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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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Quand le mouton rigole...

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Quand le mouton rigole...

Les effluves des senteurs de l’Aïd El Kabîr se dissipent, peu à peu. Car il s’agissait d’une fête qui chaque fois qu’elle survient, emplit tout notre vécu et embaume même l’atmosphère.

Maintenant que la Tabaski est derrière nous, maintenant que les passions gargantuesques se sont estompées, maintenant que la sérénité est revenue dans nos foyers, nous pouvons nous dire, les yeux dans les yeux, quelques vérités. Elles dérangeront ? Peut-être. Elles seront fondées sur la Vérité Immuable d’Allah ? Certainement.

Alors, qu’importe. L’essentiel est qu’il puisse exister au moins un Sénégalais, un être humain, qui soit pénétré de cette vérité, basée sur le Coran et la Sunna. Pour adoucir « l’impact » de ces vérités crues provenant du Seigneur sur le mental conformiste sénégalais, usons donc du canal très pédagogique de l’humour pour rendre perceptible le message.

A cet effet, imaginons nous dans un univers où nous avons la capacité de communiquer avec le règne animal. Par exemple, si nous avions la capacité de comprendre le langage des animaux, nous en entendrions des vertes et des pas mûres de la part des ovins, vedettes d’un jour pas comme les autres ! Dieu est Grand ! Mais nous allons essayer tout de même, de comprendre les signaux, par les moutons envoyés, avant et le jour de la Tabaski, à la société des hommes.

Mais avant d’en arriver là, chantons la gloire du Tout Puissant qui nous a fait attendre ce jour, le vivre pleinement et nous fera l’oublier immanquablement. C’était comme la locomotive d’un train, aperçue au loin, il arrive brusquement devant vous et s’éloigne encore aussitôt, pour devenir un point à l’horizon, avant de disparaître. Gloire à Dieu !

Bizarre, c’est la situation qui prévalait dans nos rues (circulations bouchées, désordre et indiscipline) qui s’est transposée dans les ventres ! Certaines « circulations » sont tout simplement « bloquées », d’autres sont par contre d’une excessive « fluidité », deux extrêmes qui expriment la même pathologie : le trop plein ! L’excès dans le « remplissage » gastrique et drastique du tube digestif. Bonjour indigestion voulue, recherchée, planifiée et obtenue !

HUMOUR ET HUMEUR

Souffrance alors dans les organes internes et dans les poches trouées par les dépenses excessives. Grise mine et gueule de bois des pères de famille qui reprennent difficilement le travail. Le seul heureux dans l’histoire, est assurément... le mouton. Eh oui, je suis sûr qu’ils se sont payé encore une fois une bonne tranche de rigolade. Heureusement, qu’eux, ont le sens de l’humour, en permanence, contrairement au Sénégalais dont l’humour dépend de l’humeur...sonnante et trébuchante. Au gré de la « lourdeur » de la poche et du ventre. D’ailleurs, les Sénégalais ont parfois un humour macabre et même massacrant comme, par exemple, le fait de nommer « Fête du mouton », la Tabaski, ou Aïd El Kabîr, alors qu’au sens vulgaire du terme, ils se ruent ce jour sur le mouton pour « lui faire sa fête » !

Et beaucoup ne retiennent de l’évènement que l’aspect festif, « meurtrier » et surtout gargantuesque !

C’est vrai que les déviances, les dérapages les falsifications et les interprétations tendancieuses sont innombrables au sujet de la fête de la « Tabaski ». Prenons au hasard quelques « spécificités » Sénégalaises. Commençons par le principal concerné, l’invité du jour, Sa Majesté, le roi Mouton. Il doit bien sourire intérieurement, le mouton, avant de passer l’arme à gauche, en voyant sa côte boursière en croissance exponentielle à l’approche de la fête. Et ces époux qui s’endettent à en perdre le sommeil pour un geste qui n’est pas obligatoire, mais juste un acte méritoire, une tradition prophétique, que l’on peut célébrer du 1er au 3eme jour. Mais pour le Sénégalais, la Tabaski c’est un jour J unique et définitif. C’est certainement ce qui explique la ruée des Sénégalais dans les « darals » quelque soient leurs moyens et leurs difficultés.

