurs des deniers publics, militants acharnés de la lutte contre la corruption. Dire que l’argent public n’a pour eux une mauvaise odeur que selon l’identité de son détenteur.
Sidy Lamine NIASS a utilisé ses médias à des fins strictement personnelles au vu et au su de tout le monde, et personne ne semble être choqué. Aissatou DIOP FALL, ex journaliste de service de Sidy Lamine a publiquement avoué, dans une émission animée par Papa Ngagne NGIAYE diffusée par la TFM le samedi 19 mars, qu’elle exerçait une censure éhontée de tous ceux qui étaient perçus comme des adversaires du groupe Walfadjri.
Curieusement, tous les défenseurs autoproclamés de la liberté d’expression et du libre accès aux médias privés comme public ont choisi de raser les murs. Ils n’ont rien vu ni entendu ou comme dirait Pierre Carles1, « pas vu, pas pris » en compte.
Précisons qu’un avocat droit de l’hommiste, Assane Dioma NDIAYE avait voulu briser le tabou dans le quotidien du 14 mars 2011 en se posant certaines questions sur l’origine des 400 millions de FCFA perçus par le Groupe Walfadjri. Ayant senti qu’il en avait trop dit, l’avocat, dans le journal l’AS du 16 mars 2011, a vite retourné sa robe pour soutenir, retenez bien votre souffle, que c’est à l’Etat de verser des redevances aux médias privés. Maître, on vous comprend.
Ceux qui sont en face du pouvoir disent que les membres de la majorité n’ont pas le courage de dire la vérité à Abdoulaye, mais curieusement, eux aussi n’ont pas le courage de se dire la vérité.
Par pudeur, nous nous garderons d’évoquer le communiqué plus que confus du Synpics dans cette affaire.
L’autre fausse note de ce 19 mars, est la sortie maladroite et plus que malheureuse du Ministre d’Etat, ministre de la Justice sur ce qu’il a qualifié de tentative de coup d’Etat. Nous ne disons pas que cela est impossible comme certains semblent l’affirmer, parce que nous avons connu l’affaire du 16 février avec la mort de quelques policiers. Les manifestations politiques de la dimension de celle du 19 mars 2011 peuvent toujours profiter à des malfaiteurs. Toutefois, l’Etat doit toujours garder le sens de la mesure et éviter la confusion dans la distribution des rôles. La déclaration du ministre d’Etat pose problème tant sur le plan de la forme que sur le fond. Nous pensons que sur les questions judiciaires, c’est le maître des poursuites (le parquet) qui doit directement informer l’opinion d’éventuelles ouvertures d’informations judiciaires. Aussi, lorsque l’information judiciaire concerne la sécurité de l’Etat, nous pensons que l’Etat doit en informer en privé les principaux responsables de l’opposition, des médias et de la société civile, parce qu’il s’agit de la sauvegarde des fondamentaux de la république et de l’Etat, et non pas de banales questions politiques pouvant faire objet de confrontation entre l’opposition et la majorité. Dans tous les pays civilisés, il y a un consensus national sur les questions de sécurité intérieure.
Aussi, précisons que le ministre d’Etat n’avait pas besoin de qualifier les faits encore moins de citer des noms. Nous souhaitons et exigeons que les droits de la défense soient respectés, que s’il y a instruction, qu’elle se fasse à charge et à décharge et si cela devra aboutir à un procès, que celui-ci soit équitable.
Enfin, nous prions le Bon DIEU (swt) pour que s’instaure enfin un vrai débat d’idées dans ce pays, que la majorité politique gouverne et exige du gouvernement des résultats, instaure un contrôle interne et demande régulièrement des comptes au gouvernement, que l’opposition s’oppose en faisant preuve d’imagination et de créativité pour donner de l’espoir à tous les Sénégalais mécontents du régime libéral, que la presse remplisse sa mission d’information de la manière la plus honnête et objective possible, que la société civile assume sa citoyenneté en exerçant librement sa mission de veille citoyenne.
Toutefois, il est urgent de poser les termes de référence d’un vrai débat national sur l’audiovisuel public et privé : quel cahier des charges pour l’audiovisuel public pouvant y garantir le pluralisme et éviter la propagande déguisée et non déguisée du pouvoir ; mais aussi quel cahier des charges pour l’audiovisuel privé, quelles conditions pour la délivrance et l’exploitation des fréquences. Les audiences de minuit et autres arrangements politiques ont montré leur limite objective ce 19 mars 2011. Le gouvernement est désormais condamné à gouverner dans la transparence et l’équité.
Président Wade, nous sommes un peuple mûr.
Sadikh DIOP
Administrateur de l’Observatoire de l’information et des médias
www.limedia.org [email protected]
6 Commentaires
Owo
En Mars, 2011 (02:49 AM)Kw
En Mars, 2011 (02:55 AM)Undefined
En Mars, 2011 (03:00 AM)Pa biest out il peut plus il est dépassé ou mal informé donc son entourage médiocre le prouve
damal ak jam mame boy
Sam
En Mars, 2011 (07:15 AM)La Vérité
En Mars, 2011 (09:15 AM)Saint Louisienne
En Mars, 2011 (15:43 PM)Participer à la Discussion