Pourquoi une loi qui rend obligatoire la déclaration de patrimoine, comme il en existe ailleurs dans le monde, une loi ni scélérate ni injuste, plutôt utile et nécessaire pour notre pays, doit-elle conduire à autant de défiances chez certains ministres de la République jusqu’à mettre en scène publiquement l’un d’entre eux dont on dit qu’il aurait menacé l’agent de l’Etat chargé de mettre en œuvre ladite loi ? Dans quel pays sommes-nous pour que les plus hauts représentants de l’Etat soient les premiers à mener la guerre contre une banale politique de transparence ?
Si sont vraies les amabilités rapportées entre Nafi Ngom Ndour, présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), et Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères, alors c’est qu’il y a des choses gravissimes qui se passent au sommet de l’Etat, au-delà des petits mots entre les uns et les autres.
La réalité triste qui s’offre à nos yeux est que jamais l’autorité suprême du Président Macky Sall n’a été autant bafouée par ses subordonnés à travers cette crise. Son Premier ministre, n’en parlons même pas ! Disparu !
Pourtant, les lois concernant le code de transparence, les patrimoines des ministres et d’autres hauts fonctionnaires de l’Etat ne sortent pas du néant. C’est le chef de l’Etat qui les a voulues et présentées comme preuves de sa « volonté » de faire faire à notre pays un pas supplémentaire sur le terrain de la bonne gouvernance.
Du reste, elles n’ont abouti qu’aux forceps en raison de la guérilla orchestrée pendant longtemps par les estafettes des lobbies de la Magouille et de l’Impunité tapis en différentes strates de l’appareil d’Etat.
Sous cet angle, s’en prendre à la présidente de l’Ofnac, simple émissaire du Président de la République sur ces dossiers, cache mal cet autre dessein qui consiste à défier « le maillon faible » Macky Sall en passant par celle que l’on croit être un « chaînon laid », Nafy Ngom Ndour.
Or, avec l’éclatement de cette affaire, deux éléments sont mis en valeur. Une femme, Nafy Ngom Ndour, passe pour une victime expiatoire soumise aux harcèlements de mâles paniqués par une obligation qui s’abat sur leur pouvoir dominant. Un homme, Macky Sall, quand bien même chef de l’Etat, qui se laisse marcher sur les pieds par des « petits » collaborateurs qu’il a pourtant nommés.
On se rappelle que c’est le Président de la République qui avait senti la nécessité de fixer une date butoir, le 31 décembre 2014, afin que tous les ministres et fonctionnaires visés par la loi déposent leurs dossiers de patrimoine sur la table de la présidente de l’Ofnac.
Dans les normes, une autorité bafouée appelle des sanctions. Si le ministre des Affaires étrangères a vraiment menacé la présidente de l’Ofnac, Macky Sall a l’obligation politique et morale de l’expulser du gouvernement. C’est le seul moyen à sa disposition pour restaurer sa crédibilité écornée et tenir ses troupes. Des hautes personnalités qui piétinent à ce point et la loi et ceux qui sont censés l’appliquer ne méritent pas moins que le purgatoire.
Mais avec ce Président qui déteste les vagues, passé maître dans l’art de noyer dans l’oubli les crises les plus graves, réfugié dans le confort de la fonction, il est interdit d’espérer des remue-ménages. Pour une fois qu’il nous surprenne, on serait preneur… Faut pas trop rêver !
Momar Dieng
3 Commentaires
Fa
En Janvier, 2015 (11:42 AM)Le Problème
En Janvier, 2015 (13:11 PM)Bessell
En Janvier, 2015 (19:21 PM)Participer à la Discussion