Le moindre mal de cette bousculade inexpliquée c’est que beaucoup achètent leurs moutons sans vérifier qu’ils remplissent dûment les conditions. Nombreux, en fait, sont ceux qui s’enquièrent de l’âge et de l’aptitude physique totale du mouton (fokh) qu’après avoir tâté les jarrets et les gigots, sans oublier les « falérés ». La Tabaski est l’une des deux grandes fêtes musulmanes les plus solennelles. La Tabaski est aussi l’une des fêtes qui révèlent nos travers les plus cocasses. Tenez, dans quelles rubriques religieuses les Sénégalais rangent-ils ces traditions saugrenues qui « amputent » le mouton de tel sorte que le père de famille n’offre à Dieu qu’une moitié ou un tiers du sacrifice d’Ibrahim ? Les « tankou ndieuké », « tialguénou nday », « tankou gooro » et autres « Waréef » outrageusement dénommés ainsi (Waréef signifie obligation) ne deviennent-ils pas non pas des péchés mignons mais des « péchés majeurs » au regard des conditionnalités précises édictées pour la validité de la commémoration du sacrifice d’Ibrahim ?

Je passe bien entendu sur le « m’as-tu-vu » maladif des pères de familles qui s’échinent dans un concours qui ne dit pas son nom : « le bélier le plus dodu et le plus beau ». Et les voilà qui les exposent devant leurs demeures, fiers d’exhiber, un amas de chair, de poils et de cornes dont Dieu n’a cure. Mais que ne ferait pas le Sénégalais pour le paraître, le factice, le superficiel, l’œil de l’autre ? Et les voilà qui filment, photographient gravent sur Cd les images impressionnantes du bélier « condamné à mort » et qui, malgré tout, rit sous cape, se gaussant de l’inintelligence de cette créature bipède, imbue de passions primaires et qu’il prenait pour un être supérieur, sans instinct, doté du sens de discernement et de la mesure.

Le mouton rigole aussi en voyant tous ces pères de familles, goorgorlou invétérés, s’endetter pour « faire la Tabaski » alors que leur acte, réalisé dans ces conditions, est totalement nul du point de vue Islamique. Il rigole aussi, en voyant ce père de famille trimer dur pour rassembler le prix du mouton et venir tendre fièrement la corde du bélier à son épouse en disant : « Sa khara ngook ! » (voici ton mouton !). Ignorant que, de facto, il lui reste, lui, à chercher un autre mouton à sacrifier, car celui là, comme en atteste l’Omnipotent, appartient désormais à l’épouse et à l’épouse seule ! Je conseille au mari qui veut faire plaisir à son épouse ( c’est loin d’être un défaut) de faire comme moi. A défaut de se taire, dites simplement « khar maa ngook » (voici le mouton).

Le mouton rigole aussi, quand, le jour de la Tabaski des jeunes s’activent autour de lui pour lui faire prendre « obligatoirement » un bain avant de le sacrifier. Plus entreprenants, d’autres poussent la « foi » jusqu’à lui faire des ablutions.

Saviez-vous aussi que dans certaines maisons, le père de famille qui délègue son « pouvoir d’égorger » le mouton, attrape le boubou de l’égorgeur pour « valider » son sacrifice ; et à sa suite, sa femme et toute la maisonnée s’attrapent à la queue- leu- leu jusqu’au plus petit !

L’ignorance mène à tout, le paganisme aussi. Tenez, dans ce méli-mélo de pratiques contraires à l’enseignement Islamique, il y en a une, très révélatrice des résurgences animistes : le fait, pour certains, de tremper un doigt dans le sang du mouton et se l’appliquer sur le front.

Même « outre-tombe », les moutons rigolent, en écoutant, par exemple, certains sermons, émissions radiodiffusées ou télévisées, le jour même de la Tabaski, développer longuement sur les « conditions à remplir » pour la validité du sacrifice ! Le mouton boiteux, borgne ou atteint d’une autre maladie, déjà acheté, après d’âpres négociations, copieusement gavé et soigneusement surveillé jusqu’à ce jour J, a décidément, quels que soient ces défauts, peu de chance d’être remplacé !

