Monsieur le Président,
J’ai été, sans verser dans l’activisme ou le prosélytisme de mauvaise foi, et sans même appartenir au PDS, et en allant puiser dans la profondeur de l’éthique intellectuelle et de mes convictions patriotiques les plus intimes, l’un des plus ardents défenseurs de vos idées, et de cette vision prospective qui caractérise la philosophie originelle du Sopi et du Wadisme, à savoir une philosophie basée sur l’action et le refus constant de la stagnation et de toute forme de résignation.
Je reste toujours assujetti à la défense de ces idéaux, étant convaincu que ce qui sépare l’itopie du rêve géniteur de progrès, reste uniquement notre incapacité à construire des murs autour de ce dernier, et de faire ainsi du rêve, une véritable création comme dirait Jaques Chancel.
Vous aviez pris la peine, Monsieur le Président, d’ériger des murs autour du rêve d’un Sénégal moderne et prospère, ne laissez donc pas ces édifices s’écrouler à cause de la magie malveillante du pouvoir, source de dérives quant l’on s’y accroche, et à cause des intrigues cupides de banals courtisans, tapis dans l’ombre de leur cynisme de cagoulard, et ne brûlant intérieurement que de la seule flamme de l’appel du ventre et des intérêts bassement matériels et personnels.
Ce ne sont pas ces judas de la dernière génération, armés du mépris total des intérêts supérieurs du Peuple Sénégalais, ces bedonnants mais si efflanqués par l’amoralité, et qui n’auront jamais l’honneur ni d’entrer, ni de sortir par la grande porte de l’histoire, qui seront jugés par cette dernière, mais bien vous Monsieur le Président, car vous êtes aujourd’hui le dépositaire du suffrage des Sénégalaises et Sénégalais et le garant de la stabilité et de l’avenir immédiat de notre Nation.
Si ces professionnels de la dissimulation, rompus à l’exercice dégoûtant du retournement de veste, ces flagorneurs promptes à emboucher en toutes circonstance les trompettes laudatives n’ont rien à perdre, vous Monsieur le Président, vous mettez par contre en jeu votre stature d’homme d’Etat et d’Africaniste reconnu, et l’histoire est tenace quant aux rendez-vous qu’elle fixe aux hommes, car elle ne retient inexorablement que la fin que ces derniers auront imprimé à leur parcours personnel.
L’Afrique, terre martyr, croulante sous le poids des multiples sacrifices et des espoirs plus que souvent déçus, n’avait-t-elle pas trop attendu la vaine promesse du messie qui viendrait d’ailleurs pour assurer son développement ?
Devrions-nous toujours porter en nous, le fatalisme de la main tendue et la carence répréhensible de ceux qui pensent pouvoir se contenter, sans pudeur et sans retenue, uniquement des cogitations et des concepts d’autrui, signant ainsi l’acte de procuration et de démission collective quant à la construction de notre propre avenir ?
La révolution bleue du 19 Mars 2000, sous l’étendard du Sopi et du Wadisme, et qui a eu comme premier mérite d’avoir extirpé le Peuple Sénégalais des abysses de la longue nuit «Socialiste », portait bel et bien le grand espoir et les germes d’un projet de société qui promettait enfin après 40 ans d’attente stérile, de nous ramener sur les rivages d’un Sénégal organisé et méthodique, d’un Sénégal travailleur, décidé à émerger et à rejoindre le rang des pays modernes.
Le Sénégal n’attendait pas moins que de mettre résolument le cap sur un avenir de perspectives et de certitudes pour notre nation, où seul le travail, le mérite et l’abnégation, devraient être récompensés.
Vous avez eu, Monsieur le Président, à la fois l’opportunité et l’honneur d’être au pinacle et au volant de ce tournant historique, armé de cette nouvelle façon de penser et d’agir sortant assurément des sentiers battus, et pardessus tout marquant la rupture avec le schéma sclérosé du politique africain pantin de l’Occident, ce qui nous a toujours rempli d’aise et de fierté en tant que Sénégalais.
