Le programme décliné par le Premier Ministre traduit la vision du Chef de l’Etat décrite comme la réponse concrète aux aspirations du peuple sénégalais au changement. Cette vision a été inspirée au contact direct des réalités vécues par les populations et qui ont pour noms, économie en stagnation, mauvaise gouvernance, précarité, absence de services publics, et incapacité de se protéger de chocs extérieurs récurrents et divers dans un monde en constante mutation. Devant ce triste tableau, la compassion du Chef de l’Etat et sa volonté d’injecter une dose de sobriété dans la gestion du budget était compréhensible. Le sénégalais lambda lui conscient de sa souveraineté a demandé le changement pour essayer une nouvelle voie, mais quelle voie?
Nous ne sommes pas sûrs que le sénégalais lambda le sache au-delà des déclarations de principe sur les valeurs universelles d’équité, de solidarité, et d’éthique dans la gouvernance. Nous ne sommes mêmes pas sûrs non plus que l’élite ait un consensus sur cette voie malgré les assises nationales et les politiques sectorielles régulièrement mises à jour avec les bailleurs et partenaires sociaux. Le Premier Ministre l’a dit, la voie tracée par le gouvernement l’a été après une lecture correcte de la situation macroéconomique marquée par une croissance faible et erratique, un compte courant de la balance des paiements structurellement déficitaire, un manque de compétitivité, et une dette publique soutenable certes mais qu’il faut préserver par un ajustement budgétaire. En somme, il n’y a pas véritablement de marge budgétaire à dépenser, ni de capacité d’endettement. Mieux dépenser oui, mais la croissance ne sera pas impulsée par l’Etat.
Quelle est la forêt que semblent cacher les arbres que sont la pléthore de problèmes que vivent les sénégalais et que le gouvernement veut essayer de résoudre? Le Premier Ministre a défini trois axes stratégiques après analyse de la situation macroéconomique et sociale: « (i) la consolidation des bases d’une gouvernance démocratique basée sur la satisfaction des besoins prioritaires des populations (ii) le renforcement de la décentralisation et la territorialisation des politiques publiques en vue de donner une plus forte impulsion au développement des terroirs (iii) une croissance soutenue, durable et inclusive, bâtie autour d’un meilleur environnement des affaires et d’un développement plus équilibré du territoire avec l’émergence de pôles de développement régionaux dynamiques, et la relance du secteur agricole ».
Nous souscrivons à cette vision stratégique qui pour nous se résume en un seul axe fondamental:
« La décentralisation et la territorialisation des politiques comme moyens de réaliser la bonne gouvernance démocratique et le développement économique et social »
Nous invitons le gouvernement à réaliser cette vision stratégique en adhérant aux valeurs d’autonomie et de liberté ce qui revient à territorialiser la définition même des politiques publiques et à revoir notre architecture institutionnelle sur cette base. Cette territorialisation signifie aussi mettre fin au réflexe de la main tendu que représentent la redistribution des ressources de l’Etat central surtout lorsqu’il n’y a pas grand-chose à redistribuer et le recours excessif à l’aide extérieure.
L’urbanisation croissante couplée à un besoin de moderniser l’agriculture est une opportunité qui peut accompagner la décentralisation. La thèse que nous avons eu à défendre à maintes reprises est que l’urbanisation (résultat de l’exode rural irréversible car désirable) fournit une demande urbaine à satisfaire par une capacité de production possible. La ville épicentre d’un pôle régional et polarisatrice des zones rurales qui lui sont proches est une opportunité d’exode rural et de spécialisation pour une agriculture marchande et plus productive qui doit nourrir la ville. Pour que la demande urbaine puisse être effective, il faut un accès au crédit à partir des ressources locales elles-mêmes et c’est possible.
Nous souscrivons à l’idée de fonds de garantie et d’investissement au vu des marges budgétaires limitées pour faciliter l’accès au crédit, mais si ces institutions sont publiques et centralisées nous risquons de répéter l’histoire. La Société Financière Privée d’Appui au Développement Local que nous avons théorisée peut non seulement faciliter cet accès au crédit mais peut financer un fonds de garantie local sans aide extérieure, ni apport du budget de l’Etat. De par son mode de fonctionnement, elle pourra même financer la protection sociale et les transferts conditionnels de liquidité à ses adhérents. Il faut cependant une réforme monétaire pour y arriver et un accompagnement de l’Etat, des populations, des collectivités locales, du secteur financier, et de la banque centrale.
Le problème du Sénégal et de l’UEMOA face aux marges budgétaires limitées est un problème d’architecture monétaire et financière. L’Europe est entrain de repenser son modèle face aux mêmes contraintes. Tant que nos gouvernants n’auront pas le courage de regarder l’autre face de la pièce de politique économique qu’est la monnaie, nous répéterons sans cesse l’histoire: expansion budgétaire et quasi-budgétaire, endettement, ajustement, annonce de reformes structurelles sans résultats pendant que le monde avance. Nos économies rurales de subsistance et urbaines peu monétisées ne peuvent être compétitives sans une politique monétaire, de crédit, et de change d’accompagnement adéquate.
Nous souscrivons donc à l’appel du Premier Ministre à l’innovation. Ayons le courage de sortir des sentiers battus.
Dr. Abdourahmane Sarr,
Président du CEFDEL et du MRLD (www.mrld.org, www.cefdel.org)
Edward S. Mason Fellow, Harvard University
7 Commentaires
Imam Sacre Coeur
En Septembre, 2012 (04:41 AM)Limazo
En Septembre, 2012 (08:37 AM)sortit des formules de nulle part sans établir un diagnostic approfondie de la situation conduit toujours à des échecs. et vous savez bien que le diagnostic fait par le PM est archi- partiel. ne vous en contentez pas si vous voulez être d'accord ou pas avec lui.
et tout notre problème est la. on ne va rien développer.
car nous sommes superficielle et nous reproduisons les même chose depuis 1960 jusqu'à présent sous d'autres noms.
je ne vois aucun différence fondamentale entre ce que vous dites, ce qu'a dit abdoul mbaye, ce que adisient senghor, diouf, wade et Maky. vous ne faite que répéter ceux les colon, les institutions de brettons woods, les ONGs, les systèmes occidentales disent pour ce qui est valable pour eux. réveillez vous. vous n’êtes pas dans le même système. N'est-ce pas que aïda Mbodji a parlé de plagiat. elle a raison d'un coté même si elle ne comprend pas ce qu'elle disait ou dis moins elle le disait de manière politicienne
peut-mieux faire.
Uyt
En Septembre, 2012 (09:31 AM)Saloum Saloum
En Septembre, 2012 (11:11 AM)Bouma takha wakhj deh
Pepes
En Septembre, 2012 (11:32 AM)Senu
En Septembre, 2012 (11:50 AM)Dilate La Rate
En Septembre, 2012 (22:51 PM)Participer à la Discussion