« Ce qu’il faut craindre, ce n’est pas tant la
vue de l’immoralité des grands que celle de l’immoralité
menant à la grandeur. Dans la démocratie,
les simples citoyens
voient un homme
qui sort de leurs rangs et qui parvient en peu
d’années à la richesse et à la puissance ; ce spectacle excite
leur surprise et leur envie : ils
recherchent comment celui qui était
hier leur égal
est aujourd’hui revêtu du droit de les diriger. Il s’opère
ainsi je ne sais quel odieux mélange entre
les idées de bassesse et de
pouvoir,
d’indignité et de succès, d’utilité et de déshonneur. »
Alexis de TOCQUEVILLE
M. Le Président,
Les urnes ont dévoilé leurs secrets, les sénégalais se sont
exprimés démocratiquement et viennent de vous élire comme quatrième
président de la république du Sénégal.
Je me joins à
ce peuple qui attendait ce moment depuis dix (10) ans maintenant, pour
vous féliciter très chaleureusement de votre honorable victoire. Vous
venez de réaliser le rêve de tout un peuple, à savoir retirer à Wade et
sa bande le droit de gestion du pays et du pouvoir. Cette victoire
que vous venez d’obtenir grâce à la volonté majoritaire du peuple
sénégalais est très riche en symboles. Car, elle est clairement et
distinctement plus valeureuse que celle obtenue le 19 mars 2000. Elle
traduit le sentiment de refus, de tout un peuple, d’abandonner ses
privilèges de citoyens pour ne s’acquitter finalement que de ses
obligations de sujets. Cette victoire est la marque de notre
attachement sans faille à la démocratie, la justice, le mérite,
l’égalité sociale et des chances. Aussi, elle est surtout la victoire du
bien sur le mal. Depuis presque trois (3) jours nous célébrons
avec beaucoup de joie cette victoire pour autant même que l’attente a
été longue, insupportable, fatigante voire agonisante; on serait même
tenté de dire que notre désespoir était grand, notre amertume et
notre souffrance lancinantes. Nous étions habités par l’angoisse de
revoir les Wade conserver ce pouvoir avec toute cette série incessante
de malheurs qu’ils ont fait endurer au peuple sénégalais. Mais
grâce à la volonté divine jointe à celle du peuple et la détermination
sans précédent du peuple sénégalais, la peur d’être encore dirigés par
les Wade n’est devenue qu’un mauvais souvenir.
Permettez-moi, M. Le Président de la République, de vous faire une
suggestion en ma qualité de simple citoyen. Je voudrais attirer votre
attention sur un fléau qui a gangréné notre jeune Nation depuis son
accession à la souveraineté nationale et internationale: les auteurs
des plus horribles crimes économiques de ce pays n’ont jamais été punis.
Il est temps, et j’insiste là-dessus, que l’on commence à faire payer
aux criminels économiques leurs forfaitures pour que dans l’avenir ceux
qui auront la charge de gérer les affaires aient le maximum de respect
pour les deniers publics, car nous n’en pouvons plus des détournements
et a fortiori ceux qui restent toujours impunis.
Je tiens
singulièrement à vous rappeler que la plus grave crise
constitutionnelle que notre pays ait traversée était due au fait que
de hauts responsables de l’époque (ministres et députes) s’étaient
auto-alloués des avantages financiers qu’ils ne voulaient point payer.
Et comble de malheur, ils ont même été récompensés en renversant le
gouvernement de feu Mamadou Dia dont le seul tort consistait à s’opposer
à cette barbarie comportementale. Depuis cette date, le gaspillage des
deniers publics a été érigé en règle de gouvernement de notre pays. Si
tel n’est pas le cas, je me demande pourquoi à cette période la quasi
totalité des sociétés nationales avait fait faillite sans que les
plus grands responsables de ces échecs n’aient été punis : ONCAD, BNDS,
USB, SONACOS, REGIE DES CHEMINS DE FER DU SENEGAL, pour ne citer que
celles-là. Si elles n’ont pas complètement disparu, elles agonisent ou
continuent à être la vache laitière de quelques mafiosi. Nous pouvons
également citer, entre autres exemples, la SENELEC, la LONASE, les
ICS, etc. Je me suis, dans la même veine, toujours posé la question
suivante: comment en est-on arrivé là ? Et aujourd’hui, nous sommes au
bord du gouffre puisque les directeurs des agences nationales
rivalisent d’ardeur à dilapider les milliards mis à leur disposition
comme en témoignent les récents cas de L’ASER, l’ARTP et du COSEC. Les
ministres qui osent dépenser l’argent du contribuable de façon
extravagante au point d’acheter des couteaux à coup de dizaines de
milliers de CFA se voient en contrepartie récompensés au travers de
promotions très juteuses; les exemples les plus frappants sont le cas
de Awa Ndiaye, Adama Sall, Sada Ndiaye et Samuel Sarr, pour ne citer
que ceux-là.
M. Le Président, je sais que la tâche qui vous
attend est difficile et très lourde. Je suis conscient que le chantier
qui vous attend est énorme, mais quelle que soit l’efficacité de la
politique que vous allez mener, à mon avis, si vous ne mettez pas les
sénégalais, bénéficiant d’une impunité que leur ont assuré les régimes
précédents, devant leurs responsabilités en les obligeant à répondre
de leurs actes, vous ne ferez guère mieux que vos prédécesseurs. Je
vous exhorte alors à mettre sur pied un organe spécial, lequel aura pour
mission d’auditer tous les ministères, les agences nationales et les
sociétés nationales afin de faire revenir dans les caisses du Trésor
public tout l’argent qui appartient au contribuable sénégalais et
laisser, en fin de compte, la justice faire son travail avec honnêteté
et professionnalisme (la punition très sévère des inculpés devrait
pouvoir servir de leçon aux générations futures). Nous ne pouvons plus
tolérer cette impunité au nom de je ne sais quelle paix sociale. Je
vous souhaite très bonne chance et vous donne rendez-vous dans peu
d’années lors des prochaines échéances électorales pour mon appréciation
de votre magistère.
Patriotiquement Vôtre !
Amath
Diouf
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