En affichant ainsi, votre ambition de repenser le développement de l’Afrique, donnant l’assaut en même temps à toutes les grandes « fractures » de ce monde et sonnant le glas de la mendicité au profit du partenariat et du travail, vous aviez indiqué une nouvelle piste pour la renaissance et le développement de notre continent, et peut être la seule voie qu’il nous reste encore à emprunter.
Cette dimension que vous vous êtes façonnée au fil des épreuves, grâce à votre perspicacité politique, mais aussi et surtout grâce à Dieu et au soutien du Peuple Sénégalais, me faisais dire que vous aviez poussé le sacro-saint parrainage et le paternalisme décrété de l’Occident dans leurs derniers retranchements, rectifiant ainsi de fait et pour de bon, le profil stéréotypé du dirigeant africain, adepte de la langue de bois et des concepts enchevêtrés, et résolument à la remorque des maîtres à penser venus d’ailleurs.
Nous avons cru Monsieur le Président à ce Wadisme, et nous y croyons toujours, car estimant que face à l’anachronisme des idéologies et courants politiques jusque-là connus, cette philosophie de l’action et du refus sur la base d’une réflexion prospective permanente, émanant d’un fils du Sénégal et de l’Afrique, est assimilable à une nouvelle voie et doctrine politique, et demeure à mon avis, un postulat inamovible d’une vision universelle.
Vous n’avez pas proposé moins qu’une relecture dynamique des défis et enjeux du monde actuel, caractérisé par un contexte géopolitique de mondialisation, exclusif et restrictif, où les nations et peuples qui manquent de réactions et de vitesse, seront inéluctablement condamnés à rater le train de l’histoire.
Ce Wadisme donc, qui va au-delà de votre personne et de vos fonctions actuelles, Monsieur le Président, oblige ceux qui le comprennent et qui en sont convaincus comme moi, à le défendre contre vents et marées, et à le défendre même contre les incartades de celui qui en est l’auteur, au risque de verser dans le crime de lèse-majesté.
Mais c’est sans doute le tribut que l’intellectuel doit payer à la sauvegarde de la fidélité à ses convictions, et c’est assurément ce qui faisait dire au professeur Malick Ndiaye, que l’intellectuel est celui qui gouverne ses pas selon des délibérations éthiques dont il est responsable, une définition que j’accepte volontiers, tant il est vrai que l'intellectuel digne de ce nom, ne peut pas faire l’économie ni de l’éthique, ni de la responsabilité, dans son discours et dans les actes qu’il pose.
L'honnêteté et l'élégance intellectuelles, ne peuvent pas être conçues de ce fait, en dehors de cette cohérence nécessaire entre la profession de foi et l’action.
Cette démarche à la fois déontologique et discursive, et cette délibération éthique qui m'ont fait adhérer en toute liberté au Wadisme, m’ont emmené tout aussi logiquement à adhérer à l’APR dont le Président Macky SALL est aujourd’hui inévitablement, le seul héritier légitime du Wadisme et le porte drapeau naturel de tous ceux qui veulent maintenir la flamme du 19 Mars 2000 et ce grand espoir suscité par l’alternance, un espoir souffrant aujourd’hui des dérives incompréhensibles et inconduites inadmissibles du régime libéral.
Et autant le dire tout de suite, l’appréciation que je fais de votre récent appel à l’unité de la famille libérale, m’autorise à dire que pour l’APR, cette invitation ne peut être qu’invalidée, car le Président Macky SALL, libéré de l’animosité gratuite et des machinations perfides de la cour royale du PDS, ne doit envisager en aucun cas son retour vers le guêpier du «père», ce «père», qui rejette si facilement et à tort ses meilleurs fils, dés lors qu’ils manifestent un peu de liberté, ou qu’ils contrarient tant soi peu les obsessions quasi monarchiques de cette chose portant inopportunément le sobriquet de Génération du Concret, et qui n’est en réalité qu’une Génération du Complot.