Partisan du moindre effort et d’une lecture particulière du message de Dieu, le Sénégalais de la société du paraître se complait dangereusement et naïvement dans la violation inconsciente et souvent consciente des interdits divins. Enfin, le mouton a rigolé parce que le marché a été inondé... de moutons : Le double de la population ovine de l’année dernière. Et l’on voyait se pavaner,les invendus, rescapés du carnage du 11... janvier affichant de sourires narquois. Le mouton a rigolé jusqu’à la Mecque ! Eh oui, les ovins en Arabie Saoudite avant de se faire « exécuter » sur commande par nos pèlerins, s’esclaffent certainement en voyant certains pèlerins sénégalais s’exténuer dans la réalisation difficile de ce pilier de l’Islam, complètement purifié de leurs turpitudes entièrement régénérés de Miséricorde par la Grâce d’Allah se préparer a rentrer au bercail pour, dès les premiers jours, collecter de nouveau des tonnes de péchés ! Comment est-il possible de s’auto-flageller de la sorte ? Ces Sénégalais qui se lavent proprement pour se salir aussitôt sont les victimes des déviances graves notées dans les « teer tou » (cérémonies marquant le retour du pèlerin).

Ces manifestations sont louables en soit. Car la Mecque est le plus grand voyage pour le musulman. La « rencontre » tant attendue avec le Seigneur. La visite bénie auprès du Prophète Aimé Seydou Muhammad (psl). Le retour des lieux Saints de l’Islam est donc un évènement grandiose que l’on peut fêter, mais dans la dignité, la sobriété et la ferveur, comme le faisaient nos illustres parents ! La communauté qui venait féliciter le nouveau hadj, la nouvelle hadja, venait surtout pour recueillir les prières de « l’hôte d’Allah », couvert 40 jours après son retour d’une aura de bénédictions et de grâces. C’était aussi l’occasion pour le pèlerin d’offrir des cadeaux-souvenirs à ceux qui n’ont pu effectuer ce rite important. Aux enfants surtout les cadeaux, des babioles représentant la Sainte Kabba par exemple visait à cultiver chez l’enfant l’amour de Dieu, du Prophète (psl), de la civilisation Islamique.

Hélas, ces cérémonies du retour dites « teer tou » ont été détournées de leurs objectifs. Sources de stress pour le pèlerin, son entourage et toute la communauté. C’est l’occasion des résurgences paganistes faites de gaspillages, de traditions contraignantes désuètes, et l’apparition de nouvelles « traditions » inventées pour légitimer dans la société une nouvelle forme de loterie.

 

L’ESPRIT DU SACRIFICE

 

Revenons à... notre mouton.

Pourtant l’Aïd Al Kabîr ne célèbre, en réalité, que l’esprit de sacrifice, le don de soi, la soumission totale à Dieu. La ferme décision du Prophète Ibrahim, l’Ami d’Allah, d’égorger son fils Ismail, pour respecter l’Ordre du Seigneur, est un appel pressant à l’obéissance à Dieu, une injonction au respect strict des prescriptions divines. L’acte d’Ismail, acceptant sans rechigner, sans hésiter, avec foi et détermination, la décision de son père de l’égorger vif, pour la gloire du Seigneur, encourageant même son père à exécuter l’ordre d’Allah, est le symbole de l’obéissance envers les parents et la personnification de la persévérance, de l’abnégation, de l’acceptation pleine et entière de la Décision de Dieu, de l’Epreuve en somme.

La Sainte épouse d’Ibrahim, Hajjiara, mère de Ismail, est un autre symbole : celui de la résistance à la tentation du diable. Satan n’a-t-il pas essayé de l’influencer négativement pour qu’elle s’oppose à son mari ? Satan n’a-t-il pas, auparavant, vainement tenté de dissuader Ismail et même le prophète Ibrahim ?

Pourquoi ne parle t-on pas de la symbolique du sang dans le sacrifice d’Ibrahim ? C’est le sang du martyr. Le sang que chacun d’entre nous doit être prêt à verser pour la Cause d’Allah !

