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CONTRIBUTION - Le problème du Sénégal, n'est pas celui d'un homme charismatique mais, plutôt d'institurions démocratiques, fiables et pérennes.

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CONTRIBUTION - Le problème du Sénégal, n'est pas celui d'un homme charismatique mais, plutôt d'institurions démocratiques, fiables et pérennes.

Le problème du Sénégal, n'est pas celui d'un homme charismatique mais, plutôt d'institutions démocratiques, fiables et pérennes.

" Les institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des moeurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement ". [Saint-Just] [+]  Extrait des Fragments sur les institutions républicaines

Certains de nos compatriotes, se posent souvent la question du charisme des hommes, pour remplacer un leader à la tête d'un parti, d'un Etat, d'une organisation, etc..

Mais, est ce que le charisme d'un seul homme est suffisant comme unique critère pour bien  diriger ? Ou bien, peut-il remplacer un programme économique et social, fruit d'une réflexion profonde des meilleurs fils d'un pays ?  Programme, qui prendrait en charge les préoccupations essentielles des populations qui vivent dans des difficultés inouïes chaque jour davantage, en vue de leur trouver des solutions au meilleur des cas. Programme exécuté, sous la conduite d'une équipe composée de nos meilleurs spécialistes dans tous les domaines d'activité de la société, connus pour leur probité morale et intellectuelle, dans un cadre d'institutions démocratiques, fiables et pérennes.

Le charisme est un attrait qui ne tire pas sa source d'un fait concret et établi mais, plutôt de l'illusionnisme. C'est le fort des dictateurs rampants, qui se fabriquent une image exceptionnelle fausse ou abstraite, à vendre. Cette image, attrape nigaud, a pour objet d'attirer les foules comme dans un mirage. Et, à terme, c'est le culte de la personnalité de l'individu qui est cultivé à outrance. C'est ainsi, que toute une batterie de communication et de marketing est mise en œuvre par des spécialistes au profit et pour le seul bénéfice d'un seul individu. Et tout autour de lui, c'est le vide total. Alors, ce mirage grossissant donne l'impression d'une valeur exceptionnelle ou d'un homme providentiel irremplaçable. Ainsi, comme certains le pensent, l'individu peut passer pour le seul constant et tout le reste devient variable. Le phénomène existe à plusieurs niveaux dans la société mais, foisonne surtout dans le microcosme politique ou religieux, par exemple : dans les partis politiques, les organisations de masses et naturellement à la tête des Etats. C'est pourquoi, nous devons être vigilants et cesser de nous focaliser sur des individus soi-disant charismatiques. Il est évident pour tous les esprits doués de raison qu'un seul individu, quelles que soient par ailleurs ses compétences et aptitudes avérées, ne peut à lui seul diriger la plus minime structure à plus forte raison d'un Etat tout entier avec tout ce que cela comporte comme paramètres complexes.

Au demeurant, nous devons aussi tirer les leçons d'un certain homme charismatique qui, pendant 26 ans nous a servis un discours populiste qui a tant bourdonné dans nos oreilles et qui, à l'arrivée s'est révélé être du toc. La gestion de l'alternance en est une parfaite illustration. Pour les besoins de la présentation à l'extérieur, tout le pays est maquillé à la place de la réalité. Quand un homme avoue préférer la fidélité à l'intelligence, il y a de quoi s'inquiéter sur le type de citoyen qu'il veut avoir pour son pays.

L'expérience devant servir à quelque chose, notre peuple dans ses différentes et variées composantes devrait bien tirer la leçon du parcours fait depuis l'indépendance à nos jours en matière de gestion du pays. Les régimes qui ont jalonné cette période ont fait montre de beaucoup d'insuffisance pour ne pas dire d'erreurs, tant au plan institutionnel, économique, social, culturel que dans la conduite globale des affaires publiques. A cet effet, au lieu de poursuivre une gestion faite de tâtonnement et de l'à peu près sous la conduite d'hommes supposés charismatiques ou providentiels, tentons une autre expérience qui s'appuierait sur une gestion collégiale et concertée de toutes les forces vives de notre pays. Le pouvoir en place s'attelle à diviser toutes les forces démocratiques opposées à son maintien. Ceci devrait justement constituer pour tous ceux qui oeuvrent pour une alternative crédible à cette alternance, une raison majeure et le ciment de notre unité pour se regrouper autour de l'essentiel, afin de sauver notre nation des dérives qui nous mènent vers une destination inconnue. Allons à l'essentiel en évitant les obstacles dressés par nous mêmes, en dehors de ceux du pouvoir tels que : les exclusions subjectives, le sectarisme identitaire, le particularisme générationnel et autres phénomènes qui sont les pires ennemis de notre cause. Le peuple sénégalais a faim et a soif, sa jeunesse désespérée est lasse d'attendre le premier emploi qui est devenu lettre morte et ses campagnes se meurent à petit feu. N'en déplaise aux souteneurs du régime libéral mais, notre pays régresse terriblement et presque à tous les niveaux. La situation présente, est l'affaire de tous les citoyens de ce pays et non seulement de la classe politique, c'est pourquoi, aucun d'entre nous ne devrait être indifférent ou passif.

Aujourd'hui, à l'heure du bilan, bientôt 7 ans d'exercice de pouvoir libéral, le peuple sénégalais ne devrait plus se faire avoir par un discours flagorneur comme bilan à la place de faits concrets et de chiffres à l'appui. Travaux inachevés ne constituant point œuvres accomplies. Il était question hier au début du septennat, les grands projets du chef de l'Etat et autres promesses, maintenant que le mandat s'achève, faisons le point sur ce qui est fait et ce qui ne l'est pas concrètement. La RTS et autres média d'Etat ne peuvent servir de preuves palpables pour les réalisations des promesses.