Et je le dis souvent, s’il y a du concret dans ce pays depuis 2000, cela ne peut être mis que dans votre propre compte Monsieur le Président, et vouloir imputer le bénéfice d’une quelconque réalisation à Karim Wade pour ne pas le nommer, relève simplement de la supercherie, et le parallélisme fonctionne d’ailleurs parfaitement bien avec les chantiers de Thiès, non imputables aussi à Idrissa Seck, car toutes ces réalisations, controversées par ailleurs à cause de leurs coûts faramineux, relèvent strictement de votre vision et de l’ambition réel louable que vous aviez de doter en particulier les régions d’infrastructures de qualité.
Les Présidents Senghor et Diouf ont eu la prémonition salutaire et la sagesse de ne pas impliquer leurs enfants dans la gestion des affaires de ce pays, et je crois qu’ils avaient raison de le faire.
Mais fidèle à votre démarche de rupture que je vous reconnais volontiers, vous avez choisi l’option inédite et risquée de placer votre fils au cœur des affaires de l’Etat, et le résultat aujourd’hui est connu, avec une GC ayant participé activement à l’éclatement du PDS et affichant au grand jour son ambition de parachuter au pouvoir son mentor Karim Wade, pour qui le chemin d’une ascension gratuite à la tête du Sénégal, est de plus en plus balisé, sous l’oeil complaisant cette fois ci du père Président, disant publiquement : «Karim, je dirais à ta mère que tu as bien travaillé ! ».
Si l’Alternance a failli dans sa mission de consolider la marche de notre pays, cela est du en grande partie au cancer de la GC, et Macky SALL ne s’est assurément pas trompé de chemin, en choisissant dans la dignité et dans l’honneur, de se battre pour les valeurs républicaines, pour la défense des fondements de la Démocratie et en restant dans l’implacable logique de celui dont vous disiez vous-même Monsieur le Président, qu’il était l’unique Chef de gouvernement à avoir donné corps à votre vision, n’en déplaise à certains Premiers Ministres qui se sont illustrés plutôt, qui dans les diatribes insidieusement maquillées au Saint Coran, qui dans les parrainages et inaugurations des séances de lutte.
Entre la souricière du PDS/GC et la forêt vierge de l’opposition même infestée de lions et d’hyènes, l’APR choisira en toute responsabilité, le juste milieu d’un parti politique bâti sur un historique de refus de l’humiliation et de la compromission, et convaincu de pouvoir faire mieux pour le Sénégal, en créant en fin les conditions de réalisation des espoirs et attentes légitimes du Peuple Sénégalais exprimés un certain 19 Mars 2000.
Le cursus politique du Président Macky Sall, lui interdit cependant de se complaire dans la politique de la table rase, c’est pourquoi l’APR ne s’inscrira que dans une dynamique positive et évolutive, intégrant tous les acquis obtenus de haute lutte par le peuple Sénégalais, de la première à l’actuelle troisième république, mais avec la ferme volonté de ramener le Sénégal sur la trajectoire du développement durable, un terme générique qui inclut essentiellement tout un projet de société, immuable dans ses fondements socioculturels et politiques, et s’ajustant judicieusement à l’évolution économique et environnementale, l’environnement devant même être perçu ici au sens le plus large possible du terme.
La Rectification, que Dieu nous garde cependant de la version Blaise Compaore, est devenue une urgence au Sénégal, c’est pourquoi Monsieur le Président, j’ai tenu aujourd’hui à briser ce silence qui pèse et sur nos cœurs et sur nos consciences, et à tirer de toute mes forces sur la sonnette d’alarme, tout en posant une grande question à savoir si Wade est toujours Wadiste ?
Si oui, comment faudrait-il justifier ce galvaudage permanent autour du pouvoir, ces scandales à répétition, cette instabilité institutionnelle érigée en règle et qui a fini de faire de l’Administration une coquille vide servant uniquement les intérêts des Ministres qui l’ont transformée de fait en entreprise familiale, subventionnée par l’Etat et servant honteusement de base de recasement de la clientèle politique.