Tout dans la symbolique de la Tabaski est source d’inspiration, de façonnement et de perfectionnement pour le musulman qui cherche l’ascension spirituelle,le rapprochement avec le Créateur. Pourtant, ce mouton qui rit de nos frasques,nos fourberies, nos forfanteries et autres turpitudes, peut être pour le croyant une chance inouïe,le Jour du Jugement Dernier, jour de la Seule Vérité.

Il est aussi temps d’en finir avec la supercherie ( super tricherie !) de ceux qui remplissent les mosquées (et les encombrent) le jour de la Tabaski ou de la Korité et qui les désertent les autres jours ! Des gens en conflit perpétuel avec les prières canoniques et qui se donnent un malin plaisir à respecter les prières surérogatoires bi-annuelles, pour exhiber, à l’occasion, un superbe boubou bien amidonné !

Quand est ce que les Sénégalais comprendront-ils que la Tabaski est fortement recommandée à tous ceux qui en ont les moyens, quel que soit leur statut matrimonial ! Mais où sont ils allés chercher l’idée que seul le marié doit sacrifier un mouton ?

En fait, sans nous en rendre compte, nous en sommes encore à l’heure Ceddo du « Tabaski neekh dagan, amci sa yapp, amci sa biir » (la Tabaski c’est bon et c’est licite. Tu y gagnes à la fois la viande et la ripaille). Ce « taassou » ( poème chanté) est encore profondément ancré dans les faits et gestes.

Le peuple Sénégalais est l’un des peuples les plus intelligents du globe terrestre, mais aussi l’un des plus paresseux.

Tôt ou tard, si nous voulons « émerger » il faudra régler la question de l’inflation de fêtes au Sénégal. On ne construit pas un pays sous l’arbre à palabre. Le développement est un défi qui interpelle chaque citoyen quel que soit son rang, son origine, sa position sociale. Le « tapalé » (la triche), le « deubeul-deubeul » (la débrouillardise), le « taf-yengeul » ( le colmatage), le « lakharti » et le « dribblé » (la magouille) n’ont jamais hissé un pays au rang des nations émergentes. L’Espagne, le Maroc, la Chine, le Japon n’ont pas fait de la magie. Leurs peuples ont tout simplement travaillé dur pour en arriver là. Point d’autres secrets !

Il faut travailler, sans se mentir à soi-même ! Quel excellent complément pour le slogan du Président !

Se mentir, c’est se suicider à petit feu. C’est perdre son âme, dans les marécages boueux de la dépersonnalisation, la prévarication, la transgression des interdits de Dieu. Se mentir à soi-même, c’est prendre ses excès pour la normalité. C’est répandre le désordre sur terre en nuisant à sa propre vie, en croyant se faire du bien. Celui qui nous a crée et qui nous connait mieux que nous-mêmes le dit clairement :

« Dis :ô mes serviteurs, vous avez commis des excès à votre propre détriment. Ne désespérez de la miséricorde Divine. Oui, Il est Celui qui pardonne et Il est Miséricordieux ». (Sourate 30 verset 53).

Certes, le jour du sacrifice d’Ibrahim est déjà loin, mais l’esprit qu’il veut nous inculquer est là, plus présent que jamais. Percevons-le à l’échelle de nos problèmes actuels. Qu’ils soient sociaux, économiques ou politiques.

A l’heure où des tensions latentes accumulent des nuages au dessus de nos têtes, malgré l’embellie économique, au moment où des rancoeurs, la haine et la discorde sédimentent des cœurs au risque de rendre vaines des prières et incantations, au moment où l’injustice, le préjudice, l’offense frappent à l’aveuglette et souvent insidieusement, dans un pays qui a tous les atouts en main pour connaître le bonheur du développement réel, l’esprit de sacrifice peut devenir un viatique, une idéologie voire !

Parce que cet esprit de sacrifice fera placer le Sénégal au dessus des intérêts personnels. Le sort du peuple avant tout ! C’est cet esprit de sacrifice qui donnera un sens, une mystique au travail, une éthique à l’activité économique et permettra à la Politique de recouvrer, enfin, ses lettres de noblesse.

C’est, à mon humble avis, la Seule Voie de Salut. Si nous réussissons dans cette tâche grandiose, au moins, les moutons ne rigoleront plus.



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