Décidément le projet de ce monument des Almadies qu'on s'apprête à inaugurer dans notre pays aura été celui qui a suscité le plus de désapprobation sous le ciel de l'alternance. Son impopularité est due au fait qu'il accumule à lui tout seul de nombreuses tares: coût exorbitant, inopportunité, indécence et surtout non-conformité à l'esprit de l'islam au point d'être classé dans la catégorie des grands péchés. Une autre facette de ce monument selon un environnementaliste est qu'il constitue une menace pour l'écosystème ouakamois (Sud Quotidien, (5 décembre 2009, page 7)…Dans un Etat qui se dit laïc, il serait sans doute illusoire d'attendre de ses dirigeants qu'ils conforment leurs actes de tous les jours à l'une ou l'autre des religions qui y sont pratiquées, chacun assumant ses propres responsabilités devant Dieu. Mais quand il s'agit de légitimer à des fins purement personnelles ce que Dieu et son Prophète(PSL)ont expressément interdit, il revient aux chefs religieux de rétablir la vérité pour l'amour de Dieu. C'est ce que certains imams ont fait en fustigeant ce monument de la dégénérescence, ce qui malheureusement, leur a valu des critiques injustifiées. Dire que les contempteurs de cet amas de bronze ont voulu politiser le débat, c'est faire fausse route. On ne peut pas accuser ces imams qui ont axé leurs sermons de la Tabaski sur ces idoles d'être des politiciens ,ils ne font que se conformer au verset 110 de la sourate III, Al Imrane: "Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les hommes, vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez en Allah ".Certes, d'autres statues ont été érigées dans ce pays bien avant celle des Almadies, mais leur impact au plan économique ,social et écologique est moindre même si leur caractère illicite est incontesté. D'ailleurs la plupart des hommes politiques se sont aussi appesantis sur l'aspect économique, et ils ont raison, car nul ne conteste que ce pays très pauvre a d'autres priorités que de mettre des milliards dans un tel projet : "les gaspilleurs sont les frères des diables; et le diable est très ingrat envers son Seigneur (Coran Isra, XVII, 27.) Laisser les populations de la banlieue patauger dans des eaux fétides, laisser les Sénégalais subir les affres des délestages alors que cette somme aurait pu régler ces problèmes, est une aberration politique et un manque de considération notoire à l'égard des gens qui vous ont élus. D'autres religieux, en revanche, se sont contentés de faire profil bas pour les raisons que tout le monde connaît. Quand quelqu'un se dit homme de Dieu et qu'il n'a pas le courage de contredire une créature qui a contredit le Créateur, alors il ne mérite pas le titre de guide religieux et les plus à plaindre sont ceux qui lui sont dévoués corps et âmes et font de lui leur sauveur alors qu'il ne peut pas sauver une mouche."Et n'échangez pas Mes révélations contre un vil prix. Et c'est Moi que vous devez craindre" (Coran, II, 41.)Nos religieux, musulmans, il faut encore le préciser (pas tous heureusement), ont d'autres soucis: l'argent et les honneurs; certains d'entre eux s'adonnent à des chantages honteux, du genre "appelez-moi ou je fais un malheur", ce qui est indigne d'un homme religieux, d'un homme tout court. Si certains érudits ont pris le contre-pied des imams pour dire que l'édification des statues est permise par l'Islam, le Coran et les hadiths sont là pour départager: …"Si vous vous disputez en quoi que ce soit, référez-vous à Allah et au Messager si vous croyez en Allah et au Jour dernier" (Coran, IV, 59.)Référons-donc aux dires du Prophète (PSL) : Dans "Le Jardin des Vertueux " de l'Imam Mohieddine Annawawi, celui-ci consacre un chapitre entier à ce phénomène (chapitre 52, intitulé "L'interdiction de dessiner des images…, l'ordre de détruire toute image ", hadiths n°1676 à 1685.)On notera qu'une simple image est de moindre envergure qu'une statue .On peut se procurer ce livre en version bilingue, arabe-français chez tous les vendeurs de livres islamiques… A titre d'exemple, on citera un seul hadith": "Selon Ibn Oumar, le Messager de Dieu (PSL) a dit :" Ceux qui fabriquent ces images seront tourmentés le jour de la résurrection. On leur dira :"Faites vivre ce que vous avez créé"(unaniment rapporté)".Le Docteur Youssef Quardhaoui dans son livre "Le licite et l'illicite en Islam "a fait une étude quasi exhaustive sur le sujet : pages 81 à 97; La version bilingue de ce livre est disponible au Sénégal… Dans son exégèse du Coran, Abul Ala Maudidi, a analysé le sens du verset 14 de la sourate 34(Saba) consacrant une suite de quatorze hadiths pour réfuter les arguments de ceux qui, de mauvaise foi, veulent se fonder sur ce verset pour légitimer les statues (Abul Ala Maududi, the Meaning of The Quran, tome IV pages 209 à 217),Islamic publications, Lahore) …Toujours selon Maududi, l'Imam Malick,qui est la référence des jurisconsultes et érudits sénégalais, désapprouve sans le rendre illicite, l'achat même de poupées pour les fillettes, alors que d'autres le tolèrent. Défi est donc lancé à ces érudits de citer leurs références, à moins qu'il ne s'agisse encore d'érudits fantômes, comme tous ces fantômes qui jalonnent la gouvernance libérale : fantômes qui financent la réfection d'un avion ou la construction d'un groupe de presse, fantôme très généreux qui donne sept milliards, un autre bon Samaritain qui finance un grand projet d'assainissement de la ville de Kaolack etc. On attend qu'ils se manifestent donc, ces "érudits", qu'ils soient députés, "marabouts"- sénateurs, journalistes… Ils prétendent que "si on édifie un tel monument juste pour le contempler et admirer sa beauté, en plus d'y tirer des fortunes, il n'y a rien de mal à ça, Le Quotidien, 5 décembre 2009.)"Erreur monumentale! L'Islam est une religion préventive, il interdit tout ce qui peut conduire au péché; les idoles citées dans la sourate Noé (71) au verset 23 et qui ont pour noms Wadd, Suwa, Yagut et Nasr étaient à l'origine des hommes pieux qu'on a voulu immortaliser et qui ont fini par être adorés. De même Dieu ne dit pas "ne commettez pas d'adultère", il dit :"ne vous en approchez pas". On ne peut pas non plus tirer fortune d'une chose illicite, car si on suit la logique de "ceux qui détiennent des connaissances" on peut se livrer à un commerce florissant de l'alcool sans contrevenir aux règles de l'Islam… Voilà le Sénégal de l'alternance. Hélas ce n'est que maintenant que les jeunes qui ont voté en masse en 2000 se rendent compte du bien-fondé des conseils et avertissements de leurs aînés. .. Si jeunesse savait…
Yatma DIEYE, professeur d'anglais, Rufisque
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