Difficile de saisir, Monsieur le Président, cette pléthore de ministères sans objet et sans mission véritable, ces gouvernements qui finiront par ne plus être composés que de Ministres d’Etat, ces Agences inutiles et budgétivores, ce Sénat sans compétence et sans âme, ces Présidents de Conseil d’Administration qui savent à peine écrire leur nom, ces cadeaux gracieux aux thuriféraires et même à un certain Alex SEGURA, cette diplomatie fébrile de notre pays, ce Président Wade qui s’énerve au lieu d’essayer de convaincre,…ce statut de la Renaissance Africaine, œuvre d’art magistral s’il en est et symbole très fort dont j’ai salué sans réserve l’idée, mais qui ressemble dans le contexte actuel, perché sur le cime de la mamelle, à une charrue attelée avant les boeufs.
La liste n’est pas exhaustive, car tout le monde peut constater aujourd’hui que tous les fondamentaux du développement de notre pays, que l’Alternance se devait de rétablir et de consolider, sont aujourd’hui au rouge, et dire que le peuple Sénégalais souffre, n’est en réalité qu’une lapalissade enfonçant une porte déjà ouverte.
Car il est clair, Monsieur le Président, que la révolution Wadiste n’a duré que le temps d’une pluie diluvienne d’innovations au Sénégal, des innovations certes courageuses et d’un grand intérêt, qui se sont matérialisées par les nouvelles infrastructures, les augmentations de salaires, les recrutements de l’Administration (beaucoup de recrutements douteux), Dakar Dem Dikk, le NEPAD, le plan Sésame, le plan Jaxaay (à la conduite plus que controversée), le Plan REVA, la diversification de l’agriculture, la GOANA, les pluies artificielles, le biocarburant etc., soit autant de réalisations et d’ébauches d’idées et d’innovations technologiques que le Sénégal méritait à coup sur d’expérimenter ;
Mais dans l’essentiel, toutes ces initiatives audacieuses et salutaires, ont péché dans leur conduite, ceux qui étaient sensés conduire ces politiques et plans n’ayant souvent ni la compétence, ni la foi nécessaire pour mettre en œuvre vos concepts.
J’ai à la fois la certitude et la preuve, que trop souvent vos collaborateurs ont trahi votre vision et détourné de leurs objectifs, pas mal de programmes et d’actions que vous avez initié, avec souvent beaucoup de générosité, s’érigeant ainsi en pourfendeurs conscients de votre politique de ces dernières années.
Ces réalisations et initiatives saluées dans leur substance par tous les Sénégalais avertis, n’ont malheureusement aujourd’hui aucune chance de consolidation et de durabilité, face à cette pollution que constitue aujourd’hui, les reculs démocratiques sur fond de tripatouillage effectif ou annoncé de notre loi fondamentale uniquement à des fins électoralistes, la dégradation et la dévaluation de nos institutions, le népotisme galopant et le clientélisme politique, le marasme de notre économie, la corruption et les nombreuses menaces qui pèsent sur la paix civile et sociale.
Vos conseillers et collaborateurs qui vous dirons le contraire, et qui soutiendrons mordicus que tout est au mieux dans le meilleur des mondes, que vous êtes le meilleur Président du monde, que votre fils Karim est le meilleur expert financier d’Afrique et le seul espoir du Sénégal, auront failli à leur mission et au devoir de vous rendre service en vous disant la vérité ;
La vérité Monsieur le Président, est celle-là qui vous recommande de rester dans la sagesse de votre vécu et du patriarcat dans lequel, la tradition Africaine vous a déjà installé et qui vous confère aujourd’hui, affection et respect, malgré les incertitudes motivées par votre conduite mitigée des affaires de ce pays.
Et cette même vérité, vous enjoint à ne pas déroger à cette tradition de hauteur et de grandeur qui a toujours caractérisé le Sénégal et qui sied le mieux à votre personnalité et à votre parcours si considérable, tant sur le plan politique qu’intellectuelle.
Monsieur le Président, le Sénégal n’est ni le Togo, ni le Gabon, ni la RDC et encore moins la Syrie, ou une quelconque monarchie perdue au fond du Golf Persique.