En tout état de cause, au terme de nos observations, nous constatons que, l'une des raisons majeures de l'instabilité du régime de l'alternance ou libéral,  outre la mal gouvernance, est la fragilisation de nos institutions par leur non respect et le caractère provisoire dont elles sont l'objet. Celles-ci sous l'alternance sont modifiées à tout moment par une Assemblée nationale qui obéit à l'œil et au doigt à l'Exécutif, plus précisément au Président de la République. A qui, l'Assemblée ne refuse rien, surtout quand il s'agit de la révision de la Constitution pour renforcer ses pouvoirs. Ceci traduit un recul démocratique sans précédent dans notre pays, qui nous fait dire que nous sommes dans une république monarchisée.

Par contre, au lieu de s'arc-bouter sur un "  passé démocratique glorieux " évoqué à tout bout de champ pour se vanter, le pouvoir en place devrait regarder la réalité en face et avancer au rythme des avancées démocratiques qui se dessinent dans notre sous région, à l'image du Bénin et tout récemment, la Mauritanie pour ne citer que ces deux là. Ces exemples sont des hypothèses d'école voilà pourquoi, il me semble intéressant de les faire connaître.

Le Bénin, malgré les multiples tentatives à l'époque de Kérékou  à vouloir reporter l'élection présidentielle, tentatives, qui ont toutes échoué, grâce à la résistance des forces démocratiques du Bénin et en partie à l'exigence des Américains qui ont conditionné l'octroi du crédit du  Millenium Challenge Account  à l'organisation de la présidentielle. Ensuite récemment, le vote de l'Assemblée prorogeant le mandat des députés d'un an, a été jugé non conforme à la Constitution  et rejeté par la Cour Constitutionnelle du Bénin. Si le pouvoir de l'alternance a failli lui, à ses promesses faites au peuple sénégalais, tel n'est pas le cas heureusement pour le peuple béninois. Selon l'Agence Syfia, il est rapporté ceci : " " Bénin : Les premiers signes du 'changement' "

" Trois mois après son arrivée au pouvoir, Yayi Boni, le nouveau président béninois, engage une série d'actions destinées à sortir son pays de l'ornière. La classe politique est réservée. La population applaudit.

 " De même, la lutte contre la corruption devient une réalité : début juin, le gouvernement a fait emprisonner Séfou Fagbohoun, richissime homme d'affaires qui jouissait d'une impunité totale sous le précédent régime. Cet homme politique très influent a été accusé par la Commission bancaire de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) d'avoir racheté en 1999 la Sonacop, l'un des fleurons de l'économie béninoise, dans des conditions douteuses.

Sur sa lancée, le nouveau pouvoir a entrepris l'audit de tous les ministères et de sept grandes sociétés d'État, dont Bénin Télécoms, le Port autonome de Cotonou et la Société nationale de promotion des produits agricoles (Sonapra). 'Ceux qui seront accusés de malversations devront répondre de leurs actes', affirme Pascal Koupaki, le ministre du Développement, de l'économie et des finances.

Pour amorcer ce changement de cap, Yayi Boni a mis en place un gouvernement de techniciens. Par exemple, le ministre de l'Économie était auparavant chargé de l'étude des projets à la Bceao, celui de l'Agriculture est agronome et ceux des Affaires étrangères et de l'Intégration africaine diplomates de formation. Les chefs de parti et anciens ministres ne font pas partie du gouvernement même ceux qui avaient soutenu Yayi Boni pendant la campagne présidentielle " ".

Ceci est le respect d'un engagement et de la parole donnée qui était fait au peuple béninois. Et pourtant c'est  presque dans les termes, ce que l'on disait en 2000. Voici bientôt sept ans rien de tout cela n'a été fait.

S'agissant de la Mauritanie. Sous la plume de Cheikh Y Seck, dans Jeune Afrique n° 2373 du 2 au 8/07/06, il est rapporté ceci  " Nous avons fait l'expérience des régimes d'exception, des despotes éclairés et de l'embrigadement. Il est temps pour nous de nous rallier à la démocratie véritable, constitutionnellement consacrée, qui nous permettra de maîtriser enfin notre destinée "

Et à propos de la nouvelle constitution et notamment en  son article 26 de la nouvelle mouture, il est prévu que " …le chef de l'Etat est élu pour cinq ans, son mandat n'étant renouvelable qu'une seule fois. Tout candidat à la magistrature suprême devra en outre être âgé de plus de 40 ans et mois de 75 ans. Pour garantir le mécanisme de l'alternance constitutionnelle, le texte met en place deux verrous. Le premier est religieux : le président élu devra faire, " au nom d'Allah ", le serment de " ne point prendre ni soutenir une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat présidentiel ". Le second verrou est juridique. Selon le nouvel article 99, " aucune procédure de révision constitutionnelle ne peut être engagée si elle remet en cause le principe du quinquennat renouvelable une seule fois ". En cela, La Mauritanie innove. Si de nombreux pays africains (Sénégal, Ghana, Mali, etc.) ont choisi de limiter le nombre des mandats présidentiels, ils ne vont pas aussi loin pour s'assurer que cette disposition sera respectée "

En vérité, au plan des institutions crédibles, nous sommes en ce moment au Sénégal à des longueurs de ces deux pays. Mais osons espérer qu'avec le génie du peuple sénégalais, nous parviendrons à faire un saut qualitatif dans les mois à venir pour surmonter nos difficultés, qui sont réelles du reste et asseoir enfin des institutions dignes de notre peuple.

Mandiaye GAYE
BP 1600 Dakar



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:37 PM)
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