Le divorce, qui est la rupture officielle du mariage existant entre deux individus précédemment unis, a tendance à devenir un phénomène de mode surtout dans la société sénégalaise actuelle. Le divorce sur lequel j’ai l’intention d’axer ma réflexion est non seulement le divorce d’individus unis par le lien du mariage mais aussi le divorce qui consiste à lâcher un compagnon pour des raisons plus ou moins diverses comme cela se fait en politique ou dans la vie courante. Pour cerner un problème aussi complexe et sensible qu’est le divorce, il urge de remonter aux origines du divorce tel que pratiqué depuis l’antiquité à nos jours, en essayant de convoquer le point de vue des religions chrétienne et musulmane. Aussi, le divorce fondé sur des divergences de vues ou simple volonté unilatérale non justifié objectivement, ne serait compris si l’on ne s’attelle pas à un décryptage de la relation humaine qui, est aussi complexe que les équations en mathématiques.
L’étude comparative du divorce suivant les époques et les religions ne se focalisera pas pour autant sur le caractère juridique du divorce qui, distinguerait différentes formes et toute une procédure dans son processus. La présente étude a pour but principal de discuter des mobiles du divorce et l’évolution qui en a résultée avec les changements de mentalité dans un monde de plus en plus préoccupé par la chose matérielle au détriment de valeurs morales et religieuses qui devaient avoir la primauté dans le fondement de toute relation humaine.
Au moyen âge par exemple le mariage était considéré par l’Eglise comme étant sacré ; donc indissoluble. Cette conception du mariage assimilé à l’alliance entre la divinité et les peuples croyants, avait le mérite de stabiliser les couples. Cependant, elle avait l’inconvénient de ne pas encourager les couples au mariage, et une fois mariés, d’être obligés de vivre dans une prison conjugale si des problèmes insurmontables faisaient surface au cours de la cohabitation. Ce sont justement ces manquements qui ont motivés la reconnaissance au conjoints le droit de rompre même sans motif valable.
En Islam, le lien du mariage est qualifié de « fort » et réaffirme par conséquent la valeur de l’engagement de vie commune entre les conjoints. Et pour favoriser cet engagement de vie commune, durable et éternelle, le prophète de l’Islam Mohamed (PSL) demandait aux croyants de s’armer de patience et de pardon. Pour ce faire, il incitait à ne pas se focaliser sur les traits de caractère négatifs au détriments de ceux qui vous ont certainement poussé à vous unir ; étant entendu que ces derniers ne doivent nullement être l’argent ou les choses mondaines contingentes. Le mariage doit être avant tout être fondé sur l’amour. C’est malheureusement cet amour qui n’est pas toujours au rendez-vous des mariages scellés de nos jours au Sénégal. Cette fixation que se font nos femmes, avec la plupart du temps l’appui de leurs familles, sur les fameux V.I, V.F (Venants d’Italie ou Venants de France) et j’en passe, en dit long sur ce changement de mentalités de celles-ci par rapport à la vie de couple. Le résultat est qu’il faut, comme les V.I ou V.F débourser beaucoup d’argent pour faire partie du cercle fermé des mariés. Mais le problème qui se pose c’est que tout le monde n’a pas la possibilité d’avoir des millions avec la conjoncture économique de plus en plus démesurée. Et si au prix de privations et de sacrifices l’homme arrive à répondre aux exigences de sa future épouse et de sa famille profiteuse, il va s’en dire que les attentes seront à la mesure de l’investissement.
Au finish, si notre bonhomme se rend compte que sa nouvelle maîtresse de maison ne répond pas à ses attentes car ne sachant même pas faire du bon « sombi » et qu’elle lui défie sur le terrain de l’autorité du ménage, il va s’en dire que la situation ne va pas continuer si la femme ne revoit pas à la baisse ses prétentions de femme moderne ou émancipée. C’est l’une des raisons pour lesquelles la majorité des hommes sont terrorisés à l’idée de se nouer la corde autour du coup. Pourquoi se marier si on est sûr de divorcer tôt ou tard ? N’eût été ce respect des principes des religions révélées qui incitent au mariage, beaucoup de sénégalais et de sénégalaises préfèreraient se contenter de cette vie en apparence plus paisible qu’est le célibat.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette soif d’argent, de pouvoir, a également déteint nos relations humaines d’une manière générale. C’est peut être ce dicton wolof qui dit que « koloré guinaw lay fété » qui fait que la plupart des sénégalais jettent comme des torchons les amis avec qui ils ont eu à cheminer ensemble pendant un nombre considérable d’années au profit de nouveaux amis d’intérêt. L’intérêt en question n’est rien d’autre que l’argent, le pouvoir et la femme. Cette triptyque dans laquelle il y a toujours la main de Satan et qui rend fou en réalité.
Ce qui se passe sur la scène politique sénégalaise confirme nettement la mentalité métamorphosée dans le mauvais sens de la conscience des sénégalais. Vivement que les mentalités reviennent à la normale et que la relation humaine en général et le mariage en particulier retrouvent la sacralité qui leur est propre.
M. NDIAYE, Papa Lamine
Professeur d’Anglais au Lycée Maciré BA de Kédougou – SENEGAL.
E-mail : [email protected]
Tél. 77 510 62 52
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