L’exception Sénégalaise, Monsieur le Président, n’est pas un vain mot !
Le Président Senghor n’a-t-il pas quitté le pouvoir en refusant selon ses propres termes de racler le fond d’assiette des honneurs que confère ce dernier ?
Le Président Abdou Diouf ne vous a-t-il pas appelé aux premières heures de votre triomphe du 19 Mars 2000, pour confirmer votre élection à la tête du Sénégal et pour vous féliciter, mettent ainsi le frein à toute velléité de manipulation des résultats par ses partisans qui semble-t-il étaient prêts à tout ?
Monsieur le Président, vous n’avez pas le droit de vous ériger en exception confirmant la règle, une règle qui a force de loi et de jurisprudence sur cette vielle Nation de Ndiadiane Ndiaye, terre d’antique tradition de sagesse et de distinction, dont l’énumération des dignes fils dont vous faites partie sûrement, souffrirait d’un décompte abrégé.
Cette terre de Lat Dior DIOP Dàmeel du Cayor, de Alboury Ndiaye Biram Penda Njeeme, d’Aline Sitoé DIATTA Reine de la verte Casamance, cette terre bénie des sacrifices du petit-fils de Sokhna Asta Waalo, des génuflexions pieuses de Seydi Hadji Malick Sy et de l’appel incessant de Limamou Laye, phare de Diamalaye, cette terre disais-je, n’attends de ses fils que de la magnificence et de la serviabilité.
Ses fils à l’image de Serigne Abdoul Aziz DABAKH et de Serigne Saliou MBAKE, ces montagnes de sagesse qui ont fait pâlir le millénaire naissant, devraient-ils rester les derniers « gardiens du temple » ?
Je garde toujours en mémoire, Monsieur le Président, cette image magnifique de Abdoulaye WADE, nouveau Président du Sénégal, rendant visite à Adja Coumba DEM, mère du Président Abdou DIOUF, juste après sa victoire aux élections.
Je disais ce jour-là, que le Sénégal demeurerait toujours une grande Nation avec des hommes de cœur et « chacun sait ici pourquoi alors nous serons toujours vivants » ! Amadou Lamine SALL dixit !
Ce jour-là, Monsieur le Président, vous aviez rajeuni amplement cette tradition de « Diom », de « Ngor » et de « Kersa » qui a nourri et inspiré cette terre Sénégalaise, et la postérité ne devrait point garder de vous, une image moins splendide que celle-là.
Il vous appartiendra, Monsieur le Président d’en juger, car malgré mon attachement profond à votre personne, j’ai toujours refusé de vous ériger en Grand Timonier et encore moins en Petit Père des Peuples, estimant toujours qu’il faut laisser une marge sentinelle autour de la marche des hommes vulnérables que nous sommes, et dresser de solides garde-fous autour de la sauvegarde et la pérennisation de la démocratie, et des nobles idéaux que nous proclamons.
Il vous appartiendra, Monsieur le Président, de poser en toute sérénité, votre appréciation sur ces critiques qui se veulent uniquement positives, et qui émanent en réalité de quelqu’un qui n’a que de l’estime pour vous, car ayant compris depuis très longtemps qu’au-delà de l’institution que vous représentez, il y a un digne fils du Sénégal et de l’Afrique, dont la fragilisation ou l’échec, sera aussi un grand revers pour nous tous.
Dans un article que j’avais publié dans le site Gorgui.com, à la veille des élections présidentielles de 2007, je disais aux responsables de la Coalition Populaire pour l’Alternative (CPA), que si cela pouvait les rassurer, qu’il n’y avait pas d’alternative à l’alternance, mais par contre l’alternance de l’alternance aurait bel et bien lieu, car le Président WADE est un démocrate convaincu et qu’il n’avait pas besoin de prendre d’avantage de hauteur pour respecter et faire respecter le jeu démocratique.
