« Pierre qui roule n’amasse pas mousse ». Le dicton n’avait sûrement pas prévu celle d’Atepa qui non seulement amasse beaucoup de mousse dans sa course à la notoriété mais réussit à mousser les grands de ce monde ; c’est-à dire architecturer leur ambition, parfois sublimer leur folie pour leur édifier une immortalité. Comme le firent Jules Hardouin Mansart pour le Roi Soleil et, plus près de nous, Abou Ishaq es Sahéli architecte commissionné par l’Empereur Kankan Moussa pour la Mosquée de Tombouctou.
Goudiaby Pierre roule pour Président Wade et le dit sans embarras. Ses affaires ne s’en portent pas plus mal … Contrairement à un autre Pierre – je veux dire, l’Aïm-, terriblement englué dans fange à force de rouler dans les marigots boueux, si l’en croit la rumeur.
Je comprends aisément qu’un obscur et insignifiant personnage ait besoin d’homme ou de femme providence pour exister mais pas un maître architecte au sommet de son art ; quelqu’un qui dispose des moyens d’envisager son propre destin sans plaire ni complaire à qui que ce soit fusse-t-il chef d’état ou de gouvernement.
Chacun a le droit d’accompagner le président de la République mais nul n’est obligé d’aller à l’encontre de ses convictions, comme le cancre de Prévert qui dit « oui avec la tête et non avec le cœur ». A moins d’être maladivement ambitieux ou cupide.
Il est vrai que l’Afrique, après la vague des pères de la Nation, inaugure l’ère des présidents bâtisseurs. Notre pays a le sien et il a besoin de contremaîtres, d’entrepreneurs et de tâcherons. Je me suis senti fouetté d’entendre Pierre Goudiaby affirmer, sans se pincer, qu’ « au point de vue infrastructures culturelles, nous n’avons pas grand-chose, à part Gorée et quelques autres lieux ». Connaissant cette tendance de notre presse à dénaturer les propos des personnalités en vue, j’étais prêt à dénoncer l’imposture du journaliste. La suite de l’interview prouva le contraire. Le propos venait bel et bien de Goudiaby Atepa, ci devant architecte conseil du Président de la République. Prenant le bâtisseur au mot, j’ai ouvert mes dictionnaires pour être édifié sur le sens exact du mot infrastructure. Pèle mêle, mes trouvailles furent : « ensemble de travaux relatifs aux fondations ou parties d’un ouvrage, installations territoriales etc. Même que les Marxistes avaient leur définition : « ensemble des moyens de production qui sont à la base des fondations sociales ».Gorée, infrastructure culturelle ? A moins de rajeunir les manuels d’histoire, je doute que la vieille Ile rentre dans la définition de l’expression.
Continuons la lecture de l’interview…
Mes doutes se muent carrément en réprobation lorsque le journaliste demande si vous vous trouvez « normal que le Président s’octroie les 35% des ressources générées par le monument et confie cela à une fondation dont son fils serait le Président du Conseil d’Administration ». Monsieur Pierre, roulez autant que vous voudrez mais de grâce ne prétendez pas « qu’il y a amalgame dans les propos du chef de l’Etat. Parce que tout le monde a compris. Vous reconnaissez, vous-même avoir « toujours été émerveillé par la capacité de réflexion des sénégalais ». N’essayez donc pas de couler vos compatriotes dans le béton de votre édifice verbal.
Amadou Gueye Ngom
Florida - USA
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