Mais je disais surtout qu’à la fin de votre second mandat que le peuple Sénégalais devrait vous accorder logiquement dans sa grande majorité, que vous ne pouviez envisager autre chose que de laisser le champ politique à celui que le peuple jugerait digne de présider à sa destinée, étant entendu que votre successeur à venir, qu’il soit du PDS, d’une autre formation politique ou même sans parti, n’aurait d’autres « alternatives » que de suivre les jalons posés par vous, et de s’arrimer à cette vision inamovible d’un Sénégal qui travaille et qui gagne, d’un Sénégal développé et épanoui, parce que ancré au sein d’une Afrique unie et forte.
Et je bouclais cet article en déclinant une certitude, à savoir que le prochain Président du Sénégal ainsi que tous les autres qui suivront, peu importe leur coloration ou appartenance politique, verront leur action mesurée à l’aune de la « révolution Wadiste».
Si je ne me suis pas trompé sur ma première prédiction à savoir votre plébiscite en 2007, j’ai été par contre pris de cours par votre déclaration de candidature pour 2012.
Si cette candidature émane de vous, Monsieur le Président, je dirais tout de suite que c’est votre droit le plus absolu si constitutionnellement elle est recevable, mais ce serait une candidature avec un risque certain de désaveu de la majorité du peuple Sénégalais, ce que vous ne méritez pas du reste.
En seconde lecture, je pense tout simplement que cette candidature n’est pas la votre, mais plutôt celle des lobbies qui ont intérêt à ce que vous continuez à présider le Sénégal pour leur seul bénéfice.
C’est pourquoi je vous demande solennellement, Monsieur le Président, de retirer cette candidature de trop, et de laisser libre cours à la compétition démocratique, une compétition dans laquelle votre fils Karim WADE qui est avant tout un fils du Sénégal, sera le bien venu s’il veut enfin se détacher de l’aile protectrice du père et de l’obscurantisme de la GC, et prouver aux Sénégalaises et Sénégalais qu’il a certainement d’autres mérites que d’être uniquement le fils du Président.
Quant à l’avenir du PDS, l’incertitude reste la chose la mieux partagée, car comme le disent vos partisans, vous en êtes la constante, et ils ont raison de le dire car le PDS c’est effectivement Abdoulaye WADE, l’hirondelle qui s’est chargée de faire toute seule le printemps du PDS, se payant même le luxe de l’éclatement de la famille libérale, et encouragent la transhumance politique au détriment des militants de la première heure.
C’est peut être ça aussi le style Wade, et je me garde en dernière analyse de vous juger Monsieur le Président, car comme disais Jaques Chancel que je me plais toujours à citer : « Les hommes et femmes de qualité ne jugent jamais. Tout mépris étant pur alibi de la médiocrité de celui qui l'exprime.»
Mais le temps du sevrage a bien sonné pour tous ceux qui sont restés si confortablement et parfois si sournoisement accrochés à vos manches, et le retour de flamme risque de consumer les espoirs du PDS de rester encore 50 ans au pouvoir…
A moins que la constante Abdoulaye WADE ne choisisse de se diluer dans les eaux limpides de l’éthique démocratique, de la défense de l’idéal républicain et surtout du courage politique dont apparemment les Africains en particulier, ont encore besoin pour comprendre que dorénavant, le pouvoir ne pourra plus être confisqué indéfiniment au détriment des intérêts et de la volonté populaire.
Votre responsabilité Monsieur le Président, est d’accepter cette évidence et d’en tirer toutes les conséquences, car il y va de la défense des intérêts supérieurs de la Nation Sénégalaise dont vous êtes présentement le premier répondant.
Je ne désespère pas de vous voir émerger sitôt de ces eaux troubles de la realpolitik et des manœuvres politiciennes, car ce que vous méritez beaucoup plus à présent, c’est le repos du guerrier !
Très Haute Considération.
Sidy Ady DIENG
Militant de l’APR
Poète-Ecrivain, Lauréat 2004 du BSDA
(Prix Birago DIOP du meilleur Manuscrit de Poésie)
Chef de la Division Régionale
De l’Hydraulique de Dakar
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